| I'm forever black-eyed (Joa' & Niki) (flashback) | |
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Behind an empty face heart with a gaping hole
YOUR OWN PERSONAL JESUS ‹ scanner rétinien : ‹ indice de violence : faible ‹ statut rp : Nikita L. Mankievicz There is a taste for blood and it's deep inside ‹ enfermé(e) le : 16/03/2013 ‹ doléances : 709 ‹ crédits : ©Cyrinne ‹ âge : 21 ans ‹ curriculum vitae : Etudiante infirmière |
| Sujet: I'm forever black-eyed (Joa' & Niki) (flashback) Dim 18 Aoû - 21:59 | |
| Joaquin & Nikita « I'm forever black-eyed »L’absence, l’abandon, le manque, s’étaient fait plus profonds ce soir là. De repos après avoir effectué plusieurs nuits durant son stage d’été de première année, la gamine n’avait su s’occuper l’esprit suffisamment pour échapper aux méandres névrotiques de son esprit. La journée, elle avait su se retenir, comme elle avait toujours su le faire. Mais l’angoisse revenait toujours, la surprenant lorsque la nuit venait surprendre le jour. La gamine, âgée d’à peine 18 ans, avait fait le choix de quitter le havre de paix qu’avait représenté un court instant, le foyer familiale, lorsqu’elle n’était qu’une enfant. Enfance qu’un homme lui avait volée dans sa quinzième année. Et aujourd’hui, dans son dix-huit mètres carré qui n’avait rien de l’accueillante maison familiale, elle ne se sentait plus en sécurité derrière cette porte qu’elle continuait de croire ouverte lorsqu’elle en avait vérifié le loquet trois fois en une heure. Elle ne se sentait plus en sécurité dans ces draps glacés posés sur un matelas à même le sol, ce sol craquelé menaçant de rompre à chaque pas. Bien que perchée au 5ème étage d’une tour plus vieille que sa grand-mère morte depuis des années, Nikita ne pouvait s’empêcher de surveiller l’unique fenêtre de cette unique pièce lui servant tout à la fois de salon, de cuisine et de chambre. Elle s’estimait pourtant heureuse d’avoir une salle de bain digne de ce nom et dans une pièce à côté. N’ayant pour compagnie et diversion qu’une radio ridicule branchée à une prise murale donnant plus de châtaignes qu’un châtaigné, l’allumer était devenu un réflexe pour la gamine aux pensées dissipées. Elle ne savait plus vivre dans le silence. Parfois elle se mettrait à danser, chanter, d’autres elle se contenterait d’écouter en faisant toute autre chose. En lisant, en prenant une douche, en se faisant un sandwich avec tout ce qu’elle trouverait dans son réfrigérateur, allant jusqu’à allier parfois la confiture de fraise avec du jambon. Peu importait au final. Elle aurait mangé les trois séparément avec un plaisir semblable, alors pourquoi ne pas tout avaler d’un coup. Peu de chose importait pour la gamine se fichant de tout si ce n’est de vivre. Elle s’en sortait plutôt bien pour une gamine violée. C’est ce que lui avait répété sa psychologue pendant des mois. Et ses parents en avaient fait un refrain. Dissonant cependant avec les couplets tout aussi redondant sur son avenir bancale de fêtarde débauchée à tendance junkie. Elle vivait parfois un peu trop. Crevait parfois un peu trop aussi. La nuit ne l’épargna pas ce soir là. Assise sur le rebord de sa fenêtre devant un couché de soleil qu’elle ne savait plus apprécier réellement, les jambes balançant dans le vide, elle roulait un joint avec une minutie et pourtant une facilité trahissant l’habitude. Elle jeta son matériel à l’intérieur de l’appartement lorsqu’elle eut raison de son cône salvateur et l’alluma en le portant à ses lèvres. Le jour déclina à mesure qu’elle consumait ce qui peut-être lui permettrait de rester chez elle cette nuit là. Ca avait marché quelques fois. Rarement. Mais aussi rare que fusse le succès de cette méthode, elle se devait de l’essayait les soirs d’angoisse. Avant de passer à plus grave, à plus dangereux. Avant de penser à Lui. Tête posée sur le contour de la fenêtre, elle suivit avec détachement les rencontres s’effectuant dans sa rue, cinq étages plus bas. C’est lassée et plus tendue qu’elle n’aurait voulu l’être qu’elle ferma la fenêtre derrière elle, assourdissant légèrement le tumulte de la nuit commençant. Elle but quelques gorgées d’une bouteille d’un lait qui jamais ne manquait dans sa cuisine et mit une seconde bouteille au frais. Elle se déshabilla à mesure qu’elle revenait vers son lit et joncha le chemin de ses vêtements avant de se blottir dans ses draps. Sa main vint frapper un interrupteur sur le mur et elle s’allongea, baissant le son de sa radio miteuse. Paupières close elle tenta malgré elle de se détendre et de se laisser bercer par les effets apaisants de l’herbe qu’elle venait de fumer. Mais son petit cœur fragilisé battait trop fort et sa poitrine se soulevait trop fort. Elle persista quelques longues minutes à croire qu’elle trouverait le sommeil et se réveillerait tendrement, comme dans ses bras, le lendemain matin, calmée par un rêve dans lequel même Lui ne serait plus si dangereux. Mais le tic tac de sa montre calée avec son poignet sous son oreiller, était de loin la pensée la plus obsédante, ce tic-tac si lent comparé à son rythme cardiaque. Le temps ne passerait pas vite lui. Pas de douleur, rien qu’une angoisse persistante et un désir de l’assouvir. La gamine sortit précipitamment de son lit et renfila jean troué et t-shirt évasé. Elle attrapa les quelques billets laissés sur l’étagère dans la cuisine avec ses clefs et les enfouie au fin fond de ses poches. Inutile de s’encombrer d’un sac à main comme toutes ces filles de bonne famille. Elle se rassit sur son lit le temps d’enfiler ses converses aux couleurs du drapeaux américain, déchirées par endroit et en profita pour éteindre la radio avant que la porte de son appartement ne claque pour de bon. Elle le quitta sans même se soucier de l’avoir fermé. Qu’avait-elle d’important à l’intérieur ? Strictement rien. Peut-être cette radio. Non. I was never faithful And I was never one to trust Borderlining schizo And guaranteed to cause a fuss I was never loyal Except to my own pleasure zone I'm forever black eyed A product of a broken home C’est en sautillant et chantonnant qu’elle descendit les escaliers, boudant l’ascenseur branlant. Elle se laissa glisser, les fesses de côtés sur la rambarde du dernier escalier et s’engouffra ainsi à l’extérieur dans la vitesse d’un atterrissage approximatif. Enfin dehors. L’air plus frais qu’elle ne l’aurait pensé, s’engouffra sous son haut évasé et elle frémit légèrement tout en réfléchissant un court instant à la direction que prendraient ses pas cette nuit-là. Elle choisit la plage, avec un détour dans un bar réputé où elle trouverait forcément de quoi s’envoler. C’était le repère de bien des dealer et elle n’avait eu à offrir ses formes que quelques rares fois à ce simplet de Timmy pour obtenir sa came. Maintenant, et pour quelques fois encore, elle ne pourrait que lui promettre quelques nuits effrontées. Il lui foutrait la paix cette nuit, perdu dans le souvenir de nuits précédentes et dans la projection d’autres futures. Et ce fut exactement ainsi que cela se passa. Elle prit la peine de consommer un seul et unique verre au bar et s’engouffra avec son verre dans les back stages dépravés du club. Elle le demanda lui et lui promit quelques bontés en échange d’un service rendu cette nuit. Quelques baisers pour sceller la promesse et bientôt il lui glissa la petite pilule salutaire dans la paume de sa main. Elle la prit en buvant son whisky et quitta le club aussi vite qu’elle y était entrée. Perchée et euphorique, elle ne remarqua pas la compagnie que le destin lui avait faite fortuite. Ses pas sautillant frappèrent le macadam du parking du club, elle se faufila entre deux voitures et n’eut qu’à passer au dessus d’une barrière pour atteindre l’étendu de sable avant l’océan. Posant un pied sur la rambarde elle balança habilement le reste de son corps par dessus et ses pieds frappèrent le sol sablonneux. La drogue s’insinuant dans son organisme brouillait ses perceptions et lui procurait ce bien-être qui lui permettrait de tout endurer, faisant disparaître la peur au profit d’une euphorie relaxante. C’est en tournoyant sur elle-même qu’elle l’aperçu. Lui. Derrière elle. Ce même regard prédateur, ce même sourire carnassier, posé sur elle comme la première fois. Elle lui sourit, l’illusion était trop parfaite. Le rythme de ses pas à reculons ralentirent tandis que l’autre s’approchait dangereusement et elle se mordit la lèvre inférieure rêvant du frisson de son adolescence. Les bras de l’homme vinrent entourer son petit corps et il enfouit son visage dans son cou. Les mains s’égarèrent sur ce petit corps à l’allure consentant et l’excitation fut palpable, là tout contre la gamine. L’illusion était si belle. Et la faille si évidente. Nikita réalisa l’égarement, la méprise, lorsque les lèvres du type vinrent capturer les siennes. Celui dont elle avait rêvé n’aurait jamais fait cela. Celui dont elle rêvait toujours ne l’avait jamais embrassé et ne l’embrasserait surement jamais. Etourdie, la petite blonde chancela légèrement et s’écarta de l’homme pour mieux le regarder. Le regard froncé elle ne le vit plus. Ce type n’était pas le sien. Elle devait s’enfuir avant de subir un affront non désiré. Mais déjà les mains de l’homme l’avait agrippé et déjà son excroissance entre-jambe se frottait de nouveau à elle, la répugnant purement et simplement. La gamine grimaça et un gémissement de refus s’échappa d’entre ses lèvres avant que l’autre ne la fasse taire, plaquant de nouveau ses lèvres humides d’avidité sur les siennes. Elle grimaça souffrante et le mordit jusqu’au sang. Un gout de fer se glissa sous son palais et bientôt son propre sang vint s’y mêler. L’autre venait de la frapper en retour, d’une gifle qui lui avait ouvert la lèvre. Elle s’effondra sur le sable, mains et genoux contre le sol mouvant, désorientée tout à la fois par la drogue et le coup reçu. La force d’un titan exacerbé par l’excitation, la retourna sur le sable et l’y plaqua de tout son poids. Les tâtonnements moites se firent plus appuyés et plus insidieusement intimes tandis que la gamine se débattait inutilement de son petit corps en partie dénudé, criant par moment, lorsque l’autre ne lui dévorait pas les lèvres, ses pieds remuant le sable dénué d’appui fiable. L’illusion avait été trop belle. |
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Boy with a broken soul
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YOUR OWN PERSONAL JESUS ‹ scanner rétinien : ‹ indice de violence : moyen ‹ statut rp : dispo (trois places)Joaquin Rivera There is a taste for blood and it's deep inside ‹ enfermé(e) le : 12/04/2013 ‹ doléances : 975 ‹ crédits : mushy (avatar) + tumblr (gif) + eminem (lyrics) ‹ âge : trente-neuf ans ‹ curriculum vitae : ex-lieutenant de la navy seal, ancien larbin du gouvernement ‹ raccourcis : kill your ego • steal a new face • a vision to none |
| Sujet: Re: I'm forever black-eyed (Joa' & Niki) (flashback) Mar 20 Aoû - 16:33 | |
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Dig up her bones but leave the soul alone Boy with a broken soul Heart with a gaping hole Dark twisted fantasy turned to reality Kissing death and losing my breath Midnight hours cobble street passages Forgotten savagesUne petite fille crie à l’aide. Tu devrais aller l’aider. Non, ça n’a pas vraiment de sens, tout ça. Ça n’en a jamais eu. T’as une clope ? Elle lui demanda. Les coudes posés sur le comptoir, il lâcha la frite trempée de sauce ketchup dans son assiette et tourna à peine la tête, devinant une opulente poitrine comprimée dans un top taille enfant à coté de lui. Elle avait les cheveux rouges – ce rouge un peu vulgos, une teinture foirée – et traînait avec elle une odeur de cigarette mêlée aux effluves d’un parfum trop lourd pour être apprécié. Elle était vulgaire mais devait le savoir. Lui, avec son cuir abîmé jeté sur les épaules, secoua la tête. C’était ça, de bouffer dans un bar du Bronx ; croiser des individus aussi grotesques que lui, aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur. On sortait sa marginalité là où elle était acceptée, à l’écart, avec la solitude comme boulet. Il avait ses habitudes dans les coins mal famés, un peu oubliés, loin de tout, même si quelques voitures passaient régulièrement dans le voisinage. Les quartiers dégueulasses, c’était son trip. Il allait là où les murs étaient tagués de bites et d’insultes pour s’éloigner d’une insupportable démesure. Le téléviseur, perché sur une vieille étagère, rediffusait un match de baseball et soulevait les grognements de gars un peu éméchés commentant distraitement. Et elle, elle ne décollait pas. Fausse rousse, va. Il regarda son assiette à peine entamée, les frites macérant dans la sauce de son hamburger, son verre d’eau pétillante terminé, et renonça à rester plus longtemps. Sa main plongea dans la poche de son jean, fouilla un moment puis extirpa une poignée de dollars froissés qu’il posa sans ménagement à coté de son couvert, abandonnant la rouquine et un repas encore chaud. Il avait l’air un peu frêle. Un peu sec. Le genre de type qui ne mangeait pas beaucoup, mais qui avait cette élégance un peu désinvolte, comme s’il ne le faisait pas vraiment exprès. Sa démarche était assurée. Il n’appartenait peut-être pas à ce monde oublié, à cette bande de mecs moyens mâchonnant leur viande sans décoller les yeux de leurs assiettes, mais personne n’oserait lui faire remarquer. Il quitta l’établissement et sa vague odeur de friture pour une rue déserte. Il ne sortait jamais avec un portefeuille. Seulement quelques billets épars, entre ses poches de jean et de blouson. Mais aucun papier d’identité, rien. Un portable, tout au plus, glissé à l’intérieur de sa veste, seul objet de valeur qu’il regretterait de perdre. Mais il n’était pas matérialiste. Joaquin leva les yeux vers les lampadaires clignotant et commença à longer les immeubles du quartier, trimballant sa morosité dans les ténèbres crépusculaires. Un voile rouge sombre, jeté sur une ville gangrénée par les faux-semblants. Les épaules affaissées, il balançait sa carcasse désenchantée sur le bord d’un trottoir, et se disait qu’il pourrait prendre un taxi, pour rentrer chez lui. Luxe inutile ; il emprunta le métro, avec son blanc sale et les merdes traînant par terre. Les escalators l’entraînèrent dans la gueule béante des souterrains de la ville insomniaque, il croisait d’autres passants sans vraiment comprendre s’ils étaient réels ou issus de son imagination assoupie. Joaquin était épuisé – il était toujours épuisé. Une lueur robotique flottait au fond de son regard électrique, quelque chose de profondément inhumain. Son sang empestait la caféine, son haleine amère aussi. Il avait le décalage horaire imprimé sur la gueule après un voyage express en Californie, et la crosse d’un revolver dépassant de son jean, caché dans son dos. Ses paupières lourdes menaçaient de se fermer à tout instant, alors qu’un tunnel noir filait sous ses yeux vides. Il ne se souvenait plus avoir dormi plus de quatre heures ces quinze deniers jours. Arrivé dans son quartier de Brooklyn, personne. Même pas les jeunes investissant les entrepôts vieillissants pour une fête improvisée. Joaquin grattouilla sa joue mal rasée, grimpa rapidement les escaliers qui le séparait de l’entrée, et donna un coup d’épaule contre la porte usée de son immeuble ; elle ne s’ouvrait qu’une fois sur deux. Il avait pris cet appartement pourri pour le calme des environs, cette ambiance mi-bourgeoise mi-familiale, ses voisins plus silencieux que des tombes. Des vieux séniles, des jeunes fauchés ; une galerie de portraits abîmés, à l’épreuve de l’usure du temps. Même les escaliers grincent, ils n’étaient même pas droits. Il s’était cassé la gueule, une fois. Le charme vintage pardonnait ces défauts. Au seuil de sa porte, troisième étage, il farfouilla ses poches à la recherche de son trousseau de clefs, jura contre le monde, contre lui-même – quel con, marmonna le bonhomme grincheux – et finit par glisser le morceau métallique dans la serrure. Des aboiements joyeux retentirent, lui arrachant son unique sourire de la journée. Joaquin s’agenouilla près de ses chiens après avoir refermé la porte d’un coup de pied distrait, les bras autour de leur nuque, tandis que leurs langues frappaient son visage émacié. Les animaux avaient passé plus de temps chez ses anciens beaux-parents que chez lui, récemment – il s’en voulait de les abandonner, Iron et Hunter étaient probablement les seuls êtres humains qu’il tolérait. Parfois, il rêvait juste de se barrer. Loin, avec eux et son passeport ; le reste, il s’en foutait. Rien n’avait d’importance. Joaquin réalisa qu’il avait besoin de faire les courses, de remplir deux gamelles, de prendre une douche, de changer de fringues et de dormir. Et il vit les deux laisses qui traînaient dans un coin de la pièce, et ses chiens survoltés, et sa connerie. Il fallait sortir les deux fous furieux avant qu’ils ne hurlent à la mort. Cinq minutes, il dit, avant d’ôter les vêtements qu’il portait depuis quarante-huit heures. Cinq minutes. Une douche, rapide, froide – l’eau chaude était encore partie en vacances. Un teeshirt élimé, un jean usé, sa paire de vieux boots à lacets dégueulasses. Panoplie du clodo en ballade. Célibataire aux fausses allures rock’n’roll. Une tasse de café plus tard, il passa leur laisse aux colliers de ses chiens, glissa son cellulaire dans la poche de son jean avec ses clefs de bagnole, et coinça son flingue derrière son dos – parce qu’il était paranoïaque et incapable de se détacher du boulot. Iron et Hunter se hâtèrent de descendre les escaliers de l’immeuble et foncèrent dans la porte d’entrée à qui il ne restait, de toute façon, que quelques mois à vivre. Au fond, avait-il vraiment sommeil ? Insomniaque. Trop pour fermer les yeux plus de deux heures sans être réveillé par les tremblements désagréables de son portable sur sa table de chevet, ou le bruit de ses propres pensées cognant contre ses tempes. Ses chiens menaient la danse, et il suivait, au bout de la laisse, la main dans la poche. L’ombre d’un sourire amusé passait parfois sur son visage. Il avait l’habitude de les emmener se défouler sur les plages du Queens, ils n’aimaient pas l’agitation des quartiers. Il connaissait la Grosse Pomme comme sa poche ; des recoins moisis aux grands hôtels de renom, des rues abandonnées aux avenues bondées, des bars oubliés aux restaurants huppés. Ce jeu n’en valait pas la chandelle. Sortir la voiture le réveillerait. Conduire un peu, marcher sur le sable, rentrer. Non. Hunter, tu t’calmes, qu’il grogne en sentant le vent marin ébouriffer ses cheveux bruns. Les réverbères décoraient la promenade, et à quelques pas de là, la mer, immobile. Vaste étendue limpide dont la seule vision détendit ses muscles endoloris. Il libéra ses chiens de leurs laisses, les enroula autour de son poignet, et les regarda gambader sur le tapis sableux léché par l’écume paresseuse de vaguelettes fatiguées. Joaquin avait perdu la notion du temps. Il devait être tard. Il vivait dans une autre dimension. Accoudé à la barrière, il suivait ses compagnons à quatre pattes d’un regard bienveillant, hésitant à les rejoindre. Deux silhouettes attirèrent son attention, à quelques mètres de là. Deux ombres distinctes, jusqu’à n’en former plus qu’une. Il se redressa lentement, la main posée sur la rambarde, et distingua nettement un corps se fracasser sur la plage déserte. Il longea la promenade, la curiosité piquée, et ce ne fut que lorsqu’il entendit les cris s’échapper de ce tas de formes abstraites que son pas s’accéléra. Courir. Il avait l’impression de les avoir déjà entendus, une fois. Ou deux. Une petite fille crie à l’aide. Dans son élan, il attrapa la barrière d’une main fébrile et balança le reste de son corps de l’autre coté, reprenant sa course effrénée. Et son cœur manqua un battement ; à moins que ce ne soit son sang qui se figea. Les deux. Putain. C’était une gamine, écrasée par un tas de chair suintant de perversité. D’habitude, tu prends le flingue, tu braques le canon sur la tempe et tu attends, hein. Tu fais ça. Pas cette fois. Il ne s’était même pas arrêté, entre l’instant où ses pieds avaient atterri sur le sable et où ses serres de rapace s’accrochèrent à la nuque d’un inconnu. Le tueur arracha le prédateur de sa proie, entendit une insulte étouffée. Le corps du dégueulasse s’échoua à coté de la môme. Son poing de loser s’écrasa dans le vide – ou du moins, il l’esquiva sans grande difficulté. Il ne réfléchissait pas. Cerveau et neurones déconnectés. Une brûlure lancinante consumait son corps, une adrénaline malsaine ; cette pulsion. De le finir, là, tout de suite, sous les yeux de cette innocence débraillée, dans ce silence apaisant. Il oublia la leçon du professionnel, emmerda la décence et la discrétion, la politesse d’un meurtrier bien élevé. Il avait débarqué de nulle part, le héros nocturne. L’enflure essaya de fuir à quatre pattes mais il lui brisa la patte d’un coup de pied, avant de l’enfoncer contre ses côtes, le retournant de force pour soutenir ce regard de porc lubrique. Et oui, il voit ; il voit l’immonde bosse déformant son froc. « Enculé. » Il siffla. T’es qui, le chevalier de la blonde ? Il aurait pu se prendre pour la main de Dieu. Il attrapa le type par le col et encastra son poing dans sa gueule de raté – une fois, deux fois, trois fois. Une giflée de sang et une molaire volèrent. La pommette craqua. Il continua, malgré les supplications faiblardes. Quand l’autre tenta de plaquer ses mains ensablées contre son visage, il enroula la laisse qu’il avait toujours au poignet autour de son cou. Et il serra. Les lèvres pincées, le regard indifférent. Il y avait un goût de vengeance que personne ne comprendrait jamais – pas même lui. La conscience grisée par le sang du pêcheur. Il relâcha la pression quand la figure prit une couleur violacée. Et il se releva, élégant. Les mains salopées d’un liquide rouge au goût métallique, mêlé au sien. Quelques éraflures sur les phalanges, quelques maudits grains de sable râpant son épiderme diaphane. L’autre avait perdu connaissance, ou la reprenait lentement, il n’en savait rien. Ses pieds de chaque coté du corps immobile, il dégaina son arme sans réfléchir et la pointa sur le front de l’autre. Puis il l’abaissa, au niveau de ses couilles. Ça lui passera l’envie de la fourrer n’importe où. Un glapissement plaintif s’échappa des lèvres ensanglantées. Certains se sentaient peut-être puissants, lorsqu’on les suppliait. Joaquin, lui, s’en foutait, ça lui faisait pitié. Des râles de lâche. Son coude se cassa quand il décida d’écraser ses testicules. Un hurlement perça le silence et attira l’attention de ses chiens, aboyant maintenant derrière lui. L’obsédé sombra dans l’inconscience, emporté par la douleur. Et le tueur recula, rangeant soigneusement son colt dans son pantalon. La petite fille. Une môme. Quinze, seize, dix-sept ans. Pas plus. Elle avait les vêtements déchirés, l’air égaré. Il s’approcha instinctivement – et pourquoi, dans le fond. Il n’avait jamais massacré la gueule d’un type sans raison. Il ne le connaissait ni d’Eve ni d’Adam mais il le laissait quasiment pour mort. En priant que la douleur soit agonisante. « Hey. » Il retira lentement sa veste et s’agenouilla près de la gamine, une petite blonde. Elle avait des converses un peu défraîchies aux pieds, des cheveux décoiffés. « Regarde-moi, ordonna-t-il dans un souffle rauque, tu le connais ? » Ses iris bleus se plantèrent dans une paire de pupilles dilatées. Et tout en l’interrogeant, il posa son cuir sur ses épaules frêles. Il pointa du menton la masse de l’autre. « Tu t’appelles comment ? » Le ton s’était adouci. Pendant un instant, il crut se voir, dans ce regard désorienté. Un bref instant. « Tu veux que je le tue ? » Murmura-t-il alors, en replaçant une mèche blonde derrière l’oreille de la poupée brisée. |
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| Sujet: Re: I'm forever black-eyed (Joa' & Niki) (flashback) Sam 24 Aoû - 20:24 | |
| L’horreur, cette fois, elle y passerait. Cette fois elle n’en garderait pas un doux souvenir de violente tendresse et d’abandon consenti. Le pervers couché sur elle, le visage déformé par un désir malsain d’entrer entre ses cuisses, n’avait rien de celui qui trois ans auparavant s’y était niché, savamment, avec autant de domination que de douceur. Ce monstre de barbarie n’hésitait pas à la frapper, à lui faire mal, pourvu qu’elle se soumette là où l’autre s’était contenté de l’entraver sans véritable violence. Ecrasée tant sous le poids libidinal du dégueulasse lui palpant le corps que sous celui de la culpabilité de s’être mise toute seule dans l’embarras, la gamine n’avait de cesse de se débattre, usant son corps et ses forces, en criant à s’en tordre le cou. Elle se battait et se débattait, mais l’homme, le monstre était trop fort. Et les lèvres ouvertes de la blonde ne seraient pas les seules à s’en souvenir. Chaque tâtonnement moite du pourri était si appuyé que la peau de Nikita en garderait bleus et rougeurs, contusion et éraflure. L’enflure aurait sa peau. Les larmes roulant sur son visage, la blonde pensa un instant se résigner et se laisser faire, craignant pour sa vie si elle continuait à se défendre. Mais elle ne pouvait supporter cet affront de plus. Sa conscience était déjà bien assez ébréchée. Se défendre, quitte à en crever. C’était décidé. Comment expliquerait-elle un second viol ? Les gens la croiraient-ils seulement ? C’est vraiment pas de chance, penseraient les naïfs, la plaignant de plus belle. Pour les autres, les soupçons seraient enfin fondés, le masque tomberait. Le viol ne peut pas toucher deux fois la même personne, c’est forcément elle qui les attire… Penseraient alors ceux-là. Bande de fous à lier. Pourquoi le viol ne toucherait pas deux fois la même personne ? Un viol toute les quatre secondes dans cette putain de ville. Toutes les dix secondes depuis que le gouvernement prétend enfermer les plus dangereux. Alors pourquoi pas ? Croire cela serait au moins aussi stupide que de penser que cela n’arrive qu’aux autres. Mais pour le coup, les derniers auraient raison. Nikita n’avait de cesse de se mettre en danger depuis trois longues années. Car c’était tout ce qu’elle savait de lui. Le danger qu’il représentait. La gamine n’avait ni son nom, ni une adresse pour le retrouver. Tout ce qu’elle savait c’est qu’en cherchant les dangereux, peut-être un jour tomberait-elle sur lui. Ou lui sur elle. Mais pour l’heure, ce n’était pas lui, là, épanchant sa soif de sexe, tout contre son corps en partie dénudé. L’enfer. Si l’autre ne l’avait pas si bien écrasée, la poitrine de la gamine aurait pu se soulever jusqu’à éclater tant elle peinait à respirer, tant son cœur ballant y frappait en dedans. Avec un peu de chance elle s’évanouirait. Si elle retenait assez son souffle. Si l’autre le lui prenait si bien. La chance fit son apparition d’une toute autre manière. In extremis.
L’étau se desserra subitement, dans un bruit sourd. L’autre venait d’être percuté, elle en aurait donné sa main à couper bien qu’elle n’ait senti elle-même aucune secousse notable. L’autre venait d’heurter le sable à son tour, à un mètre d’elle. La gamine désorientée chercha l’ombre d’une explication et ce ne fut pas un homme qu’elle vit mais deux. L’un, nouveau, frappant l’autre avec une rudesse incroyable. Un court instant, un soulagement relatif pris les sens de la gamine qui s’était redressée pour mieux comprendre. Sentiment qui s’évanouie devant le théâtre de violence que lui offrait le cavalier noir. Car bien qu’il vienne de la sauver, de la sortir d’un très mauvais pas, il n’était pas aussi rassurant qu’il aurait pu l’être. Un homme normal aurait laissé fuir le pervers. Un homme normal se serait juste assuré de libérer la gamine de son étreinte fiévreuse et putréfiante. Pas lui. Le cavalier noir n’était pas un homme normal. Et les coups qu’il donnait à l’agresseur agresser n’avaient plus rien de légitimes. Il le tuerait s’il continuait. Combien de coups avant que le crâne de l’autre n’éclate ? C’est solide un crâne ? La gamine apeurée n’aurait su le dire. Le regard exorbité, elle observa l’autre lui entourer une lanière de cuir autour du cou et serrer jusqu’à pâlir. L’autre ne pâlit pas cependant. L’effet fut tout inverse. Et si le crâne avait éclaté, le sang aurait sans doute giclé jusqu’à venir couvrir le corps meurtri de la gamine. C’est un visage empourpré qui heurta de nouveau le sable lorsque le cavalier noir défit son emprise. Deuxième soulagement avant que l’enfer ne se trahisse de nouveau. Le cavalier noir sortit un flingue, soutirant un léger gémissement de peur à la gamine. Il le pointa sur le front de sa victime agresseur un court instant et Nikita retint son souffle lorsqu’il décida finalement de viser les bijoux de famille. Il mourrait, même de ça. Et il mourrait lentement, se vidant de son sang, mouillant le sable. Suspendue à l’immobilité soudaine du cavalier noir, la gamine sursauta lorsqu’il enfonça son coude dans les parties intimes du violeur repris de justesse. Un aboiement de chien détourna son attention, se mêlant au cri roque du type qui ne pourrait plus pisser tranquille pendant quelques longues semaines. Deux chiens putain. Bordel. D’où venaient-ils eux ? A en croire leur calme, ils étaient dressés et leur maitre ne devait pas être loin.
Recroquevillée sur elle-même, ce ne fut qu’à se moment là que Nikita réalisa. Tout avait été si vite. Rien n’avait été contrôlé. Et le cavalier noir, à présent redressé et silencieux, avait son regard posé sur elle à présent. Prise de conscience qui lui glaça le sang. Qu’allait-il faire d’elle ? Lui qui semblait tellement plus dangereux que le pervers. Lui qui était tout bonnement l’homme le plus dangereux qu’elle ait rencontré pour l’heure. Bien qu’elle ne daigne le quitter du regard, surveillant son expression, elle devina le sang sur ses mains et ses phalanges douloureuses et chaudes. Souffrirait-il lorsque ses mains seraient froides ? Souffrirait-il de sa propre violence ? Que ferait-il d’elle, là, du sable dans ses cheveux ébouriffés et sur sa peau, lèvres ensanglantées et pommette égratignée ? Que ferait-il d’elle, partiellement dénudée. Merde. Deuxième prise de conscience enlisée de drogue. La gamine ramassa ce qu’il restait de son t-shirt déchiré sur le sable dans son dos et le plaqua sur sa poitrine. Elle ne prit la peine de reboutonner son jean. Il aurait fallu qu’elle exhibe de nouveau son buste pour cela. Et la légère vue d’intimité que permettait l’ouverture de son jean était beaucoup moins indécente. Le souffle court, elle eut un léger mouvement de recul lorsque le cavalier noir s’approcha. Méfiante et complètement paumée, elle ne le quitta pas des yeux et subit les soubresauts de son petit cœur fragile. Agenouillé près d’elle, il lui parla sans qu’elle ne saisisse immédiatement la nécessité de répondre. Il avait l’air serein et bien qu’arborant une mine plus que fatiguée, il n’avait pas l’air d’un fou dangereux. La violence dont il venait de faire preuve n’apparaissait en rien sur son visage, comme si c’était un autre qui venait de la proférer. Comme s’il était double. Il avait un visage rassurant et une aura de protection étrange après ce qu’elle venait d’apercevoir de lui. Pas un visage parfait, un visage marqué plus par l’expérience que par le poids réel des années, la trentaine, peut-être plus, et ce regard bleu azur dans lequel elle se serait perdue s’il n’avait pas été beaucoup plus sombre quelques secondes plus tôt. Elle fit non de la tête lorsqu’il lui demanda si elle connaissait l’homme vautré raide mort sur le sol. L’était-il vraiment ? Mort ? Etait-ce vraiment utile de savoir si oui ou non elle le connaissait ? S’il était mort ? Pas la moindre au final. Mais non elle ne le connaissait pas. Pas le moins du monde, elle l’avait pris pour un autre. « C’était lui… » Commença-t-elle. « Non. Je ne le connais pas. » Se reprit-elle. Le cavalier noir venait de déposer son cuir sur ses épaules pour couvrir son corps malmené. Elle frissonna légèrement à ce contact tout à la fois froid et apaisant. Lui ne la violerait pas. Aucune bosse malsaine ne se formerait sur son entrejambe à la vue de son petit corps désirable. Elle put alors le quitter des yeux, par intermittence, lui accordant un peu de sa confiance. Et son regard fut pour celui qui l’avait violenter, un court instant avant de revenir vers son cavalier noir. Elle retint son souffle une nouvelle fois avant de donner son prénom. Du moins avant dans donner un. « Luben » avait-elle dit. C’était une chose qui arrivait. Il lui arrivait parfois de donner son deuxième prénom lorsqu’elle ne se sentait pas le moins du monde donner le premier. Il lui serait alors plus facile de disparaître et de ne jamais être retrouvée. Peut-être venait-elle d’être sauvé par un mal plus grand que celui qu’elle avait frôlé. Peut-être devrait-elle fuir celui là avec plus de véhémence encore que le précédent. Alors elle serait bien heureuse qu’il ne connaisse pas sa véritable identité. Et Luben c’était pas si mal. Elle aurait tout le temps de se présenter vraiment si un jour elle se sentait de lui donner toute sa confiance. Un nouveau mouvement de recul l’anima lorsque la main de son cavalier noir s’approcha de son visage. Bien que le mouvement soit lent, elle en eut l’appréhension. Elle laissa pourtant la main faire ce dont pourquoi elle s’était levé et une mèche de ses cheveux fut ainsi arrangée. Elle tressailli cependant de concert avec la nouvelle question du brun. Pour la première fois de sa vie, on lui proposait une vengeance, on lui proposait de donner la mort. Pour la première fois, quelqu’un se proposait même de le faire pour elle. La panique s’empara d’elle et de ses tripes tandis qu’elle s’imaginait donner la mort à ce pauvre type à la mine défoncée. Le cavalier noir le ferait peut-être pour elle mais elle n’en serait pas moins coupable d’en avoir donner l’ordre. Elle prit quelques secondes de réflexion, ravalant sa salive difficilement et à de nombreuses reprises, fixant avec effroi l’homme allongé inerte sur le sol après s’être roulé pendant quelques minutes. Elle en revint alors à son cavalier et le fixa droit dans les yeux. Leurs regards azur se rencontrèrent avec une profondeur abyssale et elle s’en sentit capable. Elle s’en sentit l’envie. Comme si ainsi, elle pouvait tuer tout ceux qui avant lui avaient essayé, comme si elle pouvait ainsi se venger de celui qui y était parvenu. Car lui, jamais elle ne saurait le tuer. « Je... Je pourrais le faire. » Sa poitrine se souleva de nouveau et il lui fallu reprendre son souffle. « Je veux le faire. » Les yeux emplis de larmes, du sable sur le visage, mêlé à son sang, elle serra la mâchoire et se redressa tant bien que mal, tendant sa main pour que son cavalier noir lui confie son arme. |
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YOUR OWN PERSONAL JESUS ‹ scanner rétinien : ‹ indice de violence : moyen ‹ statut rp : dispo (trois places)Joaquin Rivera There is a taste for blood and it's deep inside ‹ enfermé(e) le : 12/04/2013 ‹ doléances : 975 ‹ crédits : mushy (avatar) + tumblr (gif) + eminem (lyrics) ‹ âge : trente-neuf ans ‹ curriculum vitae : ex-lieutenant de la navy seal, ancien larbin du gouvernement ‹ raccourcis : kill your ego • steal a new face • a vision to none |
| Sujet: Re: I'm forever black-eyed (Joa' & Niki) (flashback) Sam 31 Aoû - 17:24 | |
| Il vivait pour le chaos et la destruction. L’écume à la bouche, il toisait ce corps de pervers désarticulé avec une fierté malsaine et un dégoût dédaigneux. Le voyeurisme de la honte. Joaquin garda un œil sur la forme sombre étalée sur le sable avant de reporter son attention sur la môme, dont il distinguait enfin le visage derrière ce fin rideau de cheveux blonds cendrés. Il voulait lui dire qu’elle ne craignait rien, qu’elle était en sécurité, qu’il ne la toucherait pas, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Rien de plus que ce geste presque paternel, dégager cette figure de poupée d’une mèche, découvrir l’objet du désir. Une petite fille, se répéta-t-il. Une adolescente à l’air égaré et ébranlé. Il aurait pu passer son chemin. Il aurait pu ignorer les cris et continuer sa promenade nocturne avec indifférence, entendre les lointaines supplications s’évanouir derrière lui, étouffées par les vagues léchant le tapis sableux. Il n’était pas un sauveur. D’ailleurs, il ne s’était pas contenté de mettre l’autre connard en joue, il ne lui avait pas ordonné de reculer. Il lui avait éclaté la gueule. Littéralement. Jusqu’à sentir son crâne se fissurer sous ses phalanges. Personne ne comprendrait jamais cet élan de folie passager. Personne ne comprendrait sa catharsis personnelle. La fillette tressauta face à lui. Joaquin laissa sa main dégueulassée de sang retomber sur son genou ensablé et suivit les œillades terrifiées de la gamine vers son agresseur. Il n’arborait pas de sourire triomphant face à ce spectacle grotesque. Ses traits s’étaient de nouveau figés, rendant à son visage l’indifférence qui le caractérisait, et il entendit cette voix fragile s’élever. Elle retenait contre elle son t-shirt déchiré, et par pudeur, il gardait ses billes bleues rivées sur sa moue mutine, sur ses deux épais sourcils froncés, sur cette innocence viciée. Il avait mal pour elle. Elle avait des égratignures sur la joue et la lèvre fendue. Pauvre gosse putain. Il pinça les lèvres et l’écouta, en décrochant parfois un coup d’œil distrait au type. « Ok. Luben, » répéta-t-il dans un souffle. Luben. Ça sentait Little Odessa et la mafia russe, ce prénom. Malgré l’obscurité, il avait remarqué ses fringues, l’état de ses pompes, cette douce légèreté. L’hippie du vingt-et-unième siècle. Tous ces gosses s’échangeant des joints en bas d’un HLM pourri, se promenant tard le soir, flirtant avec le danger, l’adrénaline. Elle lui rappelait quelqu’un, et il refusait de se dire que c’était lui-même, qu’il voyait se refléter dans ses grands yeux azurs. Deux paumés. Elle voulait le tuer. Et le malade en puissance qu’il était ne put qu’afficher un demi-sourire mesquin. Joaquin payait ses factures sur les cadavres qui jonchaient son passage, son rapport avec la mort était superficiel, indifférent. Provocateur. Il s’en foutait lui, de cet inconnu. Qu’il ait une famille, des gosses, une gonzesse. À cet instant, il apercevait juste une raclure étendue comme une merde, qui n’avait même pas été capable de se défendre face à lui – son allure svelte n’avait rien d’effrayant. Il voyait simplement ce rebus de l’humanité pissant le sang et débandant à peine de la gamine. Il siffla ses chiens qui, entretemps, s’étaient rapprochés de la scène, la langue hors de la gueule. D’un regard autoritaire, le maître leur intima de rester tranquille et d’observer sans aboyer davantage. La nuit était sombre, la promenade peu fréquentée. Personne ne ferait attention. Et si quelqu’un le remarquait, il n’apercevrait jamais les visages, dans cette obscurité. À cette heure-ci, à cette époque-là, on la fermait. On avait peur de la violence, on avait peur de celui qui n’était pas enfermé. C’était ainsi, et il en était assez satisfait. Il planta ses yeux clairs dans les pupilles dilatées de Luben. « J’imagine que tu veux le colt, hein. » Bien sûr que tu veux l’arme. Tu veux la sentir au creux de ta main, cette puissance métallisée. Regarder, ce ne serait pas assez. Qu’un autre le fasse à ta place, ce ne serait pas assez. Il regarda la menotte gracile se tendre vers lui et se redressa lentement, le bras caché derrière son dos, les doigts enroulé autour de la crosse dépassant de son jean. Ce silence, c’était celui de son hésitation. Elle ne tuerait pas avec la laisse qui lui sciait le poignet, ni avec ses petits poings inoffensifs. Non, elle voulait probablement entendre la déflagration, exploser sa boîte crânienne, avoir la preuve plus qu’évidente, la preuve auditive, visible, d’une mort nette et la délectation d’une vengeance qui se savoure. « Tu sais tirer ? » Bien sûr que non, songea-t-il. Putain, quelle question. Il attendit un moment. « Lève-toi. » Dans un élan de bonté, il lui montra sa paume, si jamais elle avait besoin d’aide pour se remettre sur ses jambes, mais il avait la vague impression que cette petite n’était pas du genre à chialer pour un oui ou pour un non. Peut-être était-ce cet air, qu’elle arborait. Cette mine espiègle, les épais sourcils qui donnaient du caractère à un visage trop doux, ses converses défraîchies. Joaquin ne bougea pas d’un cil. Le doute. Lui donner, ne pas lui donner. « J’espère que t’as pas de problème avec la culpabilité. » Ce fut la seule phrase qu’il lâcha entre le moment où elle se remit sur ses gambettes et celui où il déchargea l’arme, n’y laissant que deux balles. Normalement, deux suffisaient, une si on était doué. Perforer les poumons, éclater la tête. Chacun visait comme il pouvait. Lui, il avait souvent ordre de ne pas trop abîmer les tronches afin de faciliter la reconnaissance faciale. Ça l’aurait fait chier de manquer un contrat parce qu’il avait malencontreusement défiguré la cible. Il attrapa doucement la poupée par les épaules et l’obligea légèrement à se rapprocher pour mieux viser la cible… pour mieux surplomber ce cadavre en devenir. Minutieux, tapi derrière elle comme une ombre malfaisante, Joaquin glissa son flingue dans la main de Luben, effleurant du bout des doigts la peau pâle. Le contact fut éphémère. Ses lèvres durent frôler quelques mèches blondes, mais rien ne dura. Rien. Il recula aussitôt. Un autre n’aurait jamais abandonné son arme ainsi. Un autre n’aurait jamais sauvé la môme. Un autre n’aurait jamais décrypté ce qu’il se passait dans la tête du tueur. Et si elle se retournait. Si elle braquait le canon sur sa propre tronche, avec un sourire pervers. Si elle le mettait en joue sans qu’il ne s’y attende. Si elle paniquait. Il avait un couteau dans la poche, des poings, et de l’adresse. Il la désarmerait plus vite qu’il ne l’avait armée. Ce qu’il lui donnait à cet instant, c’était la chance d’une revanche. Joaquin avait touché le fond depuis assez longtemps pour se permettre d’être imprudent. Parfois, jouer avec lui-même l’amusait, le tirait de sa constante léthargie. Splendeur de l’inconscience. « Tiens-toi droite, il dit, la main posée sur la tête d’un de ses chiens. Et tu presses la détente. » Le revolver était un semi-automatique. Est-ce que tu oseras seulement fillette. Il l’imaginait déjà pantelante, s’effondrer, gémir qu’elle n’y arriverait pas. Il s’imaginait déjà lui arracher le calibre des mains et tirer. L’arme n’était pas munie de silencieux, mais elle n’était pas bruyante pour autant ; il le chérissait tout particulièrement pour sa discrétion. C’était aussi la raison pour laquelle ce colt-là ne le quittait jamais. Il regarda le type par terre. Et la gamine. Pendant un moment, il se voulut être à sa place ; il aurait voulu cette place. |
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YOUR OWN PERSONAL JESUS ‹ scanner rétinien : ‹ indice de violence : faible ‹ statut rp : Nikita L. Mankievicz There is a taste for blood and it's deep inside ‹ enfermé(e) le : 16/03/2013 ‹ doléances : 709 ‹ crédits : ©Cyrinne ‹ âge : 21 ans ‹ curriculum vitae : Etudiante infirmière |
| Sujet: Re: I'm forever black-eyed (Joa' & Niki) (flashback) Lun 9 Sep - 21:10 | |
| Tuer. La petite tête blonde y avait souvent pensé. Lorsque tourmentée par une adolescence dérobée, elle s’imaginait se libérer en tuant son ravisseur. Le ravisseur d’innocence, le voleur d’ignorance. Celui qui lui avait offert délivrance pour lui découvrir plus tard, de toutes nouvelles entraves. Ces chaînes là étaient bien plus robustes que celles qu’il avait osé briser. Le tuer, pour se libérer. Mais le temps avait convaincu la gamine de deux choses. Le tuer ne la libérerait pas le moins du monde. Et quand bien même cela en aurait-il eu le pouvoir, elle n’y serait jamais arrivée seule. Le tuer ne serait qu’un combat contre elle-même. Et personne ne le tuerait sans qu’elle ne prenne le risque de s’interposer. Elle le sauverait. Peut-être serait-ce là, sa délivrance. Lui offrir ce qu’il avait laissé d’elle et partir. Lui prouver par l’acte de dévotion le plus parfait, qu’il ne l’avait pas brisée. Qu’elle s’en était sortie. Que son traumatisme avait pris une toute autre forme, inattendue, presque contre nature. Alors peut-être qu’il en crèverait avec elle. Alors peut-être n’avait-elle aucune plus belle manière de le tuer que celle-ci. Parce qu’elle détruirait alors tout le fantasme qu’il s’était fait de cette nuit où il l’avait abandonnée, paumée, brisée, sur le sol crasseux du métropolitain. Ce fantasme de l’avoir détruite, de lui avoir fait mal en lui faisant du bien. Elle pourrait bien le briser en lui démontrant qu’il lui avait fait du bien en lui faisant du mal. Ou bien s’en moquerait-il ? Peut-être y verrait-il là encore un modèle de destruction. En ce manque de Lui qu’il avait su créer. Peut-être était-ce en cela qu’il l’avait anéantie ? A jamais. Mais quelque soit le mal qu’il avait su trouver en elle, elle n’aurait su lui ôter la vie. Peut-être pas plus qu’à un autre d’ailleurs. Pourtant, le monstre démembré à ses côtés, lui en donnait la volonté. Pourtant son cavalier noir, à présent redressé, lui en donnerait les pleins pouvoirs. Le monstre ne se dandinait plus. Il ne restait que quelques murmures étouffés des râles qui plus tôt fendaient le silence, en faisant écho aux cris de la gamine apeurée. Le son de sa voix se ferait-il entendre de nouveau si elle tirait ? Si elle le ratait ? Aurait-il peur comme elle avait eu peur ? La supplierait-il de l’épargner comme elle avait su le faire ? Et saurait-elle ignorer ses complaintes comme lui était parti pour le faire ?
La petite blonde, sans dire mot, se redressa à la suite de son cavalier noir. Elle qui aurait su se relever seule, offrit sa main à celui qui venait de lui tendre la sienne, amie, pour l’y aider. Elle ne s’y appuya que très peu cependant. Prendre cette main n’était pas un appel à l’aide. Tout comme la lui tendre n’avait eu que peu l’aspect d’une proposition. La gamine y vit ce qu’elle voulait y voir. Et y répondit tel qu’elle l’imaginait. Comme un pacte. Promesse silencieuse qu’il pourrait au moins lui faire confiance sur ce coup là. A cette badine au prénom tout sauf américain, à cette frimousse mensongère. Sur ce coup là, elle ne lui ferait pas de crasse. Elle lui en devait une, peut-être même qu’elle lui en devrait deux sous peu. Leurs mains se déjoignirent et la gamine chancela légèrement sur ses jambes fragilisées par les nerfs. Elle pouvait sentir son corps trembler de toute part, la grisant dans une sensation de faiblesse désagréable. Tellement fragile. Son souffle quant à lui salvateur, semblait se frayer un tout nouveau chemin dans sa poitrine, s’élevant avec une légèreté des plus précieuses et précaires. Si elle savait composer avec la culpabilité ? C’était un sentiment qu’elle n’avait jusqu’alors jamais connu. Si elle savait tirer ? Bien entendu que non. La gamine n’avait même jamais tenue d’arme à feu entre ses mains. A peine un couteau, dérobé à un badaud tandis qu’il lui raclait les amygdales. Presser la détente, cela ne devait pas être très compliqué. Elle l’avait souvent vu dans les films. Elle avait souvent mimé ce geste devant la glace de sa salle de bain d’adolescente, rêvant de tuer son image. La gamine ne réalisa l’ampleur des dégâts qu’une fois l’arme au poing. Son cavalier noir l’avait placée, dirigée vers l’homme qu’elle prétendait tuer. De la même façon qu’il avait su tout à la fois lui ordonner de se lever et le lui proposer, il venait de la déplacer autant que de l’accompagner dans son geste. Et le froid de la crosse n’avait en rien fait disparaître le souffle chaud du cavalier noir dans ses cheveux, à la naissance de son cou sur son épaule. Et comme si ce souffle était celui qu’il lui insufflait, celui de la gamine se rompit, suspendu au canon. Concentrée et excitée, la petite blonde leva son arme légèrement, vers le sol, jusqu’à tenir en joue le violeur avorté. Il semblait si inoffensif ainsi. Tellement moins dangereux que celui qu’elle venait de désarmer. Son cavalier noir... Ne devrait-elle pas se débarrasser de lui avant d’en finir avec l’autre larve ? Etait-ce pour lui laisser cette chance que deux balles demeuraient encore dans le barillet ? Il s’était éloigné d’elle et le vide laissé par ses mains à présent absentes, sur les épaules de la gamine, semblèrent y avoir déposé un poids bien trop lourd pour un corps si gracile. La panique souleva le cœur de la gamine, anéantissant toute forme d’excitation. Elle déglutit difficilement et le colt lui sembla plus lourd. Si lourd. A l’extrémité de ce bras tremblotant. Viser. Elle savait le faire. Bien qu’hésitante, son geste serait sur. Si seulement elle avait su appuyer sur la détente. Si seulement son index ne s’était pas crispé sur le métal agressif. Focalisée sur ce bras frémissant de plus en plus, sur ce bras effrayé, des larmes d’impuissances embuèrent ses rétines et bientôt elle fut bien incapable de distinguer sa cible qui, par les supplications, restait pourtant bien présente. Le scanner. Sa putain de culpabilité n’avait que lui pour origine. Elle ne voulait pas craindre ce système. Elle ne voulait pas se faire enfermer. Peut-être même qu’elle était déjà aller trop loin. A ce qu’on racontait, certains prétendus fous n’avaient jamais fait que souhaiter de tuer. Etait-elle coupable d’avoir pensé si fort ? Le cœur tambour battant dans sa poitrine, elle resserra l’étreinte sur la crosse qu’elle sentait lui échapper, entre des mains humides d'anxiété. « Votre nom c’est quoi ? » Siffla-t-elle entre ses dents serrées. Le monstre répondit. « Pas toi putain. J’m’en branle de ton nom à toi raclure. » Son cavalier noir. Il ne s’était pas présenté. Il lui avait demandé un prénom mais n’avait pas trouvé utile de lui en donner un en retour. A quel nom répondait l’homme qui venait de glisser l’arme entre ses mains délicates ? A qui devait-elle ce moment de solitude chaotique ? Baissant son arme avec empressement, la gamine donna un coup de pieds nerveux dans l’épave allongée devant elle. « Putain d’enflure, sac à merde ! » Sa voix s’était brisée. Elle aurait voulu se donner du courage, relever son arme et presser la détente, lui ôter la vie. Tirer plus de fois qu’il ne restait de balles. Mais même hurler toute sa rage n’y ferait rien. Elle fit un premier pas en arrière, le colt pendant maintenant à l’extrémité de son bras balançant contre son corps, nerveusement. « Putain… » Un nouveau pas l’éloigna encore un peu de son objectif. « Putain ! » hurla-t-elle enfin comme une môme à qui on refuse un caprice. Si ce n’est que le refus s’élevait d’une part d’elle-même, en désaccord avec sa moitié brisée. Les sanglots suivirent, sa poitrine se soulevant, comme choquée par une remontrance inattendue. « J’y arrive pas putain… Faite le pour moi. Faite le pour moi. » La bousculade de pensées s’entrechoquant dans son esprit n’avait d’égal que les larmes se liant dans son regard. « Non. Le scanner vous enfermerait. Putain de scanner. » Cette machine machiavélique excuserait-elle un homme d’avoir tué une vermine ? Ce monstre de partialité et de subjectivité abjecte ferait-elle la part des choses ? Verrait-elle seulement l’acte héroïque du cavalier noir ? |
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| Sujet: Re: I'm forever black-eyed (Joa' & Niki) (flashback) Dim 29 Sep - 19:10 | |
| La gamine ne tirera pas. Le bras tremble, les jambes flageolent. Le cœur palpite dans le poitrail.
Elle ne tirera pas.
Il retient aussi son souffle, curieux, anxieux, impatient. Il y a quelque chose d’excitant, de profondément dégueulasse, de malsain, dans l’incitation au meurtre, même d’une raclure, d’un mec qui allait lui écarter les jambes pour se vider. Joaquin évita d’ajouter quoique ce soit, même si les mots lui brûlaient la gorge. Mauvaise influence. Regarde-le. Il aurait joui, se serait barré. Il t’aurait probablement battue, frappée, giflée, craché dessus. Tu n’aurais été qu’une petite pute qu’il aurait tringlée comme ça, pour le fun. Tes cris, tes supplications, c’est le théâtre de l’horreur, et personne ne se serait levé pour te sauver. Il t’aurait fait souffrir sans te tuer, parce que ce n’est pas ce qu’il veut. Un vide-couilles. Se souviendrait-il de ton visage tuméfié et strié de larmes, blondie ? Bien sûr que non. Putain, bien sûr que non. Les merdeux dans son genre, il les castrait avant de les tuer. Là, il observait, spectateur du dernier acte, dissimulé dans les ténèbres de l’audience. Les rideaux ne tarderaient pas à tomber sur un corps à l’agonie et la frêle silhouette d’une poupée blonde terrifiée. À quoi rêvait-elle, avec le pouvoir ? Que désirait-elle ? Mettre un terme au cauchemar, le laisser moisir sur ce sable sombre ? C’est pas une histoire d’avoir des couilles, pensait-il, ses billes étincelantes rivées sur ce bras maigrichon au bout duquel pend une arme trop lourde, c’était juste… c’était juste une histoire de le faire. D’ôter une vie. D’arracher quelque chose qui ne pourrait jamais être remplacé, d’être responsable. Peut-être tuer une partie de soi avec. Déchirer son humanité. Les cheveux blonds dans les yeux, les vêtements élimés, les converses pourries. Princesse déchue. Elle craqua avant même qu’il n’ouvre la bouche. Joaquin eut un mouvement de recul – elle avait le revolver après tout, et pour un peu qu’elle décide que sa vie n’avait plus de sens, ou qu’elle soit une de ses droguées suicidaires… Il était con, ce soir. Il avait bondi toutes dents dehors sur un type, l’avait défiguré sans réfléchir un seul instant aux conséquences, pour sauver une gamine… et maintenant, il lui foutait un putain de flingue entre les mains, l’érigeant en juge suprême, en déesse. Il était jetlagué, à coté de ses pompes. Et luttait contre cette envie lancinante de finir cet enfoiré avec ses mains. Retour à la case départ. À travers ce visage tuméfié, il reconnaissait des traits grossiers, des faciès que sa mémoire refusait de reconstituer, des voix… des bribes de souvenirs, des images bloquées et pourtant plus vivantes que jamais. Le sang collait sur ses mains. La gamine cria. Putain, putain, putain, elle répétait. Il ne réagit pas, profondément insensible, la main caressant distraitement le crâne de l’un de ses chiens. Elle lui demanda son nom. Son étonnement ne fut pas feint. Une identité. Pourquoi ne pas lui donner un faux, et disparaître de sa vie une fois que leur route se séparerait, ignorer sa question, ou lui répondre qu’elle pouvait lui en donner un, si elle voulait. L’inconnu resterait un inconnu. C’était beau, ce genre de rencontre. C’était poétique. Un sauveur anonyme. Comme s’il restait encore des citoyens honnêtes dans cette ville pourrie de tous les cotés. Comme s’il restait un semblant d’humanité, quelque part. Mais il n’était pas un ange gardien, il n’était pas un justicier nocturne ; il était peut-être pire que ce violeur raté. Avec ses balles dans la poche, cette aisance suspecte avec l’arme. En réagissant sur le vif, il s’était révélé à son insu et elle avait déjà dû deviner qu’il trempait dans quelque chose de louche pour cogner si fort avec la crosse d’un revolver gravé. « Joaquin. » T’as un prénom, démerde-toi avec ça, semblait-il lui dire. Il n’avait pas de papiers sur lui, c’était l’une de ses règles. Si elle avait décidé de presser la détente, elle n’aurait pas été attaquée ce soir ; elle se serait endormie au son des lamentations hantant l’asile. Le scanner l’aurait confondue avant que l’acte soit commis. Ils ne se seraient jamais rencontrés. Et le type, là, en aurait violé une autre. Ça lui faisait mal au crâne d’imaginer des hypothèses à la con comme celle-ci. Ces centres, ce no man’s land, toute cette propagande à deux balles, lui passaient par-dessus la tête. Rien en lui n’appelait à la révolution. Il aurait pu craquer l’allumette, mettre feu aux braises de l’injustice, mais non. Non. Il obéissait docilement, sans songer une seule minute aux conséquences de ses actes. À sa vie. Parce qu’il s’en foutait… parce qu’il était arrivé à un stade où tomber ne l’effrayait plus. Peut-être était-il tout simplement trop désabusé dans son désespoir pour réaliser sa passivité. Complice d’un gouvernement corrompu. Pion, pantin, abruti. Il ne se rachèterait pas en sauvant cette fille. D’autres raisons avaient motivé cette soudaine animalité. L’instinct. Putain de traître. Luben évoqua le scanner. Il oubliait toujours le scanner. Le scanner n’était pas sa réalité. Quand les autres retenaient leur souffle lors de leur contrôle annuel, il nettoyait son flingue et comptait ses balles, enfermé chez lui, assis en tailleur au milieu d’une salle de séjour impersonnelle, ses jouets mortels étalés autour de sa carcasse concentrée. Mais Joaquin pensait aussi que déjouer le scanner était possible, à condition d’avoir une certaine maîtrise de soi, et de ce sentiment traître ; la culpabilité. Quoique. Cela ne l’avait pas empêché d’être déclaré positif, quelques années auparavant. Maintenant, il avait le permis de tuer et ne distinguait plus vraiment le mal du bien ; ces deux notions avaient fini par se mêler, si bien que son monde, avant manichéen, n’était plus qu’un néant dans lequel seule la détonation de son flingue rimait avec justice. Elle ne le ferait pas. « Si tu savais, » qu’il murmura. Il ne réfléchit pas deux fois. Il récupéra son revolver d’entre ses mains tremblotantes et, alors qu’il visait avec nonchalance, Joaquin suspendit son geste. Les pieds enfoncés dans le sable, le bras tendu, il fixait la masse grotesque avec dégoût. Et se rétracta. « Tu crois qu’il mérite une mort aussi rapide ? Abréger ses souffrances… ce serait lui faire une faveur. Hein connard. » Il s’avança, entendit son cœur battre contre son torse, dans ses tempes ; une veine brisée sous son œil. C’était l’adrénaline qui montait, montait, montait, pernicieuse, brûlante, cette envie d’écraser son pied contre ce visage d’enculé. Il conservait une apparence calme. Maître de lui-même ; et pourtant esclave d’une violence sourde et refoulée. Il contempla le sang qui maculait les traits gonflés du type, sans mot dire, avec pour seul fond les vagues s’échouant sur le sable ramolli. La nuit l’empêchait d’admirer son œuvre de brutalité, alors il se pencha vers l’homme, les mains posées sur les genoux. « T’en penses quoi, toi ? Elle t’excite toujours ? » Joaquin perdait peu à peu son sang-froid. Et pour une connerie, en plus. Il ne parlait pas pour elle… il ne parlait pas en son nom. Agenouillé, il se gratta la nuque avec le canon de son flingue. Des râles suppliants. Ses iris azurs se plantèrent dans ceux de Luben, comme s’il attendait sa bénédiction pour l’achever. Il le chopa par la nuque et le força à se redresser, le jetant aux pieds de la gamine en offrande. « Castre-le si ça te fait plaisir… je le laisse là. » Il siffla ses chiens, sans décrocher son regard clair de la carcasse du type. Il ne le tuerait pas – la mort aurait été trop belle. Au cas où il s’en sortirait, Joaquin espérait qu’il n’oserait plus bander. Peut-être l’aurait-il achevé s’il y avait eu viol. « Viens, on dégage. » Il tira le bras frêle, sans attendre un quelconque consentement, et obligea la gamine à suivre ses enjambées rapides, les doigts resserrés autour d’un poignet trop fin. « Je ne veux pas être moralisateur, lança-t-il en approchant de la promenade, mais tu faisais quoi dehors ? Ça craint par ici. » Un semblant d’intérêt. « Assieds-toi un moment. Ça va ? » Il avait presque envie de demander si papa et maman savaient qu’elle traînait dans ce coin. D’un autre coté… elle était tellement paumée. Elle vivait peut-être seule. Avec un copain violent, absent, ou lourd. Avec des colocataires. Des junkies. C’était dur de l’imaginer faire des études ou quelque chose ayant plus de sens que déambuler près de cette plage. En la regardant, il songea à cette caissière de Wal-Mart, une brune, la vingtaine à peine, rêveuse et distraite, qui passait ses articles sans les voir. « Peut-être… il marqua une pause presque gênée. Peut-être que je pourrais te raccompagner. Ou te trouver un taxi. J’sais pas… si t’as besoin d’appeler quelqu’un… »
(PARDON PARDON PARDON pour cet affreux retard, j'espère que ça t'ira, pardon pardon pardon) |
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YOUR OWN PERSONAL JESUS ‹ scanner rétinien : ‹ indice de violence : faible ‹ statut rp : Nikita L. Mankievicz There is a taste for blood and it's deep inside ‹ enfermé(e) le : 16/03/2013 ‹ doléances : 709 ‹ crédits : ©Cyrinne ‹ âge : 21 ans ‹ curriculum vitae : Etudiante infirmière |
| Sujet: Re: I'm forever black-eyed (Joa' & Niki) (flashback) Dim 20 Oct - 15:25 | |
| Tuer n’est pas aussi simple que le croient les innocents. Joaquin. Son cavalier noir avait donc un prénom, comme les autres. Peut-être un mensonge à demi-mot, comme elle avait l’habitude d’en proférer des tonnes. Quelle importance. Pour elle, il serait toujours son cavalier noir. Justicier nocturne d’une gamine courant après le danger. Les doigts serrés fébrilement autour de la crosse de l’arme trop lourde pour elle, les secondes s’étirèrent, s’étiolèrent, donnant à sa posture cet air surréaliste qu’avaient l’habitude de prendre ses songes. L’esprit embrouillé par les coups reçus et par la panique, la gamine, paumée, avait oublié tout de ce qui l’avait amenée ici, sur ce sable bousculé et tâché d’une étreinte indésirable. Agitée, elle n’aurait su rester sur place, les pieds fermement plantés dans le sol qu’elle aurait voulu mouvant, pour disparaître. Elle piétinait, l’arme balançant dangereusement au bout de son bras, secoué de tremblement, comme le reste de son corps abîmé par la nuit et par la vie. Agitée, elle gigotait, tournant sur elle-même, faisant face, par intermittence, à son violeur, puis à son sauveur. Joaquin. Il n’avait pas cillé. Peut-être alors n’avait-il pas menti ? Trois choix s’offraient à elle. Deux d’entre eux s’étaient avérés manifestement irréalisable. Elle serait trop faible pour le tuer. Elle serait trop faible pour les tuer. Le scanner aurait raison de sa culpabilité. La peur qu’il ne la détecte dangereuse lors de leur prochain rencard, lui fit envisager la pire des échappatoires. En finir. Les morts ne savent pas la chance qu’ils ont. Ils sont bien les seuls à pouvoir échapper au scanner. Qu’elle était belle la société, dans son interdiction de nuire aux autres et dans sa permission de se nuire à soi-même. Ainsi la seule vie qu’elle saurait prendre impunément serait la sienne. Terrifiée par ses propres pensés, tête baissée, son regard examina l’arme et elle s’imagina l’ériger contre elle-même, planter le canon si fort contre sa tempe, ou dans sa bouche, à s’en donner des vertiges ou des vomissements. Elle pourrait alors fixer son agresseur et lui hurler sa colère. *Je préfère encore sucer un canon scié que ta queue enflure* Le regard embué de larmes et l’esprit embrouillé par l’arme, ses doigts se desserrèrent autour de la crosse, un court instant, puis s’enserrèrent de nouveau. Et si l’arme tombait sur le sable, dans un bruit sourd, éclaté ? Qui de son agresseur ou de son cavalier noir, serait le premier à bondir dessus pour se faire seul juge de la situation ? Elle n’eut pas l’occasion d’y réfléchir plus encore. Le cavalier noir avait pris l’initiative, la devançant et la sauvant une nouvelle fois. D’elle-même cette fois. Ce faisant, il n’aurait pu mieux libérer la gamine. Dénuée de fardeau et à présent vidée d’énergie, Nikita resta chancelante, toute son attention suspendue aux lèvres du cavalier noir qui venait de prendre sa relève. Si elle savait ? Ne craignait-il pas l’isolement de l’asile ? Le scanner n’avait-il aucun pouvoir dissuasif sur le brun ? Quel non-dit le faisait agir ainsi ? Nikita observa, inerte, paralysée par la peur, celui qui de toute évidence faisait plus que de la défendre, que de la venger. Qui était-il pour réagir avec autant de haine, autant de folie ? La lucidité de la gamine n’était pas assez entamée pour qu’elle puisse croire là en un acte de bravoure désintéressé. Il y avait là, un air de colère latente, une sérénade à la rancœur personnelle. Et de victime secourue, la blonde se sentit basculée vers le prétexte. Et d’actrice d’un mauvais drame, elle se retrouva spectatrice d’un flashback. Sans qu’elle ne puisse mettre la main dessus, la gamine pouvait distinguer, dans le comportement de son cavalier noir, qu’il en faisait une vengeance personnelle. Et sans qu’elle ne réalise tout à fait pourquoi, celui qui venait de la sauver d’un drame à répétition, lui faisait à présent bien plus peur que son précédent agresseur.
Aussi la panique ne s’évanouit pas lorsqu’il l’emporta, de force, loin de l’homme brisé et presque rassurant laissé lascif sur le sable. Elle n’avait d’autre choix que de suivre son cavalier noir tentant de trouver en elle, un semblant de confiance aveugle. Elle n’écouta pas les mots du brun, bien qu’elle discerne avec une parfaite clarté, le ton de reproche qu’il y employait. Seule l’étreinte désagréablement douloureuse et oppressante qu’il appliquait sur son poignet trouvait écho dans l’esprit drogué de la gamine. « Vous me faites mal. » Fut les seuls mots qui surent sortir d’entre ses lèvres meurtries. Et au même moment elle fut soulagée. L’homme qui l’avait ramenée à la terre ferme, lui avait trouvé un banc et l’avait obligée à s’asseoir dessus, dernier acte d’autorité avant de la lâcher, de la laisser libre de ses mouvements. Elle ne sut pourtant jouir de cette liberté pour s’enfuir. Elle fit oui de la tête lorsqu’il lui demanda si elle allait bien, un signe discret, hésitant et timide. Puis non lorsqu’il lui proposa de la raccompagner ou de la mettre dans un taxi. *C’est ca, claque la gamine dans un taxi, débarrasse toi de moi… Tu ne vaudras pas mieux que les autres* Tous le monde finirait par l’abandonner. Comme Joshua l’avait fait sur le quai du métropolitain. Rien n’aurait pu dissimuler la déception dans le regard de la blonde. « Me laissez pas. » Fit-elle presque suppliante en tirant sur la veste de l’homme, posée plus tôt sur ses épaules, pour s’en entourer parfaitement. Sa peur d’être seule avait depuis longtemps eu raison de sa peur de lui. Elle jeta un regard aux chiens et se souvint des reproches de l’homme. « C’est pas une heure décente pour sortir des chiens non plus. » Elle était peut-être paumée et droguée, mais elle ne manquait pas de perspicacité et de caractère. Appeler quelqu’un. Elle considéra cette possibilité et constata sans la moindre tristesse qu’elle n’avait personne à appeler. « J’ai nulle part où aller. » Nouveau mensonge d’une gamine désemparée de solitude. Elle pourrait rétablir la vérité plus tard au pire. Elle ne voulait juste pas rentrer chez elle. Elle ne voulait juste pas s’y retrouver seule. Il la l’y laisserait si elle le laissait la raccompagner. Il avait forcément un chez lui. Puisqu’il avait deux chiens. Et en bonne santé de toute évidence. Ceux-là semblaient mieux nourrit que leur maitre. A bien y réfléchir, c’était vrai aussi pour les sans domicile fixe bien souvent. « Et eux, c’est quoi leur prénom ? » Elle les désigna d’un signe de tête. Ils étaient aussi presque plus rassurants que leur maitre. Le froid de la nuit lui mordait les lèvres devenues écarlates et la fatigue lui courbait le corps. « Je pourrais rentrer avec vous. Je serais partie à l’aube. Je vous embêterais pas. » |
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YOUR OWN PERSONAL JESUS ‹ scanner rétinien : ‹ indice de violence : moyen ‹ statut rp : dispo (trois places)Joaquin Rivera There is a taste for blood and it's deep inside ‹ enfermé(e) le : 12/04/2013 ‹ doléances : 975 ‹ crédits : mushy (avatar) + tumblr (gif) + eminem (lyrics) ‹ âge : trente-neuf ans ‹ curriculum vitae : ex-lieutenant de la navy seal, ancien larbin du gouvernement ‹ raccourcis : kill your ego • steal a new face • a vision to none |
| Sujet: Re: I'm forever black-eyed (Joa' & Niki) (flashback) Sam 26 Oct - 16:03 | |
| Un dernier regard vers la plage. Luben couina mais il n’y prêta pas attention. « Fais pas la maligne. » Sa mâchoire se contracta. Elle avait raison, cependant. On ne sortait pas ses chiens en plein milieu de la nuit – en théorie. Son horloge interne était trop déréglée pour qu’il s’inquiète de l’heure. À sa tronche, il avait besoin d’une bonne nuit de sommeil, mais ses insomnies l’empêchaient de fermer l’œil. Il passait le temps. Et ses mains tremblaient. Il lorgna ses phalanges poisseuses, un peu égratignées. Il aurait dû les rincer au bord de la mer, mais il était trop déboussolé pour réfléchir correctement – logiquement. Tant pis. Il s’en foutait. Et la petite voix s’éleva encore, perça un peu plus le lourd silence qui s’était abattu sur la promenade, le suppliant presque de ne pas partir. De l’amener chez lui. « Putain… » Il lui avait tourné le dos pour se pincer l’arête du nez et poser les mains sur ses hanches, laissant échapper dans un murmure fatigué sa lassitude. Voilà ce que ça donnait, de se jeter dans les bras du diable sans une once d’arrière-pensée. Sauveur de pacotille. Justicier criminel. Sa matière grise surchauffait à force d’imaginer ce qui aurait pu se passer s’il s’était couché, s’il avait préféré Central Park à la plage, s’il n’avait pas levé le petit doigt. S’il avait embarqué son iPod, s’il n’avait pas entendu. Il n’aurait jamais su, et peut-être que ça n’aurait pas été plus mal – l’ignorance avait parfois quelque chose de réconfortant. À cet instant, d’autres mouraient. À cet instant, une fillette lui réclamait un coup de main. Le destin lui jouait un bien vilain tour, à l’ancien vagabond errant sur un bord d’autoroute. Quelqu’un d’autre aurait pu refuser cet asile et la foutre dans un taxi, dans un hôtel à trente dollars la nuit, effacer son visage de sa mémoire. Mais il ne pouvait pas. Il ne pouvait pas renier le fugueur qu’il avait été aussi, le pouce levé vers des voitures indifférentes à son sort, obligé de d’asseoir et d’attendre que les courbatures passent à force d’avoir trop marché. La peur au ventre à l’idée d’être retrouvé, de ne pas savoir où aller, d’être livré à lui-même. Il regardait cette fille, et il se demandait si leurs histoires étaient différentes, pourquoi il la rejetterait, pourquoi il disparaîtrait. Sinon, à quoi bon. Quel aurait été le sens de cet acte soi-disant héroïque ? Autant passer son chemin, ignorer les cris et les supplications. Maintenant, il s’était engagé dans quelque chose qui le dépassait complètement. Au départ, ce n’était qu’une vendetta refoulée éclatant enfin, la rage étouffée par l’écho lointain de l’océan. Et là, il fixait cette blondinette sans savoir quoi en faire. La ramener chez lui. Oui. Peut-être. Ce n’était pas une mauvaise idée, et elle serait en sécurité… Elle dormirait. Il pourrait même lui prendre un truc à bouffer sur le chemin, elle avait la peau sur les os. D’où elle sortait, cette gamine ? Que faisait-elle, les autres soirs ? Il n’avait rien sur lui. Quelques dollars. Aucune carte de crédit, aucun papier d’identité. Juste ses clefs, du liquide et cette conscience qu’il avait crue en veille. Joaquin jeta une œillade à ses chiens qui, bien qu’immobiles, commençaient à s’habituer à la présence de Luben. Il vivait seul. Il mangeait seul, il dormait seul, il voyageait seul, il travaillait seul. Il n’avait plus le temps de s’occuper des autres, il avait oublié comment l’entraide fonctionnait. Tenir une porte à sa voisine, souffler un bonjour dans la cage d’ascenseur… ces marques hâtives de politesse ne signifiaient aucunement qu’il se préoccupait du sort de son prochain. C’était une adolescente. Une petite poupée un peu cassée, avec ses cheveux emmêlés et ses yeux de biche défoncée. Joaquin n’avait pas ni peine ni pitié pour elle, il se demandait juste qui avait joué avec elle de cette manière. Qui la malmenait, qui l’obligeait à fuir dans le noir, qui l’avait poussée dans les bras du danger. Était-ce possible, de sentir proche d’une personne sur qui l’on ne savait absolument rien ? De vouloir lui murmurer qu’il comprenait ? De l’agression à l’abandon, il comprenait. Elle l’interrogea distraitement sur ses chiens, dont les oreilles se redressèrent immédiatement – comme si elle voulait détourner la conversation, ou simplement parler. La langue dehors, son labrador vint se frotter contre sa jambe et leva vers lui un regard qu’il devina ennuyé. « C’est… lui, Iron, marmonna-t-il en le désignant, et Hunter », son menton pointa alors le berger allemand, sagement assis près du banc. Ses deux cabots étaient ses seuls amis, deux rares privilégiés à qui il adressait cette œillade attendrie et complice. Un éclat, au fond de ses yeux clairs, bref mais sincère. Une drôle de famille, complètement dysfonctionnelle – ou ce qui le rattachait encore à la notion de famille. En parlant de famille. « T’as pas des pa… peut-être pas, non. Il marqua une pause embarrassée. Tu voudrais passer la nuit chez un inconnu après ça ? » Réfléchis-y à deux fois, il lui intimait. Mais la tentative serait vaine. Elle avait avancé l’idée elle-même, il n’avait rien proposé. Il ne lui tendait pas les bonbons, il n’avait même pas songé à cette possibilité. Insinuer le doute ne marcherait pas. Elle n’avait pas à lui faire confiance, mais il pouvait lui promettre qu’il ne la forcerait pas à écarter les jambes. À quand remontait la dernière fois qu’il avait accueilli quelqu’un dans son appartement minable ? Elle était menue, elle ne prendrait pas de place. Putain, il se disait, putain, non, la ramène pas. Il s’acharnait à peser mentalement le pour et le contre alors que la réponse coulait de source. Il avait le choix. Un choix plutôt simple, manichéen, entre la bonne solution et la mauvaise solution. La laisser en plan, lui jeter à la gueule ‘démerde-toi’ et disparaître, au risque de repasser son visage en boucle jusqu’à la fin de ses jours, ou l’aider avec ses maigres moyens, lui permettre de prendre une douche, de manger quelque chose. Appeler un taxi le matin. Finalement… finalement, qu’est-ce que ça lui coûterait. Il savait à quoi ressemblait la rue, la nuit venue, et il ne le souhaitait à personne. Un détail, cependant, le tira de ses pensées. Joaquin s’approcha lentement de la môme et s’agenouilla en face d’elle, les sourcils froncés. « Regarde-moi, murmura-t-il en plongeant ses iris clairs dans les pupilles de la gamine. Bouge pas. » Il examina attentivement l’état de ses yeux explosés avant d’attraper son bras, sur lequel il ne remarqua pas de traces de piqûre. « T’as pris un truc ? Ou c’est lui qui t’a refilé quelque chose ? » Depuis le début, elle était défoncée. Il n’avait pas besoin d’être de la brigade des stups pour deviner son état, mais il lui donnait le bénéfice du doute. Et elle lui répondrait peut-être que ce n’était pas de sa faute. Et il hocherait probablement la tête, d’un air entendu. Elle n’avait pas l’air d’une camée en manque… à ses yeux, elle n’était qu’une fillette qui n’avait pas choisi le bon soir pour sortir. Sans attendre de réponse, Joaquin se redressa et prit une profonde inspiration pour calmer ses nerfs à vif. « Putain, siffla-t-il encore en se massant la nuque. Ok. Ok. On n’a pas d’autre solution. » Joaquin se blâmait silencieusement. « J’habite à Bay Ridge, peut-être que tu connais le coin. » C’était inconscient. C’était irréfléchi. Il ne s’expliquait pas sa réaction. Il ne s’expliquait rien. Il avait son âge quand il s’était enfui. Peut-être qu’elle n’était pas différente. « Ma voiture est garée à dix minutes d’ici. » Il accrocha la laisse au collier d’Iron tout en sifflant Hunter afin qu’il reste à coté de Luben, et ouvra la marche, sans mot dire. L’allure n’était pas pressée, ses enjambées moins rapides que lorsqu’ils avaient quitté la plage. Mais peu importe ce qu’il entendait, il ne répondait pas. Ses iris électriques vagabondaient autour de lui, d’un New York calme. Trop calme. Cinq, dix, quinze minutes. Le temps filait, et il jetait parfois des œillades à ses cotés, s’attardant sur le profil de la jeune fille. Les phares d’un 4x4 sombre clignotèrent, sur le bord d’un trottoir. Il ouvrit les portières arrière pour ses chiens avant de s’engouffrer dans le véhicule. Joaquin conduisait comme un enfoiré. Trop vite. Et Luben l’apprendrait bien assez tôt – même s’il doutait qu’un conducteur jouant aux abrutis sur la route l’effraie plus que cela. « Y a de l’eau dans la boîte à gants, si tu veux. » Il manœuvra comme à un con et grilla un feu, pour sortir du Queens. |
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YOUR OWN PERSONAL JESUS ‹ scanner rétinien : ‹ indice de violence : faible ‹ statut rp : Nikita L. Mankievicz There is a taste for blood and it's deep inside ‹ enfermé(e) le : 16/03/2013 ‹ doléances : 709 ‹ crédits : ©Cyrinne ‹ âge : 21 ans ‹ curriculum vitae : Etudiante infirmière |
| Sujet: Re: I'm forever black-eyed (Joa' & Niki) (flashback) Mar 5 Nov - 22:04 | |
| Putain. Ce fut la première réponse du brun cadavérique à la complainte non dissimulée de la gamine, petit monstre capricieux et manipulateur. Et Nikita l’observa. La peur l’avait désertée tandis qu’elle regardait l’autre tergiverser. Il y avait de quoi se demander où se trouvait la normalité dans cette scène, dans cette décision qu’il fallait prendre. Un homme normal l’aurait-il plantée ici après l’avoir secourue ? Ou bien se serait-il simplement assuré que tout irait bien pour elle, au moins jusqu’au levé du jour suivant ? Et y avait-il de meilleur moyen, pour cette seconde solution, que de garder l’ingénue près de soi, au plus près de soi ? Si elle passait la nuit chez lui, il pourrait s’assurer qu’elle s’en sorte indemne à l’aube. Car cette gamine là saurait se mettre en danger partout ailleurs, qu’il s’agisse d’une virée en taxi jusqu’à son petit appartement insalubre ou dans un hôtel miteux de la grosse pomme. Elle saurait. Et s’il avait remarqué le frisson lui parcourant l’échine tandis qu’elle fixait l’arme plus tôt, avec une furieuse envie d’en finir, il le savait aussi. Et tout comme il devait avoir vu cela d’elle, elle s’était efforcée de comprendre autre chose de lui, de son sauvetage in extremis. Parce qu’il ne s’était pas contenté de l’extirper des griffes de son agresseur, il lui avait presque fait la peau, s’acharnant sur lui comme un rapace sur une charogne. Cet acharnement là n’avait rien d’altruiste, la petite blonde aurait pu en jurer. Ce type là, son cavalier noir, avait bien d’autres raisons de la défendre. Ce type là avait bien d’autres motivations à sa haine, à sa violence. Et s’il n’avait fallu qu’il se retienne, il aurait pu le tuer. C’était certain. Ce type là était quelqu’un de bien. Suffisamment bien pour se retenir de tuer. Pas assez pour retenir ses coups. Suffisamment bien pour éviter un viol. Pas assez pour le tuer. Suffisamment pour penser à ramener la gamine chez lui. Pas assez pour en être certain et immédiatement décidé. Ce type là était humain. Souhaitant sortir son sauveur d’un dilemme qui clairement semblait plus difficile que de cogner un inconnu aux mains trop baladeuses, -cette décision là ne se prendrait pas par les coups, elle y resterait hermétique- la gamine fit diversion, l’interrogeant sur ses chiens. La question était sincère. Eux aussi avaient participé de son sauvetage et elle souhaitait mettre un nom sur les acolytes de son cavalier noir. Eux au moins ne verraient surement aucun inconvénient à la ramener chez eux. Ils ne pèseraient ni le pour ni le contre. Elle ne fut pas déçu des prénoms que leurs avait donné leur maitre. Des noms violents, des noms de guerriers, d’armes aiguisées. Ce constat la fit sourire naïvement. Encore une preuve qu’elle serait en sécurité à leurs côtés. Elle éleva sa main vers Hunter qui se trouvait le plus proche d’elle et l’approcha doucement pour lui caresser le dessus de la tête, trop hésitante pour que la caresse soit franche, suffisamment naïve pour ne pas retenir ce geste enfantin. En d’autres circonstances, elle y aurait peut-être laissé une main.
Elle fit non de la tête, sans oser regarder celui à qui elle osait pourtant mentir, quand il évoqua la possibilité qu’elle ait des parents. Il n’avait pas fini sa phrase mais la gamine savait qu’elle était d’usage, et il ne lui en fallu pas plus pour la deviner, l’achever en pensée, résonnantes dans sa tête. Concentrée sur le chien qu’elle caresser avec moins d’appréhension à présent, elle préférait lui sourire, plutôt que de reporter son attention sur l’homme qui de toute évidence regrettait peut-être déjà de l’avoir sauvée. Les chiens eux n’auraient pas de regret. Et aussi habile qu’elle soit en mensonge, elle gardait une longueur d’avance sur son jeu si elle n’avait pas à faire face au regard inquisiteur de son interlocuteur. Les regards, ça distrait, ça déconcentre. Elle ne devait pas être déconcentrée. Elle n’eut cependant pas besoin de mentir à cette nouvelle question. Si elle avait envie de passer la nuit chez un inconnu après ce qu’elle venait de vivre ? « Je serais peut-être encore sur le sable, plus dénudée et défoncée que jamais si l’inconnu en question n’était pas intervenu. Et même si cet inconnu porte une arme, qu’il frappe plus fort que quiconque avant lui et qu’il ne semble se sentir plus proches des animaux que des humains… Il n’a pas cillé devant mon corps à moitié nu, il n’a pas bandé et s’est contenté de me couvrir par pudeur et contre le froid. » La démonstration aurait pu s’arrêter là. Mais la gamine refoulait avec difficulté un nouveau sourire amusé. « Et j’ai souvent l’impression d’être un chien errant. » Elle fronça son petit nez à cette dernière remarque. Peut-être que cet argument était le meilleur qu’elle ait finalement. Comme les chiens de son cavalier noir, elle saurait se poser dans un coin de son appartement et ne faire aucun bruit, aucun mouvement. Elle ne ronflait pas en dormant. Eveillée non plus d’ailleurs. Elle se montrait parfois vulgaire mais pourrait remédier à cela en retenant ses mots. Elle saurait se retenir de manger bien qu’elle crève la dalle. Elle saurait se retenir de dormir bien qu’elle soit complètement éreintée. Et pour lui, tout serait comme s’il avait un clebs de plus. A ceci près que Luben n’était pas un prénom de guerrier. Nikita à la limite aurait été plus approprié. Elle aurait pu aussi tout simplement lui avouer qu’elle ne voulait pas être seule chez elle après ça. Tout aurait été plus simple. Plus sensible aussi. A la voir sourire comme ça, pour elle, sans raison apparente, tout portait à croire qu’il s’agissait là de la drogue lui rongeant les tripes et le cerveau en même temps que l’iris. Et ce fut surement ce qui irrita les pensées du brun qui l’obligeait maintenant presque à le regarder, accroupie face à elle. Elle planta son regard déglingué dans le sien. Et bien qu’il lui ait offert un alibi magistral pour expliquer ses pupilles dilatées, elle n’eut l’envie de mentir sur ce sujet. Elle n’aurait su dire si ce fut l’envie d’établir une relation de semi-confiance ou simplement la peur de ne pas être crédible en mensonge qui la poussa à dire la vérité mais ce fut ce qu’elle fit. Peut-être que si elle disait la vérité une fois sur deux, en alternance avec un mensonge bien fait, alors peut-être qu’il l’emmènerait chez lui et qu’elle pourrait s’y reposer d’esprit quelques heures. Avant le retour inévitable au combat contre la vie. « J’ai pris quelque chose, en début de soirée, pour sortir. » Fit-elle à Joachin qui s’était déjà redressé comme s’il se foutait bien de la réponse. Elle haussa les épaule longuement, y enfouissant son cou, gênée, tout en se mordant la lèvre inférieure. Ses dents grincèrent affreusement sur du sable récupéré là sur ses lèvres meurtries. Elle grimaça et s’essuya la bouche, risquant d’y réveiller la douleur.
Putain. Une nouvelle fois. Et le verdict tomba. Elle rentrerait avec lui. Il ne l’abandonnerait pas ici, sur ce banc moisi. Nikita se pinça une nouvelle fois les lèvres, pour retenir un sourire satisfait mais un soulagement sincère se lut dans son regard. Elle se leva doucement et suivit Joaquin en silence, trottinant par moment à moitié pour le suivre, et à moitié pour jouer avec les chiens. Trop disciplinés. Ils ne joueraient surement qu’avec leur maitre. Gamine capricieuse, la blonde commençait à s’impatienter lorsque les phares clignotant d’une grosse voiture l’aveuglèrent un court instant. Elle cligna des yeux, grimaça de nouveau et hésita à monter dans la voiture, autant qu’elle avait hésité à caresser le chien. Hunter était déjà monté lui. C’est qu’elle ne risquait rien surement. Elle prit place côté passager et jeta un regard derrière aux chiens puis à son cavalier noir. Elle n’eut pas le réflexe d’attacher sa ceinture et s’y reprit lorsqu’ils commencèrent à prendre de la vitesse. Soudainement elle se surprenait à tenir à la vie. Suffisamment pour mettre sa ceinture lorsqu’elle songeait à l’accident. La main fermement accrochée à la poignée au plafond, son petit corps n’avait de cesse d’être secoué sans que cela ne l’inquiète réellement. Son regard, inlassablement posé sur son cavalier noir, en détaillait chaque traits, soulignés un par un, par les ombres et lumières de la ville, dans un spectacle magnifique. Il était beau son cavalier. Malgré son visage émacié et sa mine fatiguée, il était beau. Il mit un terme au spectacle en lui proposant de l’eau. Rideau. Elle se saisit de la bouteille dans la boite à gants et l’ouvrit pour boire. Un mouvement trop brutal de volant la fit déraper et elle prit plus d’eau dans la bouche qu’elle ne l’aurait souhaité. Fausse route. Espérons qu’il ne s’agisse là que de l’eau. Elle toussa quelques secondes puis chercha son souffle tout en refermant la bouteille. « Merde » Bouteille refermée, elle se tourna vers Joaquin confuse. « Désolé. Pour le gros mot. J’ai pas mis d’eau partout je vous jure. On y est presque ? » |
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YOUR OWN PERSONAL JESUS ‹ scanner rétinien : ‹ indice de violence : moyen ‹ statut rp : dispo (trois places)Joaquin Rivera There is a taste for blood and it's deep inside ‹ enfermé(e) le : 12/04/2013 ‹ doléances : 975 ‹ crédits : mushy (avatar) + tumblr (gif) + eminem (lyrics) ‹ âge : trente-neuf ans ‹ curriculum vitae : ex-lieutenant de la navy seal, ancien larbin du gouvernement ‹ raccourcis : kill your ego • steal a new face • a vision to none |
| Sujet: Re: I'm forever black-eyed (Joa' & Niki) (flashback) Dim 24 Nov - 22:59 | |
| Des chiens errants. C’était peut-être ce qu’ils étaient. Délaissés, désorientés. La comparaison aurait pu lui arracher un sourire tant elle était criante de vérité ; regardez-les, ces deux âmes isolées, échouées près de la plage, du sable collé aux pompes et du sang tachant leur peau. Ils avaient peut-être plus en commun qu’ils ne voulaient le croire, à moins que ce ne soit simplement lui divaguant alors qu’il commençait à regretter sa décision. Mais encore une fois, quelle aurait été l’utilité de la secourir si c’était pour l’abandonner ? Luben devait être ce genre de gamine. Elle portait ses emmerdes sur sa tronche de porcelaine fêlée. Et plus il croisait son regard allumé, plus elle l’intriguait, avec son coté d’enfant perdue. Il ne posait pas la question, d’habitude. Il n’y répondait même pas. Dans la vie ou au boulot. Joaquin n’était plus curieux de rien, surtout pas de la vie des autres. Mais cette môme l’obligeait à penser, à réfléchir. Son air mutin, ses grands yeux bleus, ses cheveux blonds tout emmêlés, ses fringues. Putain, qui t’a fait ça, il se demandait. Qui t’a lâchée dans la nature, dans cette jungle urbaine. Elle ne serait pas plus mal chez lui – le temps d’une nuit. Dans la voiture, il n’avait pas attaché sa ceinture et conduisait avec le pied coincé sur l’accélérateur. Comme s’il n’en avait rien à foutre, de crever dans un accident. Et quelle mort ridicule ç’aurait été, compte-tenu de son pedigree. Être éjecté de son siège, passer par le pare-brise, s’écraser contre l’asphalte, la gueule défoncée et les yeux grands ouverts sur sa propre agonie. Ses chiens étaient calmes, à l’arrière ; ils avaient conscience de l’imprudence routière de leur maître, contrairement à la gosse, assise à la place du mort. Elle laissa échapper un « putain » pour lequel elle s’excusa aussitôt. Il eut l’éphémère impression d’être son père, de la ramener d’une soirée qui avait mal tourné, et de la reprendre sur un juron – c’est pas beau, dans la bouche d’une fille. Mais il n’était qu’un inconnu. « Pas grave, » lâcha-t-il, la main posée sur le frein. Du moment que ça ne tache pas. Seule sa paume touchait le volant. Ses doigts droits, en l’air, s’enroulaient parfois autour lorsque le véhicule prenait l’angle d’une rue. Les lumières de la ville filaient à toute allure, de vagues faisceaux lumineux courant sous ses yeux. Il aimait rouler de nuit. Pour ce paysage irréel, illuminé par ses phares, cette sensation d’infini. Laconique, il ne parla pas davantage et commença à ralentir à l’entrée de Brooklyn. Joaquin se garait toujours au même endroit, dans une rue adjacente à la sienne, où son monstre de ferraille ne dérangeait personne. Il détestait être coincé entre deux bagnoles. Le quartier n’avait rien d’impressionnant, rien de mystérieux. Pas de gangs bravant le couvre-feu, pas de tagueurs nocturnes barbouillant les murs, personne. Un paysage décevant de normalité. Finalement, elle était là, sa vie. Dans ses habitudes, ses manies. Il laissa descendre ses chiens et ouvrit la marche, après avoir verrouillé le véhicule. Ses clefs dans une main, l’autre enfoncée dans la poche. Les immeubles se ressemblaient tous, dans un style typiquement new-yorkais. Les classes moyennes s’entassaient dans des appartements abordables et paisibles, dans ces quartiers où même à la tombée de la nuit, on ne risquait rien. C’était une belle et cruelle ironie pour lui. Il aurait pu s’acheter un loft, quelque chose de plus spacieux, avec ses moyens, mais avait décidé de se replier dans un coin sans histoire, où ses voisins étaient soit des retraités à moitié sourds ou des familles trop occupées pour se soucier de son existence. Il ouvrit la porte de son immeuble et la tint pour Luben, révélant un hall un peu défraîchi et sans ascenseur. Seulement des escaliers et une quinzaine de boîtes aux lettres aux étiquettes abîmées. Ses chiens, connaissant le chemin, s’élancèrent les premiers vers l’étage supérieur, tandis qu’il leur emboîtait le pas. Ils dépassèrent le premier, puis le deuxième, et Joaquin s’engagea dans le couloir en arrivant au troisième, les clefs à la main. « C’est pas l’hôtel cinq étoiles, » prévint-il en enfonçant les clefs dans la serrure. Il passa rapidement sa main dans le dos de Luben pour l’inviter à entrer et referma la porte derrière lui. Ça n’avait même pas de gueule, pas de vie. La propreté des lieux ne faisait que renforcer cette impression de vide, comme si le propriétaire ne passait pas assez de temps chez lui pour dégueulasser un peu, sans le vouloir, simplement parce qu’il était censé vivre ici. Les murs, entre briques et papier peint terni, étaient nus, à l’instar du sol, où ne traînaient même pas les poils de ses chiens. Presque une chambre d’hôtel, quelque chose qui paraissait ne pas lui appartenir, alors qu’il y habitait depuis plusieurs années déjà. Une odeur de café flottait dans la salle de séjour. Il jeta les clefs sur le meuble de l’entrée pendant que ses chiens se faufilaient entre ses jambes pour rejoindre leurs coussins, toute langue dehors. Il les suivit en étouffant un bâillement. Il n’y avait qu’un salon, une cuisine à l’américaine, une grande fenêtre donnant sur la rue, et deux portes au fond de la pièce. Tout était rangé, ordonné, classé. Les journaux sur la table basse, les livres dans la bibliothèque d’allure contemporaine, son bureau, où reposait un ordinateur portable fermé et débranché, quelques DVD sous la télévision. Maniaque au possible, traquant la poussière sur les étagères, le balai à la main, le chiffon dans l’autre. L’endroit ne ressemblait même pas à une garçonnière. Juste un type vivant seul, avec ses chiens. Probablement trop occupé, trop obsédé par le boulot, pour se poser un moment devant sa télévision. Il n’y avait pas d’histoire à raconter, pas d’aventures à imaginer. Pas de photographies traînant dans les parages, ni de tableaux pour se faire une idée de ses goûts. Il avait seulement une carte des Etats-Unis punaisée au-dessus de son bureau. Le mobilier était moderne, neuf – comme inutilisé. « Fais comme chez toi, » lança-t-il par-dessus son épaule. Après tout, que cet appartement accomplisse sa destinée avec quelqu’un. Du moment qu’elle n’incendiait pas l’immeuble. Il ouvrit la porte d’une espèce de cagibi, qui abritait une commode et un monticule de bordel disparate dont il n’avait jamais eu le temps de se débarrasser au moment de son déménagement, et fouilla dans ses vieilles fringues. La fatigue tira sur ses cervicales lorsqu’il se pencha pour extirper des draps propres d’un tiroir à moitié ouvert. Quelque chose heurta mollement le sommet de son crâne et échoua à ses pieds ; une peluche. Il le ramassa, malgré ses bras chargés, et, plutôt que le reposer dans un coin pour mieux l’oublier, le balança contre une étagère sans chercher à comprendre, un peu précipitamment. Une coïncidence. Il accueillait une enfant chez lui, s’occupait d’elle comme s’il lui devait quelque chose alors que ce n’était qu’une solution pratique, une alternative rendant simplement service. Elle ne l’avait pas forcé, elle ne l’avait pas supplié. Il était trop tard pour regretter quoique ce soit, maintenant. Et en son for intérieur, il préférait la savoir sous son toit que perdue à l’extérieur, s’amusant à marcher sur la bordure du trottoir, les bras en l’air et la conscience brouillée par la drogue. Joaquin revint dans le salon après avoir refermé la porte de la pièce d’un coup de pied bien senti. « Tu peux prendre une douche, c’est la porte là-bas, juste à coté de la fenêtre. » Il lui tendit une serviette et l’un de ses vieux sweatshirts. « Ce sera peut-être mieux, des vêtements propres. » Ils avaient dû foutre du sable partout. Il lui adressa un sourire furtif mais bienveillant, presque désolé. Pour ce qui lui était arrivé, pour le connard en manque, pour la violence dont elle avait été témoin, pour devoir se contenter de si peu quand il aurait pu lui donner davantage. Elle ne méritait pas ça. Et il en avait mal au cœur. « Si t’as faim, soif… regardes dans le frigo. » Mais la bouffe qu’elle trouverait ne serait probablement pas à la hauteur de ses espérances. Quelques yaourts, des fruits, du lait, des restes à réchauffer et beaucoup trop de salade pour une seule personne. Le brun posa un édredon sur la table basse avant de la reculer. Il déplia son clic-clac, changea les draps, la couverture, la taie de l’oreiller, se demanda si ce serait assez confortable. Oui. Plus que le sable. Il ajouta deux oreillers et incapable de bouger davantage, enfin vaincu par la fatigue, s’échoua lamentablement dans un fauteuil. Il irait prendre une douche après, lui aussi. « Ah, il se frotta les yeux, il n’y a peut-être plus d’eau chaude. » Après, est-ce que ça dérangerait. Peut-être qu’ils discuteraient, plus tard. Peut-être qu’il découvrirait enfin ce qu’elle cachait, cette gosse. Il ne voulait pas douter de sa sincérité, surtout maintenant qu’elle lui avait avoué avoir pris une merde avant de sortir. Il ne la blâmait pas. Deux ou trois joints traînaient dans les tiroirs de sa cuisine. Il se demandait juste pourquoi il voulait tant croire en elle. Ce n’était qu’une môme. Demain, elle partirait et il ne la reverrait plus. C’était étrange, de se sentir triste pour si peu. |
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Don't Care
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YOUR OWN PERSONAL JESUS ‹ scanner rétinien : ‹ indice de violence : faible ‹ statut rp : Nikita L. Mankievicz There is a taste for blood and it's deep inside ‹ enfermé(e) le : 16/03/2013 ‹ doléances : 709 ‹ crédits : ©Cyrinne ‹ âge : 21 ans ‹ curriculum vitae : Etudiante infirmière |
| Sujet: Re: I'm forever black-eyed (Joa' & Niki) (flashback) Dim 22 Déc - 22:48 | |
| Soulagée, la gamine n’en restait pas moins agitée. L’impatience même de découvrir dans quel genre d’endroit pouvait vivre son cavalier noir, l’emplissait d’une curiosité inavouable. Elle aurait été bien incapable d’attribuer un univers cartésien à celui qui semblait venir d’ailleurs et aller nulle part. Peut-être même que les univers les plus fous que la littérature ait portés au monde, n’aurait su égaler celui dans lequel elle l’imaginait lui, dans sa démence toxicomane. Même l’Alice de Carroll, même le Charlie de Dahl, même l’Edward de Burton, tous auraient eu à rougir de ce monde fictif et virevoltant dans l’esprit névrotique de la gamine à qui il ne manquait pas seulement les boucles pour être boucle d’or. Quel monstre découvrirait-elle sous son lit, dans ses placards ? Quels fantômes habilleraient les cadres photos sur ses mûrs ? Quels poisons trouverait-elle dans sa cuisine ? Dis moi où tu vis et je te dirais qui tu es. Rien. Rien de réel ne transpirait de cet homme qui rapidement et avec une concentration déconcertante, l’emmenait chez lui. A en imaginer son sol, il se faisait mouvant, à en imaginer ses murs ils se faisaient transparents, à en imaginer son lit, il se faisait enivrant. Nikita, qui pour cette nuit répondrait au prénom de Luben, chassa ses conceptions oniriques de son esprit pour en revenir à celui qui ne lui avait pas répondu lorsqu’elle avait demandé s’ils seraient bientôt arrivés mais qui déjà s’était arrêté et descendait à présent de voiture. Elle suivit avec précipitation, ne sachant plus vraiment depuis combien de temps elle était restée étrangement aussi immobile que la voiture. Il verrouilla la voiture et les phares clignotèrent de nouveau. Elle ne devait pas avoir eu l’air plus bizarre que d’ordinaire. Ou du moins, Joaquin n’en montrait rien. A moins que les effets de sa drogue soient aussi cuisants qu’elle ne remarquait plus son propre décalage. Elle contourna la voiture distraite, effleurant du regard les environs par un balayage horizontal puis léchant verticalement de son regard, l’immeuble de l’homme, s’élevant majestueusement devant elle. (ok quand j’ai écrit ça j’ai pensé à tout autre chose xD) Elle suivit avec discrétion son cavalier noir et s’engouffra à sa suite dans la cage d’escalier. L’immeuble, à mesure que la gamine suivait l’homme dans les étages, perdait de sa splendeur. Il restait cependant dans un état bien moins insalubre que celui abritant la gamine, depuis des mois. Et le quartier, de ce qu’elle avait pu en saisir, était plus accueillant, moins flippant de vermine. Attendant sagement derrière sa porte au troisième étage, l’écoutant avant qu’il ne lui ouvre, elle se surprit à avoir oublié l’autre un instant. L’image de celui qui l’année de ses 15 ans lui avait tout pris, avait disparue quelques minutes, remplacé par la présence rassurante et mystérieuse de son cavalier noir à l’influence toute différente. Ce constat lui soutira un petit sourire triste. Oublié il l’avait été. Et le simple fait de s’en rendre compte, le faisait revenir comme un souvenir. Plus si loin que cela. Convaincu qu’elle ne devrait pas lui permettre de la posséder à nouveau, la gamine s’engouffra dans l’appartement de Joaquin dès qu’elle y fut invité par cette main délicate dans son dos.
Et le choc fut des plus rudes, la descente douloureuse. Ses yeux ne s’étaient pas posés, comme le lui avait fait rêvasser la drogue, sur un amas de couleurs vives. Il n’y avait ici, aucun fantôme sous cadre, aucun monstre sous le lit ou dans les placards trop bien rangés. Peut-être même qu’elle ne trouverait aucun poison dans son frigo. Il n’y avait que des murs affreusement froids pourtant réchauffés par des briques apparentes. Il n’y avait là que le vide du trop propre devant les yeux de la gamine habituée à vivre dans le vide du trop pauvre. Cet appartement là n’avait rien de pauvre. L’immeuble se faisait vieillissant tout en restant accueillant. Et l’homme à la barbe mal rasée et à l’allure nonchalante dénotait complètement dans l’univers aseptisé qu’il s’était créé. Aucune photo, image, pas même un magnet sur le frigo, nulle trace d’un livre en dehors de la bibliothèque qu’elle pourrait juger comme le dernier lu, pas même une once de poussière sur les meubles. Rien. Le néant plus que le chaos qu’elle aurait aisément imaginé. Même les chiens semblaient vivre trop proprement. Peut-être était-ce eux trois les fantômes. Peut-être ne laissaient-ils nulle trace de leur chevauchée spectrale ? Un frisson parcourut l’échine de Nikita qui serra ses bras autour de sa poitrine. Joaquin s’activa et laissa la gamine à elle-même dans un univers la mettant mal à l’aise. Qu’elle fasse comme chez elle ? Impossible. Tout était trop propre ici. Et elle était si sale, si sale. Ce sang et ce sable mêlés n’avaient pas leur place ici. La petite blonde n’osa faire un pas de plus dans cet appartement qui avait un avantage au moins, celui d’être composé d’une seule pièce à vivre, cuisine et salon réunis. Elle pu alors observer le brun dans chacun de ses agissements, souriant même en le voyant se battre avec une peluche. Elle grimaça légèrement lorsque l’homme gagna par chaos. Elle fit la moue puis se reprit en le voyant s’approcher d’elle de nouveau. Il lui tendit une serviette et un sweat-shirt, en lui proposant de prendre une douche. Lui aussi devait la trouver trop sale pour l’endroit. Elle se pinça les lèvres, tout à la fois gênée et taquine à cette idée, tout en se saisissant de ce qu’il lui tendait. « Merci » Elle serait certainement partie rapidement s’enfermer dans la salle de bain si l’autre ne lui avait pas sourit d’une manière si singulière. Le cœur de la gamine s’emballa à ce moment et des chaines semblèrent s’enrouler autour de ses chevilles et jusqu’à ses genoux, l’ancrant fermement dans le sol. Elle soutint son regard puis se retrouva de nouveau seule, avec son sourire stupide et enfantin sur le visage, quand celui du cavalier noir s’éclipsa aussi vite qu’il était apparu. Elle resta un court instant plantée là, comme si en bougeant elle acceptait de le perdre un peu plus. Ce sourire. Elle l’avait trouvé beau. Elle l’avait trouvé rassurant. Il enchaina sur la nourriture qu’elle pourrait prendre d’elle-même si elle le souhaitait. Les fameux poisons, elle aurait donc le droit de les découvrir d’elle-même. Et il s’activa de nouveau. Elle hésita un court instant puis se rendit dans la salle de bain. Un peu de solitude lui ferait du bien. Leur ferait du bien. Sans doute.
Et encore une fois, l’idée même qu’elle puisse se laver de sa saleté dans une salle de bain aussi immaculée lui glaça le sang. Dos à la porte, elle tendit les bras pour poser sur le lavabo la serviette et le sweat de l’homme puis s’observa légèrement sans bouger. Elle mettrait du sable partout à se déshabiller ici. Grimaçante, elle maitrisa chacun de ses mouvements et s’extirpa de ses vêtements avec le plus de délicatesse possible. Son jean glissa le long de ses guibolles fines et abimées puis sa veste et son petit haut suivirent. Tous vinrent doucement toucher le sol en un tas de fringues et de sable. La petite blonde glissa hors du tas de tissu et ses orteils vinrent fouler le sol froid de la salle de bain. Elle se hissa jusqu’à la douche et laissa l’eau recouvrir lentement son corps. L’eau s’insinua dans ses cheveux blonds, les assombrissant. En quelques secondes, quelques mouvements contre son corps, l’affront fut lavé, sang comme sable furent évacués. Elle resta pourtant bien plus longtemps sous la douche que nécessaire. Elle se laissa glisser contre la paroi de la douche et s’assis un instant, une éternité. Car malgré l’eau, le savon, le shampoing, malgré les frottements, son corps n’en restait pas moins sale d’un affront que pas même la suie n’aurait su couvrir, que pas même le papier de verre n’aurait su gratter. Elle se laissa aller à la désolation quelques minutes, ses larmes se liant à l’eau sur son visage puis se reprit. L’homme aussi devait avoir envie de se laver. Et s’il se demandait ce qu’elle foutait ? Viendrait-il la chercher ? Là ? Et puis quoi s’il la trouvait inerte ? Se sentirait-il con d’avoir sauvé la gamine pour quelques heures seulement d’une mort qu’elle se serait finalement donnée toute seule ? Paupières clauses, abattue par l’eau depuis trop longtemps, la gamine sortit de sa léthargie et se hissa de nouveau debout, manquant de glisser. Elle stoppa l’eau devenue glacée et sortit de la douche pour se sécher et s’habiller. Nue, bien qu’habillée de ce sweat rassurant, la gamine se sentait comme nue. Elle s’observa un court instant puis posa sa main sur la clef dans la serrure. Elle jeta un dernier regard sur ses frusques qu’elle laisserait ici pour ne rien salir de plus puis tenta de tourner la clef pour ouvrir. Elle se rendit alors compte qu’elle n’avait pas même fermé. L’homme aurait pu s’en détraquer. Il n’en avait rien fait. Elle déglutit difficilement, la gorge nouée à l’idée de sortir en tenue aussi légère puis se ressaisit et quitta la salle de bain. Cet homme là n’avait pas même cillé sur la plage devant son corps dénudé. Elle fit quelques pas hésitants, tirant légèrement sur le sweat pour l’allonger sur sa silhouette filiforme. « J’ai pris beaucoup d’eau… Je me sentais vraiment sale. Ya plus d’eau chaude. » Confia la gamine gênée avant de s’asseoir au bout du clic-clac à présent déplié. Elle n’en bougerait pas tant qu’il n’irait pas à son tour prendre sa douche. Elle détailla du regard l’intérieur de l’appartement et attendit donc que l’homme s’en aille pour se lever et explorer les lieux de plus près. Elle finit son voyage dans la cuisine où elle ouvrit malicieuse le réfrigérateur et scruta l’intérieur avec curiosité. Elle s’y saisit de deux pommes et en sortit la bouteille de lait. Elle l’ouvrit et sentit, bien qu’elle doute de trouver quoi que ce soit de périmé ici. Elle ne trouva les verres qu’après avoir exploré trois placards et en remplit deux avant de retourner sur le clic-clac. Elle déposa une pomme et un verre de lait pour Joaquin puis s’assit et croqua à pleines dents dans sa pomme, délaissant son verre de lait pour le moment. Ce ne fut qu’après quelques minutes, et dans un sursaut de lucidité qu’elle se souvint de la peluche et qu’elle quitta de nouveau le clic-clac, sautillant à moitié de propreté. Elle se rendit dans le grand placard où s’était engouffré le brun plus tôt et y ramassa la peluche. Un petit ours tout doux tout mou. Elle le porta contre sa poitrine et sourit tout en revenant dans le salon. Elle s’allongea légèrement sur le clic-clac et but enfin son verre de lait. Elle se demanda alors s’il avait fermée la porte lui. Le cavalier noir. Lèvres pincées, sourire mutin, Nikita aurait dû rester sur le clic-clac. Mais déjà son esprit trop rapide lui échappait. Et sa curiosité lui rongeait les entrailles. Son corps quitta le canapé convertible et elle s’approcha de la porte de la salle de bain à pas feutrés. Sa main se posa doucement sur la poignée et elle prit une grande inspiration avant d’appuyer sur la poignée. Celle-ci ne lui résista pas et la porte s’écarta légèrement de son cadre sous la pression de la gamine. Elle n’ouvrit pas cependant. Un sourire illumina son petit minois taquin et elle referma la porte pour en revenir à son verre de lait. Lui non plus, il n’avait pas fermé. |
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YOUR OWN PERSONAL JESUS ‹ scanner rétinien : ‹ indice de violence : moyen ‹ statut rp : dispo (trois places)Joaquin Rivera There is a taste for blood and it's deep inside ‹ enfermé(e) le : 12/04/2013 ‹ doléances : 975 ‹ crédits : mushy (avatar) + tumblr (gif) + eminem (lyrics) ‹ âge : trente-neuf ans ‹ curriculum vitae : ex-lieutenant de la navy seal, ancien larbin du gouvernement ‹ raccourcis : kill your ego • steal a new face • a vision to none |
| Sujet: Re: I'm forever black-eyed (Joa' & Niki) (flashback) Jeu 2 Jan - 0:47 | |
| Son univers stérile avait dû la décevoir. Cet ordre dans un chaos trop propre était dérangeant - et peut-être qu’il était, finalement, plus à la hauteur de ses probables airs de psychopathe. Elle ne devinerait jamais quelle personnalité se tapissait sous le masque de glace, pas en regardant autour d’elle, pas en essayant de voir ce qu’il avait caché au reste du monde. Il n’y avait pas de souvenirs, pas de vie. Mais c’était un drôle de mot. L’était-il seulement, lui, en vie. Qu’avait-il laissé d’avant, sinon ces deux fidèles compagnons ? Cet appartement ressemblait à ces décors de film, tout sonnait vrai en étant complètement faux, du réfrigérateur au petit écran plasma. On avait peur de déranger, de ne pas remettre un livre à la bonne place, d’attraper la télécommande sans savoir où la reposer. On pouvait penser qu’il avait manifestement du goût - ou du moins, qu’il avait fait un certain effort dans le choix des meubles, dans leur disposition. Un probable maniaque, ou un célibataire endurci, ou un bourreau du travail, ou un fantôme. Il aurait pu être un pervers. L’autre aurait pu être un complice, ou une victime de plus. Mais en dépit d’une morale plus que discutable, Joaquin avait encore quelques principes. Il ne reluquerait pas la fille si elle gambadait nue sous ses yeux, pas plus qu’il oserait pousser la porte de la salle de bain pour demander si elle avait besoin de quelque chose. Il lui avait offert une veste pour protéger ce qui lui restait de pudeur et lui offrait maintenant de quoi se couvrir. Joaquin ne la jugeait pas et avait retenu toutes ses insinuations vaguement morales. On ne sort pas tard le soir, et le couvre-feu, et t’as vu comment t’es sapée, et tes parents, et l’école, d’ailleurs t’es à l’école ? La curiosité lui brûlait un peu les lèvres. Bordel. Pourquoi cette compassion, pourquoi cette envie incontrôlable de l’aider, de lui dire que tout finirait par s’arranger, un jour. Le tueur avait tendu sa main, et ce n’était pas pour absoudre sa conscience. Joaquin manqua de s’endormir, dans son fauteuil. Sa main soutenait péniblement sa tête. Ses chiens avaient calé leurs museaux entre leurs pattes et ronflaient à moitié. Tel maître, tels compagnons. Le son de l’eau coulant dans la salle de bain le berçait, alors qu’il n’était pas habitué à l’entendre. Une fois ou deux, quand une conquête décidait de prendre une douche matinale. Quoique, non, ça n’arrivait pratiquement jamais. Il les virait toutes. Joaquin somnolait lorsque Luben sortit, et pris par surprise, il sursauta légèrement en papillonnant. Merde, il songea, tout ce bordel était donc réel. Ce n’était pas le fruit d’une imagination paranoïaque. Elle était là, la môme, un peu gauche dans les fringues qu’il lui avait refilées, un peu gênée. Et plus elle se rapprochait de son monde, plus elle lui échappait - et plus il l’appréciait. Sans vraiment comprendre pourquoi. De l’affection, il en avait pour ses chiens, pour ses souvenirs, pas pour les inconnus. Pas pour une inconnue. Elle s’excusa d’avoir pris trop d’eau. Elle ajouta qu’elle se sentait vraiment sale. Il la regarda fixement pendant un court instant, comme si ses deux grosses billes bleues parviendraient à sonder l’esprit de la gamine, ou à lui transmettre les plus intimes de ses pensées, de ses cauchemars ; son empathie, cette violente empathie. La façon qu’elle avait, de tirer sur un vêtement qui ne lui appartenait pas, qui recouvrait à peine le haut de ses guiboles longilignes, de se mordiller les lèvres alors qu’elle sortait de la salle de bain d’un inconnu. Elle avait mis les pieds chez lui, dans son espace, dans sa bulle. Elle lui brisait le coeur, cette gosse. Sans le savoir, elle faisait chavirer un palpitant à l’agonie, enfoncé dans un poitrail qui se soulevait toujours avec la même monotonie. Il la connaissait depuis quoi, pas plus de deux heures, et il n’était même pas sûr de son identité, de ce qu’elle était, sans ses vêtements déchirés, sans ses neurones défoncés – mais elle était émouvante, dans une mesure un peu déglinguée. Avec ses cheveux blonds et trempés, ruisselant sur ses épaules malingres, son teint pâle, ses grands yeux paumés, elle avait l’air d’un ange qu’on avait percuté avec une voiture. On ne s’était pas arrêté au moment de l’accident, et on l’avait juste laissée là. C’était idiot, il se dit. Ces divagations étaient idiotes. Il dormait en étant éveillé, rêvassant, cauchemardant. Peut-être qu’elle n’était pas réelle. Peut-être qu’elle n’était qu’une illusion, son illusion, un fantasme, un mirage dans le vide qu’était sa vie. Il était foutrement crevé. Sans mot dire, il s’appuya sur les accoudoirs pour soulever le reste de son corps, contourna le convertible, et s’arrêta au niveau de Luben. La dépassa un peu. Juste assez pour que leurs bras se frôlent. Il pivota à peine, ne distinguant que le profil de la gamine dans son champ périphérique. Aucune parole. Sa main vint se poser sur son épaule, puis il s’éloigna. Comme ça. Un bref contact ; un peu d’humanité. Peu habitué à avoir de la compagnie chez lui, et probablement engourdi par la retombée de l’adrénaline, il oublia de mettre le verrou derrière lui et s’empressa de retirer son t-shirt, qui tomba mollement sur les vêtements abandonnés de Luben. Il avait du sang séché sur les mains, quelques égratignures. Putain, dans quelle merde je me suis foutu, songea l’imbécile en refermant la porte de la douche sur lui. Et l’eau coula, glacée, rongeant le corps supplicié, grignotant l’épiderme marqué. Un frisson lui parcourut l’échine, tandis que l’une de ses mains venait se perdre dans sa tignasse brune et dégoulinante. Il ferma les yeux, tête baissée, paumes appuyées contre le mur carrelé, et attendit un moment, sans bouger. Cette journée relevait de l’extraordinaire dans son quotidien monotone. Il était brutalement sorti de sa zone de confort pour une gamine en perdition. Et s’il était resté dans ce bar, s’il avait plutôt décidé de ramener cette rousse à grosse poitrine. S’il avait décidé d’aller dormir, de ne pas écouter ses chiens. Il se demanda si le hasard faisait vraiment si bien les choses. Si rencontrer Luben allait lui apporter du réconfort, ou de la malchance. Il n’aimait pas perdre le contrôle. À chaque fois qu’un détail l’obligeait à revoir le reste de ses priorités, il prenait conscience qu’il était soit dans la merde, soit à coté de la plaque. Demain, il ne bougeait pas, normalement. Ou aujourd’hui. Quelle heure il était, déjà ? Jet-lag. Il portait les reliques de toute une existence, sur cette peau ; une histoire qui lui échappait parfois. Des cicatrices éparses, des tatouages, comme cette croix basique et vide barrant son dos, et celui-là, sur son biceps, un drapeau américain noir et blanc sous-titré, The Only Easy Day Was Yesterday, qu’on lisait en lettres noires. La devise des Seals, d’une ancienne famille. La balle qui lui avait arraché l’épaule pendant un échange de tirs avec les talibans. Son genou brûlé. Puis le reste, ces traces blanchâtres et gonflées. Il portait toujours des manches longues et remontait machinalement le col de son manteau pour cacher le plus de peau possible. Tatoué, abîmé, le pantin disloqué renversa sa tête en arrière et laissa l’eau froide lui asperger le visage. Cinq, dix, quinze minutes s’écoulèrent. Il frottait vigoureusement ses phalanges, regardait le sang s’écouler dans la bonde avec les derniers grains de sable collés à sa peau. Quelques légères égratignures parcouraient ses doigts. L’eau s’arrêta. Merde. Il était directement parti dans la salle de bain, sans avoir la présence d’esprit de prendre des fringues de rechange - ou, comme il avait oublié de verrouiller la porte, de se souvenir que quelqu’un était chez lui et qu’il ne pourrait pas déambuler à moitié à poil. Il n’avait pas de pyjama ou de connerie du genre. Un peignoir, à la rigueur, encore faudrait-il savoir où il était. Un jogging. Joaquin enroula une serviette autour de ses hanches, en jeta une autre sur ses épaules et sortit, ruisselant, se frottant encore les cheveux. Au pire, il s’en foutait. Elle était sage. Elle n’était pas partie. « Oh, merci, » lâcha-t-il en remarquant le verre de lait et la pomme posés sur la table. Il faudrait qu’il fasse les courses, à l’occasion, même s’il ne mangeait pas souvent chez lui. C’était si rare qu’il prenne le temps de cuisiner quelque chose, ou même de réchauffer un plat surgelé, de mettre le couvert, de profiter d’un moment de répit. Il n’avalait pratiquement rien à cause du stress, et plutôt que s’asseoir, il partit à la recherche de quelque chose à se mettre sur le dos dans son bordel. Un vieux bas de survêtement ferait l’affaire. Il retourna dans la salle de bain pour l’enfiler, étendre les serviettes, ramasser le tas de fringues délaissées, les jeter dans un bac de linge vide, abandonner ledit bac de linge près de la porte, se dire qu’il ferait ça plus tard. C’était plein de sable. Et la gamine ne pourrait récupérer que les lambeaux de son teeshirt. « Ça va mieux ? » s’enquit-il. Elle était parvenue à dégoter la peluche qu’il avait planquée, et il tenta de ne pas s’en formaliser. Est-ce que cet ourson lui chuchoterait la vérité, ses plus noirs secrets ? Son regard bleu s’accrocha dessus pendant quelques secondes, avant de s’en détourner aussitôt. De quoi ça lui donnait l’air, un doudou de ce genre caché au fond d’un débarras ? Sûrement une allure de pervers. Ou de grand garçon gardant ses affaires d’enfance. Il porta le verre de lait à ses lèvres pour l’en éloigner immédiatement. « Tu… il s’adossa contre un pan de mur, regarda ses pieds nus, releva la tête, tu vis où ? Tu sauras où aller, demain matin ? » Il voulait lui demander si elle allait au lycée, à l’université, si elle avait une famille, des amis, quelqu’un qui l’aiderait quand lui ne pourrait plus. Ce toit était provisoire. Elle en avait conscience. Et maintenant, que pouvait-il lui dire ? Rien. Sors un matelas, va te coucher. Il se redressa et partit poser le verre sur la table. Il devait avoir un sac de couchage dans les parages, et une couverture. Joaquin traversa de nouveau ses quelques mètres carrés pour rejoindre le débarras. Il jeta ce qui l’intéressait par terre, referma doucement la porte, revint sur ses pas, récupéra le verre à moitié vide et, après un moment d’hésitation, s’assit sur le bord du clic-clac. « Je… tu sais, tu peux parler, si ça t’aide. » Une gorgée de lait. « Ou dormir, peu importe. On oublie. » Une autre gorgée. « Et… désolé, pour la plage. Je voulais pas te choquer… il marqua une pause gênée, plus que tu l’étais déjà. » Il avait perdu tout son calme là-bas, dégainant violence et revolver sans réfléchir au spectacle qu’il offrait. Mais c’était passé, maintenant. Et ne restaient plus que deux âmes égarées, les cheveux trempés et trouvant un réconfort mutuel dans la présence d’un inconnu. |
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YOUR OWN PERSONAL JESUS ‹ scanner rétinien : ‹ indice de violence : faible ‹ statut rp : Nikita L. Mankievicz There is a taste for blood and it's deep inside ‹ enfermé(e) le : 16/03/2013 ‹ doléances : 709 ‹ crédits : ©Cyrinne ‹ âge : 21 ans ‹ curriculum vitae : Etudiante infirmière |
| Sujet: Re: I'm forever black-eyed (Joa' & Niki) (flashback) Lun 27 Jan - 21:59 | |
| La gamine ne se sentit pas seule. Bercée par le doux son de l’eau ruisselante sur les murs de faïences de la douche, elle s’imagina chez un oncle ou un grand frère, en phase avec une situation lui étant faussement familière, vaguement rassurante. Elle connaissait le type dont le corps se faisait laver d’eau depuis moins d’une heure. Elle connaissait les lieux depuis moins de temps encore. Et pourtant, la gamine, les cheveux ruisselants d’humidité sur ses épaules, le corps à la féminité à peine dissimulée sous un sweatshirt ayant abrité des épaules plus large que les siennes, ne se sentit pas en danger. Le regard intelligent d’une lueur pétillante de curiosité, elle observa les lieux après les avoir arpenter quelques peu. Elle imagina l’ourson en peluche l’entourer de ses bras tandis que c’était elle qui le serrait tout contre elle. Croquant un fruit et buvant un grand verre de lait, elle se sentit plus gamine que jamais. Comme fermement agrippée à une enfance volée, comme tristement attachée à un passé bafoué, la blonde fit de l’ourson son protecteur, du lait sa bacchante malicieuse et du fruit son arrogance acidulée. Aucun silence n’aurait su contredire le bruit dans sa tête. Aucune lacune n’aurait su vider son imagination fantasmagorique. Aucun ennui n’aurait su atteindre son délire névrosé. Elle repensa à ce sourire, si gracieusement offert par son cavalier noir quelques minutes plus tôt. Puis à cette main, posée délicatement et sans l’once d’une perversité sur son épaule tandis qu’il la dépassait. Et après avoir tenté d’imaginer son univers, elle se perdit à lui prédire un corps. Sa mémoire déglinguée rattrapa ce qu’il restait de bribes de souvenirs, sur cette plage éhontée. Il avait de beaux avant bras, solides, de belles mains, émaciées comme l’était sa mâchoire. Sec. Presque amaigri mais aguerri et saillant. Nikita n’eut qu’à clore les paupières un instant pour que l’empreinte de ce corps s’inscrive sur sa rétine, pour que la silhouette masculine y soit projetée. Dos à la porte de la salle de bain qu’elle savait outrageusement ouverte, la gamine rêvassa, assise en tailleur, dans une posture digne d’une statue bouddhiste. L’heure était pourtant plus à la divagation qu’à la méditation. Et si c’était lui qui se noyait ? Et s’il ne revenait pas de cette salle de bain dans laquelle l’eau n’avait de cesse de couler ? Et s’il n’y avait ni sauveur ni victime, mais un seul savant mélange des deux ? La blonde, dont les cheveux commençaient à sécher par endroit, retrouvant leur couleur cendrée, rouvrit les yeux sur cette inquiétude nouvelle et pourtant bien familière. Et s’il l’abandonnait lui aussi ? Et s’il décidait de partir, laissant jusqu’à son univers à la gamine névrotique ? Le cœur de la gamine s’emballa à cette idée et ses lèvres s’entrouvrirent pour laisser y pénétrer un nouveau souffle nécessaire. Dans un tintement, les dernières gouttes d’eau terminèrent leur course dans la salle de bain de l’homme. La gamine tendit l’oreille, soucieuse d’apprendre d’un autre bruit, d’imaginer. Mais le silence faisait rage à présent à côté des battements de son cœur, cognant sa poitrine androgyne.
La main de Luben serra un peu plus le verre à présent vide tandis que la porte derrière elle grinçait. Instinctivement, la gamine se tourna vers cette dernière et observa sortir son cavalier noir, moins vêtu encore qu’elle ne l’avait été à sa propre sortie. La blonde se pinça les lèvres nerveusement et détourna faussement le regard de ce corps qu’elle détaillait en secret. Plaies fraiches, cicatrices déliquescentes, tatouage ornementaux… L’homme à l’appartement insipide portait son histoire sur sa peau. Un frisson la parcourut tandis qu’elle s’imaginait caresser ses reliefs et embrasser ses souffrances. Elle le suivi du regard, du coin de l’œil, lèvres plus entrouvertes que jamais. Cette croix barrant le dos de Joaquin, lui écartelant les épaules, lui glaça le sang. L’avait-il sauvé au nom d’un dieu ? Croyait-il seulement en toutes ces conneries ? La gamine s’était souvent bien plus méfier des croyants que des païens. Elle s’était trop souvent sentie mal à l’aise en leur compagnie. Comme s’il subsistait trop d’inavouable dans son esprit pour qu’elle ne puisse les fréquenter durablement, sa peau semblait brûler à leurs côtés, écorchées par leurs jugements abrasifs. Elle détourna le regard, cherchant un peu de réconfort dans cet ourson qu’elle serrait toujours aussi fort. Sa main autour du verre se détendit et elle se pencha en avant, restant en tailleur, pour le reposer sur la table basse devant elle. La main serrant l’ourson se détendit alors à son tour et elle le câlina légèrement, distraitement, discrètement. La voix du brun résonna dans son esprit un instant avant qu’elle ne trouve les mots pour y répondre. « Ca va. Je trouverais bien oui. » Fit-elle en lui adressant un petit sourire timide. L’anxiété revint avec cette question à laquelle elle avait répondu comme on l’élude. Demain, elle devrait rentrer chez elle. Pas chez ses parents, pas chez son oncle, pas chez un ami, un frère ou un cousin. Juste chez elle. Ce chez elle qu’elle aimait autant qu’elle craignait. Cette solitude qu’elle chérissait autant qu’elle dégueulait. Elle perdit bien vite son sourire, esquisse d’un bonheur falsifié. Elle mit un certain temps à chasser ses idées noires et déjà l’homme se déplaçait de nouveau. Comme s’il ne tenait pas en place, il n’avait trouvé le repos, que dans son absence, lorsque le temps d’une longue douche, elle s’était éclipsée. Elle suivi l’agité du regard et ce jusqu’à ce qu’il la rejoigne au pied du lit qu’il avait déplié pour elle. Il ne dormirait pas avec elle. C’est ce qu’elle déduisit du tas de duvets qu’il venait de jeter au sol avant de la rejoindre. Il terminerait son verre de lait et lui ordonnerait de dormir. C’était surement ce qu’un cavalier blanc aurait fait. Mais ce cavalier là n’aurait pas flanqué la pire des raclées à celui qui plus tôt l’avait agressée. Mais ce cavalier là jamais ne l’aurait incité à tuer. Ce cavalier là ne pouvait être autrement que noir. Image propre d’un sauveur, pervertie d’une violence incontrôlable et terrifiante. Tableau parfait d’un gentleman au corps laminé. Joaquin, les lèvres surmontées de lait, l’invitait à parler. Elle esquissa un sourire mutin. « Tu… Vous avez du lait, juste là. » Sa main s’éleva vers le visage du brun aux cheveux collés contre son visage et elle vint essuyer la moustache de lait qu’il s’était fabriqué. Son index s’attarda sur cette lèvre, sans raison décente, et les siennes s’entrouvrir de nouveau, de désir. Son cœur eut un raté avant de reprendre son esclandre dans la poitrine de la gamine, fascinée. Un court moment elle capta le regard azur du brun, et comme s’il pouvait la comprendre, lui adressa une interrogation feutrée, silencieuse. Une fraction de seconde. Une seconde. La gamine s’approcha lentement et couvrit les lèvres du brun, des siennes. Doucement, délicatement, sans appui, plus pour épargner les siennes meurtries dans l’agression que par manque d’envie. Elle s’écarta enfin et en un murmure, « Merci » le remercia. « Vous avez été parfait. » Fit-elle en s’écartant un peu plus. Elle se défit doucement de l’ourson, le posant avec soin tout à côté. Un silence s’installa. « Vous sortiez d’où ? » Fit-elle pour le briser. *Vous sortez d’où ? D’un film d’action ? Besson n’a qu’à bien se tenir avec son Léon. Dans quel genre d’univers subit-on autant de sévices corporels ? Volontaires ou involontaires.* L’homme aux bien étranges destriers, répondrait-il aux questions qu’elle se posait ? Elle n’avait menti que sur son nom. Elle lui accorderait donc un mensonge, un seul et unique. Si elle le repérait. Elle redressa ses jambes aux genoux écorchés contre son corps et s’y agrippa. « Vous sortiez vraiment vos chiens ? Si tard ? » *Ou bien avais-tu besoin d’air ?* « Et vous étiez le seul à passer près de la plage ? Ou vous étiez juste le seul à répondre à mes cris ? Je sais que les gens passent leur chemin bien souvent. Ca les empêche pas de dormir. Ils pourraient croiser mon regard défoncé et suppliant qu'ils m'adresseraient qu'un regard désolé, comme celui qu'ils offrent aux mendiants. » *Qu'est ce qui te fait jeter la pièce au mendiants Joaquin ?* « Désolée pour le baiser. » *Ce n’était pas vraiment pour te remercier.* |
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Boy with a broken soul
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| Sujet: Re: I'm forever black-eyed (Joa' & Niki) (flashback) Sam 22 Fév - 20:45 | |
| De sa voix timide, elle lui fit remarquer qu’il avait du lait, juste là. Et avant même qu’il ne passe son bras sur le duvet blanc qui s’était dessiné au-dessus de sa bouche, Luben l’aida à s’en débarrasser du bout de ses doigts fins. Il songea à attraper le poignet, à l’éloigner de son visage de marbre. Il y songea. Il y songea pendant que l’index de la gosse s’égarait sur sa lèvre, pendant qu’une chaleur traîtresse réchauffait son corps à peine séché. Elle s’avança un peu, se rapprocha dangereusement de lui, sans qu’il ait la présence d’esprit – ou l’envie – de l’arrêter. Sa bouche frôla la sienne. Il bougea à peine, et déjà elle se reculait, candide, comme elle aurait déposé un baiser sur sa joue. Ses lèvres se pincèrent. Il aimait bien le son de sa voix. Oh petite fille, ils passeront tous leur chemin quand ils te verront dans la merde. J’aurais pu. Il fixa ses mains pendant un moment et haussa les épaules. « Je sais pas. Il faisait noir. » Il avait un mauvais cocktail de médicaments dans l’estomac, des heures de décalage imprimées sur la gueule, l’esprit ailleurs. Il réfléchissait trop pour se préoccuper du monde extérieur. Comment lui dire que ce n’était pas un excès de lucidité ou de générosité, comment lui dire qu’il avait été commandé par un instinct purement animal, par des souvenirs qui n’étaient plus vraiment les siens. Avec le couvre-feu, il doutait que quelques citoyens bravent les interdictions pour balader leurs chiens. Lui, il avait une plaque, un badge, dans l’une des poches de son blouson défoncé, il avait le droit des enculés du gouvernement, des privilèges sur lesquels on crachait. Un mensonge ou une histoire, qu’il se demanda. « Je suis rentré de voyage aujourd’hui. Ça faisait une semaine qu’ils ne m’avaient pas vu. Un haussement d’épaules. Ils aiment se promener la nuit. » Il esquissa un sourire lorsque son regard s’arrêta sur ses deux cabots favoris, sages dans leur coin, le museau fourré entre leurs pattes. Les lumières, le silence, l’oubli. Joaquin était un animal nocturne, ou peut-être essayait-il de tromper son propre sommeil. Quand elle sombrerait dans les bras de Morphée, il se tournerait et retournerait dans son duvet, incapable de fermer l’œil, avalerait deux somnifères pour s’assommer, ne l’entendrait sans doute pas partir. Elle se comparait aux mendiants devant lesquels on passait sans se retourner, à peine touché par la misère qu’ils transportaient lourdement sur leurs épaules. S’il avait décidé de l’ignorer, son petit corps nu traînerait-il sur la plage, à l’heure qu’il est ? L’aurait-on découvert dans la matinée, abandonné, dans la plus indécente des postures, les jambes écartées et les yeux grands ouverts ? Comme lui quittait ses cadavres, sans remord ni compassion. Il se demandait si une famille l’aurait pleurée. Elle paraissait hors du temps, hors de l’espace. Irréelle, allant et venant, sans laisser de traces. Il se demandait si on l’avait déjà aimée sans la tringler comme la poupée de chiffon qu’elle était. Il se demandait si on la respectait, cette gamine. Elle ne draguait même pas, avec sa chevelure ruisselante et son innocence lui éreintant encore le visage. À moins qu’il soit aveuglé, qu’il ne veuille pas voir une allumeuse de plus, surtout en elle. Non. Pas toi. Elle avait un charme fragile, que peut-être était-il le seul à voir à ce moment, l’allure d’une enfant égarée et l’assurance d’une adulte abîmée. Qu’est-ce qu’on t’a fait putain. Hein. Qu’est-ce qu’on t’a fait. Et pourquoi. Pourquoi on a voulu t’éjecter dans ce monde pourri. T’aurais dû rester là-haut, dans l’ignorance la plus totale. Il aurait pu s’offusquer de ce contact, aussi furtif soit-il. Se lever d’un bond, grommeler qu’elle ne devait pas faire ça, que ce n’était pas bien, lui gueuler dessus. Comme un père le ferait. La jeter dehors, la traiter de pute. Comme un connard le ferait. Un mec se disant soi-disant bien, avec des principes. Il n’était ni l’un, ni l’autre. Joaquin se pencha légèrement en avant et posa le verre de lait à moitié vide sur la table basse qu’il avait déplacée quelques instants plus tôt. La croix semblait s’étirer sur son dos, tandis que ses omoplates roulaient sous sa peau. Les coudes sur les genoux, il tourna légèrement la tête vers la blondinette, transperçant ce petit corps malmené de deux billes bleues fatiguées. Son bras s’étira vers elle, et le bout de ses doigts replaça une mèche humide derrière son oreille. Son pouce frôla doucement sa pommette. Il n’aurait pas su dire s’il était attiré par elle, d’une quelconque manière que ce soit. Par son malheur ou par ses grands yeux tristes. La réflexion violente qu’elle lui renvoyait ; quelqu’un qui n’attendait plus grand-chose de la vie. Elle avait replié ses genoux et les serrait contre elle, l’interrogeant de son regard clair. Elle avait raison, d’être curieuse, mais il n’aimait pas les questions. Il l’avait défendue dans le sang et les menaces, lui avait mis un flingue entre les mains, murmurant à son oreille comment tirer, comment appuyer sur la détente, comment viser droit. Comment se défendre. « Et toi, tu t’excuses souvent après avoir embrassé un inconnu ? » Et t’en embrasses beaucoup, des inconnus ? Il retint un ricanement qui se voulait tout, sauf moqueur. Elle pouvait se permettre de les charmer, de s’amuser avec eux… elle pouvait jouer avec lui, si elle voulait. Il s’en foutait. Personne ne se préoccupait de leur existence. Pas dans ce trou. Il remarqua les égratignures sur ses genoux, les rougeurs qui ornaient toujours sa frimousse mutine, et il regretta de ne pas avoir tué cet enfoiré. Juste par plaisir malsain, par vengeance à retardement. Inconsciemment, il se redressa pour mieux examiner les blessures de la gamine, presque fasciné par ces boursouflures. Ses mains effleurèrent les blessures et écartèrent les guiboles de Luben, alors qu’il s’approchait de son visage, incapable de penser à autre chose qu’à la caresse fugace de ses lèvres sur les siennes ; comme si ça comptait pour lui, un baiser qui n’en était pas vraiment un. N’avait-il pas croisé d’autres femmes, ne s’était-il pas glissé entre d’autres cuisses, pourquoi choisir une môme paumée, une victime dont les égratignures n’avaient pas encore cicatrisé. Était-ce du désir ou une projection malsaine, un besoin qui ne satisferait que lui, que sa mémoire de désaxé. Non, songea le sauveur d’un soir, en frôlant du dos de sa main la joue de Luben. Peut-être qu’il la désirait. Pas parce qu’elle était vulnérable. Pas parce qu’elle ne dépendait que de lui, à cet instant. Elle n’avait pas pleuré. Elle ne s’était pas effondrée, que ce soit sur la promenade de la plage, dans sa voiture, ou ici. Il n’avait pas eu à défoncer la porte de la salle de bain pour la retrouver recroquevillée dans la douche, il n’avait pas eu à la porter dans ses bras, à glisser un somnifère dans son verre de lait, à appeler la police parce qu’elle refusait de le suivre. C’est pas toi, hein. S’il t’avait laissée vivante, mais salie, sur cette plage, tu te serais relevée, t’aurais continué. C’est ce que tu fais ? Il voulait croire que oui. Ses mains glissèrent le long de ses mollets jusqu’à ses chevilles, et il l’embrassa à son tour, mêlant son souffle au sien, parce qu’il n’avait que ça à offrir. Et ses doigts se serraient doucement autour de ses articulations, comme s’il voulait la garder près de lui. Était-il assez raisonnable pour se soustraire à une fièvre éphémère, pour s’empêcher de lui répondre ? Juste ses lèvres sur les siennes. Juste un non-dit pour un non-dit, ou un secret qu’il avait voulu étouffer en s’emparant de la bouche charnue. Il n’était pas l’autre, il ne cherchait rien de sexuel. Pas pour le moment. Il se détacha d’elle et glissa son index sous son menton, « il vaudrait mieux que tu dormes, maintenant. » La nuit a été longue. Et ce n’est pas pour autant qu’il se leva. Et il devait. Il devait se lever. Lui faire comprendre que non. Sa place était par terre, loin d’elle et de ses jambes égratignées. Lève-toi. |
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YOUR OWN PERSONAL JESUS ‹ scanner rétinien : ‹ indice de violence : faible ‹ statut rp : Nikita L. Mankievicz There is a taste for blood and it's deep inside ‹ enfermé(e) le : 16/03/2013 ‹ doléances : 709 ‹ crédits : ©Cyrinne ‹ âge : 21 ans ‹ curriculum vitae : Etudiante infirmière |
| Sujet: Re: I'm forever black-eyed (Joa' & Niki) (flashback) Mar 22 Avr - 21:41 | |
| Il faisait noir. C’était donc cela. La seule réponse qu’elle obtiendrait de lui. La seule explication à son acte de bravoure. Le cœur de la gamine s’emballa à ces mots tant ils pouvaient être à double tranchant. Faisait-il noir si bien qu’il n’avait tout simplement pas vu s’il était le seul là au bord de la plage, à trainer, à errer puis à l’entendre ? Ou bien faisait-il si noir qu’il n’était pas intervenu en toute connaissance de cause ? Savait-il, lorsqu’il s’était mis à courir, lorsque ses jambes l’avaient porté jusqu’aux cris, qu’il devrait rouer de coup un pervers lubrique et ramener chez lui une gamine paumée et droguée ? Qu’il pourrait du moins. Aurait-il fait autrement s’il avait su ? Aurait-il détourné le regard, aurait-il décidé de ne pas entendre les cris de cette gamine désespérée ? Qu’il pourrait du moins. Cela aussi était un fait. Une bonne question à se poser. N’aurait-il pas pu intervenir d’une manière plus douce, moins emportée ? Fallait-il nécessairement démolir visage et corps de ce primate écervelé pour libérer la demoiselle en détresse ? Le pervers avait-il mérité chacun des coups portés ? Pas un seul n’aurait pu ou dû être évité ? Cette violence là, cette rage ? Est-ce qu’un autre que Joaquin en aurait fait preuve ? N’y avait-il pas eu quelque chose à saisir ? Quelque chose de plus qu’un simple acte de bravoure, là dans cette nuit noire où nulle autre n’était intervenu, où peut-être même que nulle autre n’avait trainé, erré ? Enfin. S’était-il senti forcé de la ramener chez lui ? Cette dernière question lui remua les entrailles. Il faisait noir. Ces quelques mots. Joaquin tenta de passer à autre chose, répondant à une autre des interrogations de Nikita mais rien n’y fit. Bien qu’elle observe d’un regard attendri les deux molosses couchés sereins sur le sol, la gamine au cœur inexpérimenté resta bloquée sur ces quelques mots assassins. Parce qu’ils n’expliquaient rien. Parce qu’ils voulaient tout dire et rien dire à la fois. Joaquin avait cessé de la regarder un court instant, pour regarder ses deux amis fidèles. Puis il en était revenu à elle. Elle qui ne savait plus le regarder. Les questions devaient fourmiller derrière sa rétine. Elle refusait de se trahir. D’autant plus que ce regard là n’avait rien de pesant. D’autant plus qu’à en croire la quiétude de l’appartement, il n’était pas question de jugement. Elle pouvait sentir, percevoir, le regard du brun, sur son visage, mais loin de lui abîmer les traits, il lui effleurait la peau. Comme cette main caressante sur son visage. Depuis quand avait-il changé de position ? Depuis quand le temps avait-il suspendu sa course ? Qu’avait-elle manqué d’autre dans les méandres de ses réflexions toxiques.
Elle osa un regard. Celui même qu’elle redoutait. Celui même qu’il comprit à l’instant même où il le croisait, sur sa foi elle aurait pu le jurer. Il avait lu ses questions. Là jusque derrière sa rétine. Elle pria pour qu’il ne lui en veuille pas. Elle se persuada qu’elle ne les poserait pas, ces questions indiscrètes et embarrassantes. Ces questions obsédantes… Elle les garderait pour elle, ou pour plus tard. Elle lui soutint pourtant le regard. Qu’elle les retienne oui. Qu’elle en ait honte, jamais. Si elle s’excusait souvent de ses baisers aux inconnus ? Elle s’était surement bien plus souvent excusée pour ceux donnés aux familiers. Les inconnus ne méritaient pas tant de précaution. Ils étaient souvent bien plus consentants qu’un ami ou qu’un confident. Cela faisait-il de Joaquin un familier ? Allait-il avec cette impression d’intimité flagrante et naturelle qu’elle avait ressentie depuis les premières minutes de leur rencontre ? Elle sourit légèrement, mutine et ne répondit pas à sa question. Du moins pas en verbe. Son corps répondit lui. Un haussement d’épaule, un sourire entendu, un regard amusé et désolé à la fois. Elle le suivi du regard lorsqu’il se déplaça de nouveau. Regard qui se transforma doucement tandis qu’elle comprenait, des gestes du brun, que l’heure n’était plus à cette plaisanterie sur ce baiser dérobé puis excusé. Il frôla d’abord ses blessures, à vif. Ses jambes frémirent et se déplièrent à peine, incapable de savoir si elles auraient dû se rétracter, ou bien s’ouvrir. Bouger. Ce fut tout ce dont elles furent capables. Suivre le mouvement. Et frémir. Trembler. Puis trépider d’excitation tout en chancelant de peur. La gamine suivit son cavalier noir tandis qu’il s’insérait tout contre elle, s’immisçant tout entre ses cuisses. Elle l’observa, sans le repousser, l’accompagnant même. Etait-ce un désir qui s’assouvissait ici ? Ou bien l’homme venait-il chercher son dû ? Ce qu’à l’autre violent, elle avait refusé. Cette idée lui glaça le sang et elle l’enferma sous ses paupières tandis que Joaquin l’embrassait. Ce baiser là. Il n’avait rien d’une réclamation. Cet homme là ne venait pas chercher une contrepartie. Ce baiser là était bien plus porteur de désir que de supplication. Et les mots qui suivirent après qu’il se soit éloigné un peu, vinrent confirmer le ressenti de la gamine. Il s’y refuserait même pour ne pas la blesser. On ne se refuse pas à ce qui nous revient de droit. On l’obtient, on l’emporte, on s'en empare. Il n’y a qu’au désir que l’homme pouvait se soustraire. Contraint et forcé par sa raison, par sa conscience. Et sa conscience à lui semblait fonctionner correctement. Qu’elle dorme. Sa conscience trouvait préférable que la gamine dorme après une telle soirée. La conscience de la gamine devait être alors bien plus défectueuse. A en croire cette chaleur dans les entrailles, animée par un simple baiser, sa raison à elle l’empêcherait de dormir. Baiser rendu, étreinte partagée, elle observa le brun lui dire ce que son corps ne semblait vouloir faire. Elle l’observa faire l’inverse de ce qu’il disait. Pensait-il à la faire dormir la juste sous son corps ? Pensait-il à rester ici, entre ses jambes, tandis qu’elle trouverait le sommeil ? Elle aurait pu sourire à cette simple pensée, si elle n’avait pas eu peur de le blesser. Cet homme là avait sa fierté. Même s’il demeurait brisé. Quelque chose disait à la gamine qu’il n’apprécierait pas qu’elle le défi de partir loin de son corps. Et quelque chose lui disait aussi qu’il y arriverait surement. Et qu’il laisserait sur sa peau, un vide inconsolable. Elle se contenta de le fixer alors puis de capturer ses lèvres de nouveau, en silence tout d’abord. Elle l’embrassa doucement, ramenant ses petites mains frêles contre la poitrine de l’homme. Elle se mordit la lèvre inférieure orpheline de celle du brun, comme pour peser ses mots. « Il est encore tôt. » Fit-elle simplement là où d’autres auraient certainement dit des choses plus osées comme ‘J’ai envie de toi’. Elle n’aurait su répondre qu’elle n’était pas fatiguée. Un seul mensonge. Elle s’était accordé un seul mensonge et l’avait d’ors et déjà consommé. Et elle l’était, fatiguée. « J’ai froid. » Fit-elle ensuite. Insistant inconsciemment sur les premières consonnes comme si elle grelottait déjà. |
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Boy with a broken soul
Behind an empty face heart with a gaping hole
YOUR OWN PERSONAL JESUS ‹ scanner rétinien : ‹ indice de violence : moyen ‹ statut rp : dispo (trois places)Joaquin Rivera There is a taste for blood and it's deep inside ‹ enfermé(e) le : 12/04/2013 ‹ doléances : 975 ‹ crédits : mushy (avatar) + tumblr (gif) + eminem (lyrics) ‹ âge : trente-neuf ans ‹ curriculum vitae : ex-lieutenant de la navy seal, ancien larbin du gouvernement ‹ raccourcis : kill your ego • steal a new face • a vision to none |
| Sujet: Re: I'm forever black-eyed (Joa' & Niki) (flashback) Jeu 12 Juin - 23:28 | |
| Luben. Deux syllabes à peine pour déranger la monotonie de son existence, ou pour en apaiser le chaos qui y régnait. Et les regards se cherchent, s’évitent, se croisent, se fuient. Les lèvres se scellent une, deux, trois fois. Des frôlements faussement timides, tristement fiévreux. Plus il essayait de s’arrache à elle, plus son corps s’alourdissait sur ce matelas usé. Pour une fois, il n’avait pas envie de partir, de s’échapper de cet appartement claustrophobe. Pour une fois, des questions lui brûlaient la langue. Sa curiosité était piquée. T’as quel âge. Tu vis où. Tu fais quoi. Qu’est-ce que tu veux. Ou qu’est-ce que tu cherches ? Sûrement pas un type comme lui. Il la traiterait bien d’idiote, de rester ici. Mais à son âge, le cœur était encore vierge. Peut-être fissuré par endroit, à cause des premières déceptions, des premiers mensonges, sans doute pas aussi morcelé que le sien, pas encore assez brisé pour mesurer la futilité de l’ébauche d’un baiser. La passion était aussi fulgurante qu’éphémère, se vivant dans l’instant pour se tarir aussitôt. On passe à autre chose, on oublie l’autre. L’oublierait-il, cette petite princesse des rues ? Il effleura du bout des doigts la pointe de ses cheveux blonds. Ce n’était pas elle qui serait son aventure, mais lui qui serait une expérience de plus dans sa jeunesse. Se taper un inconnu érigé en pseudo sauveur. Se dire qu’il avait pratiquement le double de son âge. C’était excitant pour elle, pathétique pour lui. Il avait construit une vie, un foyer, et il ne restait rien ; des bribes de souvenirs et une honte indicible. Comment en était-il arrivé là, à prendre soin d’une gosse dont tout le monde se foutait. À quel moment avait-il arrêté de se réveiller pour les pleurs d’un bébé, à quel moment avait-il commencé à s’occuper d’une adolescente paumée. T’aurais dû appeler la police et la laisser. C’était plus simple. Tellement plus simple. Quelque chose l’avait pourtant retenu, une proximité qu’il n’expliquait pas et qu’elle ne comprenait pas. Joaquin ne répondit pas au baiser. Ses lèvres restèrent closes et ses yeux baissés, mais ses mains étaient remontées jusqu’à son cou – parce qu’il la désirait toujours. Son pouce caressa légèrement la mandibule de la gamine. Une œillade furtive. L’ombre d’un sourire désolé. Puis il se leva finalement, emportant avec lui le verre de lait vide et la promesse de nouvelles caresses. Il fallait dormir, maintenant. On ne peut pas, s’était-il retenu de souffler, pas comme ça. On pouvait – il ne pouvait pas. Au nom de principes moraux aussi discutables que sa manière de régler un conflit, au nom d’une différence d’âge qui n’était exagérée que dans son esprit, au nom de la gosse. Elle n’avait pas besoin d’une aventure, d’un fantôme de plus. Si elle ne disparaissait pas la première, ce serait lui. C’était ça, le jeu. Ses doigts passèrent sur l’interrupteur, plongeant l’appartement dans une obscurité percée par les lumières de la ville. L’ambiance était amère. Différente de toutes ces fois où il avait ramené une femme sans nom et sans visage pour satisfaire un besoin plus animal que sentimental. Il ne cherchait pas la compagnie. Il ne les laissait pas rester le matin. Avec elle, ce n’était pas pareil. Il l’avait défendue, aidée, sans vraiment savoir d’où venait cet élan chevaleresque, ni cette hospitalité gratuite. Avec cette croix gravée dans sa chair, elle penserait peut-être qu’il agissait sous l’influence divine – mais sa foi, parfois aussi abîmée qu’inébranlable, ne dictait aucune de ses actions. Le pêcheur ne cherchait pas à se repentir. Ne voulait pas. Dans la pénombre, il croisait encore le regard malicieux de la môme, percevait sa silhouette tremblotante. Se refusait de revenir vers elle. Petite fille, qu’as-tu fait au vieil ermite. Au départ, ce n’était qu’une vendetta personnelle. Les coups qu’il aurait voulu donner à une autre époque, les suppliques qu’il aurait voulu entendre dans une autre bouche. Rivera ne fonctionnait plus à l’altruisme. Il regardait l’accident de loin puis tournait les talons, effaçant de sa mémoire l’appel à l’aide. Et cette môme était apparue. Comme ça, sortie de nulle part. Elle avait raison de s’interroger, mais elle ne pouvait pas espérer de réponse, ni d’histoire pour s’endormir. Il est encore tôt, dit-elle. Non. Il ne put s’empêcher de sourire, à moins que ce ne soit qu’un rictus las et un peu forcé. Il était fatigué, et sa main gauche tremblotait. Un vieux tic nerveux. Il préférait imaginer qu’elle ne voulait pas dormir… stress post-traumatique, une connerie du genre. Quoiqu’il en soit, il n’avait pas envie de prolonger une nuit qui paraissait éternelle – il ne se rappelait plus avoir fermé les yeux plus de trois heures par jour, ces derniers temps. Constamment sur le qui-vive, constamment en éveil. Et si la gamine était une illusion ? Peut-être qu’elle n’était qu’un rêve. Peut-être qu’il s’était enfin endormi en rentrant de ce bar merdique. Un fantasme tordu, une projection de sa mémoire malade… Qu’est-ce que j’en ai à foutre de toute façon, qu’il se dit. Si c’était son inconscient, il se réveillerait. Si c’était la réalité, il oublierait. C’était simple, ça aussi. La culpabilité ne l’étoufferait pas d’une manière ou d’une autre. Lui non plus ne voulait pas fermer les yeux. Mais il aurait été ravi de se loger une balle dans la tempe. Parfois, l’insomnie lui demandait doucement ce qui le retenait, à part ses chiens. Elle avait froid. La subtile naïveté de cette invitation était à peine sous-entendue, et lui restait là, planté devant l’interrupteur, incapable de raisonner correctement. Une gamine le déstabilisait sans artifice, sans vulgarité. Il loucha sur le sac de couchage défraîchi jeté par terre pour reporter aussitôt son attention sur Luben. « Ok », souffla-t-il en s’approchant. Il posa un genou sur le matelas mais il ne se pencha pas vers elle. Il tira simplement un pan de la couette, attrapa un oreiller et se coucha, invitant la gosse à l’imiter. À cet instant, tout son être frémissait de frustration. « Essaye de dormir, » murmura-t-il sans pour autant suivre son propre conseil, les yeux grands ouverts sur un pan de mur. En son for intérieur, il était persuadé qu’il ne les fermerait pas de sitôt. Il était persuadé qu’elle ne se contenterait pas de se glisser sous les draps, la peluche serrée contre sa poitrine, comme une fillette obéissante. Et cette pensée aurait pu lui arracher un sourire. |
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