nom › Akerman prénoms › Prénommé Cole par ses géniteurs, il fut prénommé Andreas par la suite. âge › 19 ans date et lieu de naissance › New York, 1995 nationalité › américaine origine › américaine métier, études › il est employé à la blanchisserie de l'asile, un petit job offert par son frère qui travail pour le self de l'asile orientation sexuelle › inconnue, il ne s'est même jamais fait de bien. Il n'est cependant pas asexué. statut › perturbé groupe › Don't Care
Comment s'est passé votre dernier scan ? Aviez-vous peur de vous faire tester positif ? Si oui, est-ce qu'il y avait une raison ? › J’ai subi mon premier et seul scanner à l’âge de 18 ans, avant cela je n’existais pas, je n’existais plus. On ne m’a pas cherché comme on recherche ceux qui, à l’âge de 15 ans refusent leur premier scan. Il n’y a pas eu de traque pour moi. On ne s’est pas inquiété. On avait cessé de me chercher depuis bien longtemps. On avait cessé de s’inquiéter depuis longtemps. J’étais mort depuis des années, selon eux. J’ai découvert même jusqu’à l’existence du scanner à mon 18ème anniversaire. Peut-être un peu avant, lorsqu’on m’a déclaré vivant de nouveau, lorsqu’on m’a miraculeusement retrouvé. Pourtant moi c’est maintenant que je me sens mort. Mais c’est un secret. C’est sans vraiment savoir de quoi il s’agissait qu’on m’a présenté pour la première fois devant cette machine. Je savais simplement que c’était une obligation de société, de citoyen. Et je venais d’en devenir un. Après 13 ans de blackout, j’avais de nouveau des droits et des devoirs. Parmi ceux là, celui d’être équilibré et non dangereux. Celui de l’être, déclaré par une machine qui prendrait tout à la fois mon empreinte digitale et rétinienne. Et bien que je ne connaisse pas grand chose à la vie, l’idée qu’une machine puisse détecter un potentiel comportement dangereux, passé ou futur, me semblait une bien drôle d’idée. Il ne se passa strictement rien. Mon inquiétude venait plus du fait d’être confronté une nouvelle fois à l’inconnu d’une société à laquelle je n’appartenais pas que par l’idée d’être de nouveau enfermé. La captivité était au moins un registre que je maitrisais à merveille. On me l’avait enseigné dès mon plus jeune âge. J’y avais même mes aises. La liberté était bien plus effrayante et dangereuse, elle. Cette société dans laquelle on m’avait jeté, cette liberté qu’on m’avait éclaté au visage. C’était cela le plus terrifiant.
Que pensez-vous du gouvernement actuel ? et concernant le projet RFAD, êtes-vous pour ou contre ? › Je ne comprends pas encore bien de quoi il s’agit. Je n’ai aucun souvenir d’un avant. Je n’ai qu’un souvenir du dedans. Je découvre avec peu d’émotion ce qui semble soulever les passions des uns et rendre le sommeil aux autres. Certains disent que la vie avant tout cela n’était qu’insécurité et angoisse, que la radicalisation des mesures de sécurité n’est qu’un mal nécessaire, tout comme l’existence de cet asile. Ceux là sont ceux qui dorment mieux depuis l’avènement du nouveau gouverneur. D’autres prétendent qu’il s’agit là d’une amputation de la liberté individuelle. Tout est une question de point de vue apparemment. Et je n’en ai aucun. Je n’ai que peu de difficulté à respecter un couvre feu qui m’offre un prétexte parfait pour m’enfermer de nouveau dans ma solitude, loin d’une civilisation dans laquelle je peine à trouver mes repères. La probabilité qu’on m’enferme un jour dans cet asile ne m’émeut pas le moins du monde. Peu de choses le font. Qu’y a t-il de si terrible dans l’enfermement ? Tout ce que je sais, c’est que papa avait raison. La vie en dedans était bien plus facile que celle qu’on m’a imposée en me libérant. Et quand je constate l’état de cette société, qui prétend s’être apaisée, je me demande ce qu’était la société d’avant. Celle dont me défendait papa. Il avait raison. Et maintenant qu’il n’est plus. Moi je suis perdu.
Il me regarde comme si j’étais une bête de foire, un animal en cage. Je ne me suis jamais senti aussi observé, je suis captif de son regard. Ce type là. Je ne l’aime pas. Il me regarde. Pourquoi il me regarde comme ça ? Je n’aime pas comme on me regarde depuis quelques jours. Je n’aime pas qu’on me regarde. Il me fait peur. Ils me font tous peur. Et j’en crève de leurs questions. Elles me bouffent peu à peu, déchire mon âme et mes certitudes. Cela ne cessera-t-il jamais ? Le scanner à côté de ça c’était une partie de rigolade, un simple silence entendu. Une machine ça ne cause pas. Ils m’interrogent eux, ils attendent des réponses, des mots, et je me souviens peu à peu. De ces choses que je pensais avoir oubliées, perdues à jamais, de choses dont je préfèrerais ne pas me souvenir. Pourquoi faut-il que je me souvienne ? Pour qu’ils sachent ? Pour la vérité ? Le scanner ne m’a-t-il pas déjà analysé ? N’a-t-il pas affirmé que j’étais non-dangereux ? Pourquoi faut-il qu’ils insistent de la sorte, sans répit ? Pourquoi faut-il que je m’explique d’un destin que, depuis le début, je n’ai fait que subir ? Je m’appelle Andreas, j’ai 19 ans et j’ai été enlevé. Fin de l’histoire.
« Se faire le spectateur de sa propre vie c'est échapper à toutes les souffrances de la vie. »
Oscar Wilde
« Cole peut-on discuter un peu, toi et moi ? Comment te sens-tu ? » Il est assis en face de moi depuis cinq bonnes minutes et je n’ai eu pour lui qu’un bonjour de politesse. On m’a fait m’asseoir à ce bureau quelques minutes plus tôt. Avant cela, j’ai fait un court séjour à l’hôpital, le temps de constater que j’étais en bonne santé et que je n’avais subi aucun sévices mettant en danger ma survie dans les prochaines vingt-quatre heures. Et on m’a amené ici, dans ce foyer pour jeunes, pour orphelins. Il paraît que je ne le suis pas. Orphelin. Il paraît que j’ai des parents, enfin… Des géniteurs, et même un grand frère. Il parait qu'il est en prison. Finalement il a moins bien tourné que moi. C'est ironique quand j'y pense. Il paraît que ce type qui m’a élevé lui, n’était pas mon père. Et que je n’ai pas le droit de l’appeler papa. Il m'a bien élevé pourtant. Je ne sors pas de prison moi. Hier, c’était ma première nuit au foyer. Un enfer de solitude. Un firmament de solitude. Et aujourd’hui, un type qui m’appelle Cole, a tenu à me rencontrer. Un psychologue, c’est ainsi qu’il s’est présenté. Ils n’ont pas perdu de temps. Ils prétendent vouloir y aller doucement, me ménager. N’auraient-ils donc pas pu attendre un bon mois avant de venir me sucer l’âme, m’assécher le coeur ? Tout ce qu’ils veulent c’est la vérité. « Je m’appelle Andreas, je ne sais pas qui est ce Cole dont vous parlez... » Mes premiers mots. Ils ont l’air de rien. Ils en disent pourtant beaucoup. Cole c’est le prénom que m’ont donné mes géniteurs à ma naissance. Celui que j’ai porté jusqu’à mes 5 ans. Et je l’avais oublié. Tout comme j’ai oublié leur visage et leurs noms. Le sang est bien tout ce qu’il me reste d’eux. J’ai ensuite été prénommé Andreas, par mon père, celui qu’on appelle dans les médias, mon ravisseur. Je suis cet Andreas. Depuis 13 ans c’est ainsi que l’on nomme celui que je deviens. « Andreas oui. Excuse-moi. Comment te sens-tu ? » On ne s’excuse pas quand on est bien élevé, on demande des excuses. Mais c’est un détail. Il ne lâchera rien. Il se moque bien de savoir comment il doit m’appeler. Tout ce qu’il veut savoir c’est comment je vais, ce que je pense et ce que j’ai vécu. Il veut savoir comment j’ai été enlevé puis élevé. Il veut savoir ce que m’inspire le type avec qui j’ai grandi et s’il me manque ou si je suis soulagé d’en être éloigné, libéré. Il veut savoir ce que ce retour à la réalité commune me procure et si je comprends ce qui m’arrive. La vérité c’est que je ne comprends rien et que j’ai l’impression que tout ce que je dirais pourra être retenu contre moi. La vérité c’est que je n’ai pas envie de lui parler, et que mon père me manque. La vérité c’est que c’était mon seul repère et que j’ai envie de chialer depuis que je l’ai vu tomber. La vérité c’est que je n’ai aucune envie d’être là et de répondre à leurs questions. Je n’ai même pas envie de cette réinsertion dont il parle. La vérité c’est que j’en ai rien à foutre de tout ça et que je voudrais juste qu’on me foute la paix. Et ce n’est pas près d’arriver. « Je me sens bien. Un peu triste. Mais ca va. » Je sens immédiatement que je n’aurais pas dû dire cela, si j’en crois la lueur dans les yeux de mon interlocuteur et le frétillement que subit sa main tenant le stylo. C’est un beau stylo, papa l’aurait aimé. Je suis agité, ma jambe remue et je l’arrête quand je m’en aperçois. Mais ça ne l’empêche pas de reprendre son mouvement incessant et stressé dès que je n’y porte plus attention. J’étais accoudé sur le bureau quelques secondes plus tôt. Mais plus maintenant. Je me suis enfoncé dans mon siège et j’ai croisé les bras. Ca serre ma poitrine, ca retient mon cœur. J’ai l’impression qu’il va exploser quand je pense à mon père. Faudrait pas que ça explose maintenant. C’est propre ici et ça ferait désordre que j’éclabousse les murs avec ma peine. « Triste ? Pourquoi ? » C’était donc ça la lueur. Je me demande s’il est sérieux et ce qu’il sait déjà. On a dû lui en dire des choses à mon propos. Un paquet de choses. S’il ne connaît rien du début de mon histoire, je suis sûr qu’il en connaît au moins la fin. Et que si pour lui c’est un happy ending, on a retrouvé le gamin que tout le monde croyait mort, disparu depuis 13 ans, pour moi, c’est plutôt tragique. J’étais bien à la maison. J’étais bien avec papa. On était bien tous les deux. Il me protégeait de ce dehors effrayant. Je n’étais jamais sorti de la maison jusqu’à aujourd’hui et j’avais oublié mes 5 premières années dans ce monde. Il n’a eu à m’empêcher de sortir que les premiers temps. Je me souviens des premières nuits. De mon réveil sur son lit, de ses pas effrayant dans le couloir jusque derrière la porte. De son parfum et de son souffle dans mon cou lorsqu’il essayait de me rassurer. Je me souviens de mes nuits sans sommeil et de la peur qu’il m’inspirait. Je me souviens de ses interdictions. Et puis un jour, je n’ai plus eu envie de sortir. Pour lui faire plaisir. Pour pas qu’il se mette en colère. Pour qu’il n’ait plus à m’attacher au radiateur lorsqu’il quittait la maison pour aller travailler. Les liens marquaient si bien mes poignets d’enfants... C’est comme s’il ne les avait jamais enlevés totalement. La douleur meurt, les marques demeurent. Puis ce fut la peur qui m’empêchât de sortir. La peur de l’extérieur, de l’inconnu, la peur qu’il m’en veuille, qu’il croit qu’il ne suffisait plus à mon bonheur, qu’il me fallait un autre, les autres. Il voulait être le seul. Je l’avais vite compris. Il me frappait quand j’émettais l’envie de connaître quelqu’un ou quelque chose d’autre que lui. Je l’ai déçu quelques fois, au début. Puis plus du tout. J’étais son petit garçon, son enfant prodige, il n’avait plus à me frapper. Il était tout pour moi comme moi tout pour lui. « Je ne comprends pas le quart de ce qui se passe ici. Rien ne m’est familier. Et il me manque. » Ma gorge se serre à ces derniers mots et ma voix se brise malgré moi. Je suis peut-être naïf mais je me dis que si je coopère vite, ça passera. On ne me posera plus de question quand on saura. Les gens se désintéresseront de moi et passeront à un autre phénomène de foire. Pourvu qu’un autre miracle de la sorte ait lieu pour détourner l’attention de moi. « Ton ravisseur ? » Aie. Mon cœur aurait sans doute repeint les murs si je ne l’avais pas si bien enserré entre mes bras croisés. Comment ose-t-il ? Je ne dois pas pleurer, pourtant j’ai le cœur au bord des yeux. Pourvu que ça ne déborde pas. Ce sont mes ravisseurs. Ce sont ceux qui sont rentrés en fracas dans la maison, défonçant tout sur leur passage, jusqu’à mon équilibre parfait. Ce sont ceux qui l’ont tenu en joue pendant qu’il me tenait lui, tout contre sa poitrine. Elle tambourinait dans mon dos, son cœur battait si fort. Le tapage alentour n’avait su couvrir ses murmures. « Je suis désolé Andreas, vraiment désolé, je ne peux plus te protéger, je t’aime. Je t’aime putain, ne l’oublie pas. Ils vont t’emmener, ce sont eux les méchants. Je t’aime… » Ses bras rassurant n’avaient jamais été aussi serrés autour de mon corps. Il me faisait presque mal à me serrer ainsi. Si fort. Puis plus rien. L’étreinte ne fut plus et il fut projeté en arrière. Une déflagration et le corps derrière le mien, avait giclé. Et j’étais si nu de lui, si vide. Le souffle coupé, le corps secoué de soubresauts, je m’étais retourné. Il était là étendu, du sang partout, bougeant à peine et m’observant toujours. Un léger sourire. Ce fut tout ce qu’il me fut donné à voir avant que deux bras puissants ne s’emparent de mon corps et m’éloigne. Et j’hurlais. Je voulais rester près de lui, je voulais lui tenir la main et lui dire que je l’aimais moi aussi, qu’il allait s’en sortir, que tout se passerait bien. Au lieu de ça on m’avait jeté dehors. Ce dehors effrayant qui m’étais interdit, déconseillé. Et j’ai chialé face à ces fous qui me disaient que tout irait mieux maintenant, qu’il était mort. « Il est mort. C’est ce qu’on m’a dit. J’ai grandi avec lui, il me manque. » C’est pas un sentiment agréable le manque. C’est ce que disait papa aussi. Il avait raison là dessus aussi. Quand il m’empêchait de fumer tous les soirs alors que lui ne pouvait plus s’en empêcher. C’était devenu un besoin pour lui. Et il ne voulait pas que c’en devienne un pour moi. Alors je n’y avais le droit qu’une fois de temps en temps. Quand il était décidé. J’aimais bien fumer avec lui. C’était un moment de calme. Un de plus. On partageait le même joint et la même fumée envoutante emplissait nos âmes. Un moment de partage. Je n’ai pas fumé depuis qu’il est mort. Ca ne me manque pas. Il avait raison. « Tu vas rencontrer d’autres personnes, tu te feras des amis et bientôt ce seront eux qui te manqueront. » Sérieusement ? C’est cela qu’on attend de moi ? Me faire des amis et oublier mon... ravisseur. Qu’arrivera-t-il quand eux aussi ils disparaitront ? J’aurais encore le cœur au bord des yeux ? Il me tue ce type en face de moi. Il ne comprend rien. Ou alors il comprend trop bien. Il prend des notes. De là où je suis je ne peux pas lire. Papa ne m’a pas appris à lire à l’envers. Ca m’intrigue. Ma jambe s’est remise à gigoter, de haut en bas, sur la pointe du pied. Je décroise les bras, mon cœur va un peu mieux. Et c’est ma jambe qui a besoin d’aide. Mes mains se posent sur mes genoux et ma jambe reste enfin stoïque. « C’est pas agréable le manque, j’ai pas forcément envie que ça se reproduise. » La déception est maintenant nette sur le visage du psychologue. Il n’a pas aimé ce que je viens de dire. Il essaye d’être courtois et agréable lui, il a de la chance, il ne me manquera pas. Et il écrit un truc de plus. Je suis sûr que je n’aimerais pas lire non plus. Qu’est ce qu’il a bien pu marquer ? Rejet de la société ? Refus de toute sentiment, de tout attachement ? Vide émotionnel ? C’est détestable de se savoir analysé. Bientôt, tout ce que les autres sauront de moi se résumera à quelques notes personnelles et subjectives. C’est déprimant. Je sens qu’il faut que je fasse attention à ce que je dis. Mais papa ne m’a pas appris à manipuler. Il m’a toujours dis qu’il fallait dire la vérité. Il ne voulait pas que je mente. « Ton r.. père… Comment l’as-tu rencontré ? » Je souris. Je sais qu’il a failli dire ravisseur et qu’il s’est repris. Le résultat ? J’ai entendu repère. Et ça me fait sourire. Est-ce qu’il comprend pourquoi je souris ? Non il doit surement croire que je me moque de lui et de sa prétendue sympathie. Il me ménage. C’est ce qu’il a promis après tout. Il s’en sort plutôt mal pour le moment.
Mon sourire s’efface doucement tandis que je tente de mettre des images sur l’instant qu’il me demande de raconter. Je m’en souviens. Je m’en souviens de ça. Je n’aime pas trop m’en souvenir, alors je vais faire court. Et ma jambe se serait remise à bouger si je ne la tenais pas. Mes mains se sont crispées sur mes rotules. Le sang afflue dans mes mains. « J’attendais mon frère à la sortie de l’école. Je suis rentré avec un ami finalement parce que mon frère n’arrivait pas. On a fait la course, il courrait plus vite que moi. Et j’ai pris un coup. Ma tête a été heurtée dans ma course. Et j’ai vu papa avant de m’endormir. Je me suis réveillé à la maison et j’avais mal à la mâchoire, j’avais la lèvre fendue. Il a pris soin de moi ensuite. Et voilà. » Je me souviens de ce gout de sang latent sur ma langue. Métallique. Et du verre d’eau qu’il m’a amené pour le faire disparaître. Je me souviens de la douleur et de ma grimace quand ma lèvre s’est réveillée. Je me souviens de mon hésitation et de ma main qui tremble. Je me souviens du premier regard apeuré que je lui ai offert. L’autre type est content que j’aie répondu. Je n’arrive pas à savoir si ma réponse lui plait cependant. Je sens que je ne vais pas aimer la suite. « Il t’a frappé donc ? » Les silences qui suivent chacune de ses questions sont pesants. Je n’aime pas ce qu’il insinue et ce qu’il retient de ce que je lui dis. Il a négligé volontairement la fin de mon histoire pour n’en retenir que la douleur. Je ne l’aime pas. « Puis il a pris soin de moi. » C’est réciproque. Il ne m’aime pas. « Est-ce qu’il te frappait souvent ? » Je le regarde incrédule et mes sourcils se froncent tandis que je cherche où il veut en venir. Je ne me suis jamais senti aussi inadapté à la situation. Je ne comprends pas ce qu’on essaye de me faire dire. Je sais juste que je ne réponds pas comme il le voudrait. Lui non plus d’ailleurs. « C’est arrivé, quand je faisais mal les choses. Quand j’étais plus petit. Récemment non. » Et ça n’arrivera plus. Il note toujours. Et je commence à m’en foutre totalement. De toute façon, je suis foutu. J’ai plus qu’à attendre que ça passe. « D’où viennent les marques sur tes poignets ? » Rien ne va plus, il m’enchaine de questions, il me dissèque et son scalpel est de plus en plus vif. Mon cœur de plus en plus à vif. Et quelque chose me dit que même si je réponds vite, tout cela n’est pas encore fini. Il est venu avec un sac plein de questions. Je ne l’avais pas vu à son entrée. Maintenant c’est comme s’il me l’avait posé sur les épaules. Et je m’enfonce dans mon siège sous son poids. « Il m’attachait au radiateur quand j’étais petit, pour pas que je m’en aille. Les marques sont restées. » « Et il a pris soin de toi ? » Je sens le jugement dissimulé derrière ces quelques mots assassins. J’ai de nouveau envi de chialer. Ce type est pitoyable comme psychologue. Je ne répondrais pas à cette attaque. Je ne m’abaisserais pas à ça. « Est-il arrivé qu’il te touche ? Qu’il t’oblige à le toucher ? » Il ne me ménage plus du tout. Il a sentit que j’étais prêt à parler et c’est tout ce qui compte à présent. Il n’a plus une once de compassion et ne prend pas de gants pour poser ses questions. Il me déglingue. Je ne connais rien à cette chose dont il parle. Je n’en ai lu que quelques scènes dans les livres, je n’en connais que ce que mon père m’en a appris, et raconté. Il ne m’a jamais montré. Je devine pourtant que c’est de cela qu’il s’agit. De sexe. Je le déteste à présent. Papa m’a enseigné que c’était mal de faire ça en famille. « Non. » Ma réponse est des plus sèches et c’est mâchoire serrée que je reprends. « On dormait ensemble, il a toujours dormi avec moi, il me serrait dans ses bras. Mais il ne m’a jamais touché de la manière dont vous l’entendez. » Je souffle pour me calmer et mon regard cherche un autre point d’ancrage car son expression me donne envie de vomir. Il aurait voulu que papa m’est violé et ça se voit. C’aurait été tellement plus croustillant, tellement plus dégueulasse. Je m’enferme dans ma tête mais cette question pervertit mon esprit et je ne peux penser à autres choses qu’à mes premières nuits d’angoisses à ses côtés. Quand il venait me rejoindre dans le lit et qu’il se collait dans mon dos, contre mon corps tremblant et fiévreux d’angoisse. Je n’avais que cinq ans et aucune conscience de ce que je craignais vraiment dans ce lit. Pourtant j’avais peur. Ce corps solide collé contre le mien me glaçait le sang. Cette main posée sur ma tête, caressant mes cheveux, cette voix étouffée murmurant mon prénom et me narrant chaque soir en murmure, la même histoire… c’avait rendu mes yeux tout secs. Jusqu’à ce que je comprenne, j’imprime, qu’il ne me ferait aucun mal. Que ce soit dans ce lit, ou ailleurs.
Il est satisfait et ça se voit. Il va pouvoir briller avec ce qu’il réussit à obtenir de moi. D’où tire-t-il cette expression glorieuse de victoire ? J’étais certainement le patient le plus coopératif qu’il lui soit donné à voir. Le plus discipliné que la terre ait porté. De quoi s’ennoblirait-il ? D’avoir fait parlé celui à qui on avait enseigné de ne jamais mentir ? Où se trouvait l’exploit ? Ai-je le droit de lui dire que j’ai plus l’impression de me faire violer par lui que par tous les gestes affectifs qu’avait pu avoir mon père ? Il le prendrait surement très mal. Mais peut-être que ça mettrait fin à cet entretien dégueulasse. Je me retiens. Je ne veux pas manquer de respect. Et j’ai bien fait. Puisqu’il met un terme de lui-même à notre rencontre. Il me tend une main, que je peine à serrer. Et il s’en va. Mon cœur saigne de nouveau et je ferme les yeux en cherchant l’oxygène dans une pièce qui s’en trouve raréfié par ce connard. Et ça déborde. Cette fois, ça déborde.
D’autres entretiens suivirent. Tous plus dégueulasses les uns que les autres. Et il me fallu beaucoup d’énergie pour garder une image saine de mon père. Et j’appris lentement à répondre comme on le souhaitait. J’appris également à me taire, à ne plus défendre mon père. J’appris à me couper du monde, à m’enfermer dans ma forteresse vide d’émotion, vide même de peur. Cette peur que m’inspiraient les autres et leur société, ne pouvait plus m’atteindre. Ne plus rien ressentir semble un sacrifice nécessaire, équitable, pour ne plus souffrir. La réinsertion n’est pas un franc succès cependant. Je vis toujours dans ce foyer qui m’a accueillis à mes premiers pas dans le monde et je ne sors que pour aller travailler ou presque. On m’a offert un petit job, je suis employé à l’asile, dans le service blanchisserie. J’aime assez ce travail. Ca me permet de paraître normal, et ça occupe mes journées d’une façon assez discrète. Ca ne dérange personne que je disparaisse derrière ma tonne de linge blanc. C’est un refuge de choix. Mon frère y travail aussi. En restauration. Je ne le connais pas. C’est compliqué. Ma vie est assez simple si j’occulte mon inadaptation à cet environnement que j’apprivoise si mal. C’est si loin de ce que j’ai connu. Il y a tant de choses que je ne connais pas, tant de mots et de gestes que je refuse, d’autres que je ne comprends pas… Papa avait raison, C’est un supplice ce dehors.
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Sujet: Re: Andreas Protect Me Dim 27 Oct - 22:34
BIENVENUE MA POUUUUUUUUUUUUUUULE ! J'te souhaite pas bonne chance pour ta fiche, je sais qu'elle va démonter sa maman! Et putain, j'ai envie de la liiire! c'est bien parce qu'il est tard et que j'ai un mal de tête assez horrible, sinon je m'y collerais.
Sujet: Re: Andreas Protect Me Lun 28 Oct - 13:17
BIENVENUE PARMIS NOUS <3 J'allais dire bonne chance pour ta fiche mais je vois que tu es bien avancé xD Alors je vais dire Bonne validation <3 et très bon choix d'avatar *_*
Sujet: Re: Andreas Protect Me Lun 28 Oct - 19:00
Merci les petits choux J'ai terminé en effet
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Sujet: Re: Andreas Protect Me Lun 28 Oct - 19:26
Ah oui ? Faut qu'on se mette d'accord pour savoir qui valide qui ! Mais je vais lire ça ! En tout cas, bienvenue x 4
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Sujet: Re: Andreas Protect Me Lun 28 Oct - 19:27
Bienvenue! On en a discuté avec le staff, on ne peut malheureusement pas accepter cette fiche. Vraiment désolé... peut-être qu'il faudrait considérer un forum avec un niveau un peu moins élevé.
/HAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHHA JE ME FAIS DE LA PEINE AVEC CET HUMOUR PARDON
Sinon ta fiche est géniale, comme d'hab :3
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Sujet: Re: Andreas Protect Me Lun 28 Oct - 20:01
Bon cette histoire est toute pourrie, horrible à lire, mais j'ai pas le choix, j'veux pas qu'on me trucide pour pas t'avoir validé ! Alleeeeez sérieusement, cette histoire pète tout et j'me sens toute petite à côté ! C'est nuuuuul ! Bouuuuh
Félicitation, tu es validé
bienvenue chez les fous
Tu es validé(e) et peux enfin rentrer dans ce grand, beau, magique, majestueux monde qu'est celui d'Industrial Disease, tu pourras, si tu es une jeune fille coquette t'acheter des nombreux vêtements, faire du shopping, t'habiller en rose ! Si tu es un garçon, tu pourras t'inscrire dans un club de football et commander des pizzas, fonder un foyer ! ... "Bon les gars virez moi ce taré, il se prend de nouveau pour un président" › Tu as vraiment cru cet homme ? Laisse moi te dire que si tu t'attendais à du bling bling, t'es mal barré(e). Ici tout est malsain, tout est sombre, tout est glauque. Meurtre, Viol, Came, c'est le quotidien, si t'es interné(e) bonne chance pour préserver tes fesses, oublie le plaisir, oublie la sérénité, c'est un combat pour ta vie. Si t'es dehors, soit tu vis dans la nuit, soit t'es quelqu'un d'intègre ! ... En tout cas, chacun a une part à cacher. Et cette part vous a été imposée par le scan. On ne se reverra pas. Bonne chance.