| No hell below us • Juniper & Andreas | |
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Behind an empty face heart with a gaping hole
Andreas C. Akerman There is a taste for blood and it's deep inside ‹ enfermé(e) le : 27/10/2013 ‹ doléances : 126 ‹ crédits : ©Trainwreck ‹ âge : 19 ans ‹ raccourcis : Protect Me |
| Sujet: No hell below us • Juniper & Andreas Jeu 7 Nov - 20:50 | |
| Depuis combien de temps durait ce petit jeu ? Depuis combien de temps était-elle son unique raison de sortir ? Combien de temps encore pourrait-il y jouer sans s’y brûler ? Comme la première fois. Cette première fois où le hasard et l’évidence s’étaient alliés pour les amener à se rencontrer. Indésirée, ou à sens unique. Andreas l’avait rencontré. Il apprenait à la connaître. Là où elle n’avait fait que le fuir, l’éviter, l’ignorer. Soupçonnait-elle seulement son existence ? Là tapis dans l’ombre d’un coin de rue, il aimait à l’observer, dans son art. Sans la déranger. Il était sorti, se laissant trainé à une soirée dans laquelle, comme une évidence, il finit par manquer d’air et paniquer. Et par hasard il s’était retrouvé à pieds, sur ce chemin inconnu, cherchant le familier, souhaitant rentrer chez lui, au foyer. Et par hasard, il l’avait aperçu, dessinant son esprit sur les murs de la ville, maquillant le gris citadin de mille et unes couleurs. Et celui qui évitait les gens, celui qui aurait passé son chemin, ignorant volontairement la présence d’un autre, n’avait pu fermer les yeux sur ce spectacle. C’était comme si elle dansait. C’était comme si elle vivait et donnait vie, du bout de ses mains, de ces bombes de peinture. Dissimulé à l’angle d’une rue voisine, il l’observait gesticuler, s’agiter puis se calmer. Il admirait son chef d’œuvre, tentant de le deviner avant qu’elle ne l’ait achevé. Il n’avait fallu que d’une fois, que d’un fiasco, pour que cet acte isolé devienne une habitude. Il avait osé bougé et avec lui, avait fait glissé un simple caillou. Et cette silhouette encapuchonnée, qu’il n’avait su identifier, s’était tournée vers lui brièvement avant de s’enfuir, emportant tout sur son passage, ses affaires, et l’espoir même de connaître l’œuvre finale. Déstabilisé et incrédule, Andreas avait couru lui aussi. Après cette silhouette qu’il n’avait voulu déranger. Après cette ombre dont il ne comprenait pas la fuite. Pourquoi s’était-elle enfuit ainsi ? Ne voulait-elle simplement pas être observé ? Avait-il gâché même jusqu’à son plaisir de performer ? Avait-il détruit son impulsion artistique ? Rien n’avait pu l’éclairer. Si ce n’est que la suivant, il avait ainsi pu la voir rentrer chez elle. Sa course à lui s’était arrêtée ici. Et chaque soir où il ne travaillait pas, c’était devant chez elle qu’il se rendait, en pleine nuit, défiant le couvre feu. Pour la suivre encore, sur le lieu qu’elle choisirait pour sa nouvelle merveille. Et cette fois, il ne la dérangeait plus. Il avait appris. Mais cette nuit, ce soir, rien n’allait. Il attendait devant le bar dans lequel elle avait l’habitude de se produire en musique depuis plus d’une heure. Il n’avait eu le courage d’entrer de peur d’y être alpagué par le trop plein d’humanité. Il s’était cependant assuré, en jetant des regards de loin, qu’elle ne travaillait pas. Habitant dans le petit appartement à l’étage, elle finirait bien par descendre pour s’évader. Rien. Une heure qu’il l’attendait et la jeune fille n’avait pas montré le bout de son nez. Inquiet à l’idée d’attendre là, à la merci de tous ces ivrognes quittant les lieux pour s’échouer trop près de lui, sur le trottoir miteux, il commençait à tourner en rond, pensant partir, puis rester, puis partir, puis entrer. N’avait-elle pas envie d’écrire l’histoire ce soir ? N’avait-elle pas envie d’inonder de ses couleurs, les murs de la ville ? Pourquoi fallait-il qu’elle le prive de ce spectacle ? Il ne pourrait pas venir avant une semaine ensuite, il travaillerait de nuit. Le cœur battant et le souffle court, il redressa les épaules et entra dans le bar, le corps contracté de toute part. Il s’approcha et hésita un instant. C’était stupide, il ne savait pas où aller, comment rejoindre son appartement. Et très vite, trop de regards se posèrent sur lui. Planté au milieu de la pièce, il jeta un œil vers le comptoir et s’en approcha gêné. Ignorant jusqu’à l’identité de la jeune fille, il eut un raté, bredouillant quelques mots. « La fille qui habite ici ?... Elle joue aussi des fois ? Souvent.. » Le type en face de lui le toisa de la tête au pieds sans qu’Andreas ne comprenne ce qu’il lui voulait puis lui fit un signe de tête, indiquant un petit escalier dans un couloir privatisé. Le brun comprit et s’y engouffra non sans jeter un dernier regard au type comme s’il avait encore besoin d’une permission. Une fois à l’abri des regards, le garçon monta les marches deux par deux, avide de se mettre à l’abri des regards et au calme. Enfin devant la porte, sa main hésita plusieurs fois avant de se résoudre à frapper. Il attendit et s’écarta légèrement, soucieux de conserver son espace vital. A quoi ressemblait-elle ? Il n’avait pu qu’apercevoir son visage parfois et pourtant il se sentait parfaitement capable de la reconnaître lorsqu’il la verrait. Et lorsque la porte s’ouvrit, les mots lui manquèrent. Gorge nouée, il resta un court instant tétanisé par la situation. Quelle folie l’avait amenée ici, devant cette fille dont il ne savait rien, dont il avait l’impression de tout savoir ? Il s’écarta encore un peu, intimidé, et sa main vint étreindre doucement sa nuque. « Salut. » Un mot. C’était toujours ça de prit. Il prit sa respiration. Qu’avait-il de si terrible à avouer au fond ? Il n’avait aucune grande nouvelle à apporter, elle n’aurait à craindre le pire. « Tu ne vas pas dessiner cette nuit ? » C’était dit. Un poids incroyable fut ôté de la poitrine du jeune homme qui dès lors put reprendre son souffle doucement. |
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YOUR OWN PERSONAL JESUS ‹ scanner rétinien : ‹ indice de violence : faible ‹ statut rp : une place de libreJuniper L. Fields There is a taste for blood and it's deep inside ‹ enfermé(e) le : 29/10/2013 ‹ doléances : 49 ‹ double-compte : kira i. lawrence & m. caelia reynolds ‹ crédits : saku's (avatar) shakespearette & tumblr (gif) ‹ âge : vingt-et-un ans ‹ curriculum vitae : animatrice musicale dans un bar-café ‹ raccourcis : your innocent angel › write a part of my life › call me maybe |
| Sujet: Re: No hell below us • Juniper & Andreas Mar 12 Nov - 20:54 | |
| Noir, c'était le vide qui s'était immiscé dans sa tête. Bleu, vert, gris, c'était le froid de la table en verre, le froid du carrelage, le froid de la morgue, le froid tout simplement, le frisson qui avait parcouru son corps. Jaune, orange, rouge, c'était la chaleur de ces gouttes d'eau qui s'étaient écrasé sur ses joues, c'était la couleur que prenait son visage lorsqu'il était torturé entre la colère et la tristesse, la couleur du soleil qui illuminait le ciel à l'enterrement de son père. Une palette de couleur disparate qui décrivait pourtant toutes les étapes de sa descente aux enfers. Aujourd'hui, elle n'avait pas vraiment fini de faire son deuil, mais elle avait remonté la pente. Les premiers jours qui avaient suivi la mort de son père, elle les avait passés à se morfondre dans l'obscurité de son atelier, elle refusait de sortir, elle refusait tout contact avec l'extérieur, elle ne mangeait pas, elle buvait beaucoup de café, elle peignait, encore et encore, comme si cela était une question de vie ou de mort. La peinture l'avait sauvée, le dessin lui avait apporté la lumière et assez de lucidité pour comprendre qu'elle avait trop à perdre en se laissant mourir. Elle avait encore trop à accomplir, beaucoup à partager … Dès lors, ses toiles étaient passées du noir et blanc, aux couleurs pastels, puis peu à peu, cela s'était diversifiée et les couleurs avaient fini par se décliner sous un éventail de nuances aussi variées les unes que les autres. Et elle avait gagné en maturité, elle avait réussi à interpréter ses propres œuvres, à y trouver une part de sa vie, à comprendre ce qu'elle voulait et devait transmettre. Elle avait alors commencé à travailler sur un nouveau projet : celui de se faire connaître, sans se faire reconnaître. Elle avait acheté des rouleaux de feuilles presque aussi hautes qu'elle, elle avait investi dans une grande table en bois qui lui permettrait – selon le vendeur – de faire des découpes parfaites, et elle avait commencé. Un croquis d'abord à l'échelle d'un cahier, puis la reproduction à l'échelle humaine, une découpe, un choix de couleur ; un tube à dessin, le croquis à l'intérieur, quelques bombes glissées dans un sac, un sweat trop large pour elle qui appartenait à son père, et du courage. Un courage libérateur, pas un courage insurrectionnel, un courage existentiel, pas un courage criminel, elle était sortie, elle avait marché, avait trouvé ce mur vierge et s'était dit qu'il s'était offert à elle. Elle avait sorti son attirail, avait accroché son modèle et avait partagé ses pensées au reste du monde. Elle avait signé : Evenox, Eve parce qu'Adam était la seule famille qui lui restait, Nox parce qu'elle agissait la nuit et que ce mot s'opposait à la lumière du sien. Elle ne saurait l'expliquer, mais en peignant sur ce mur gris et maussade, elle avait senti que quelque chose s'était transformé en elle ; sur la route du retour, bravant le couvre-feu, elle avait bruyamment ri aux éclats, euphorique, heureuse, libre, vivante. C'était sa première fois, c'était il y a six mois et elle ne s'arrêterait pas là.
Assise au milieu de son atelier – son salon réaménagé – elle caressa du bout des doigts les reliefs d'une de ses toiles, cette œuvre qu'elle cachait au fond d'une boîte et qu'elle ressortait seulement lorsque son cœur l'incitait à le faire. Apposant ses doigts sur la couche épaisse de peinture, là où elle avait superposé plusieurs états d'esprit bien distincts, elle se demandait si elle retrouverait un jour le courage de défier le couvre-feu afin de vivre son art tel qu'elle en avait envie. Que lui était-il arrivé ? Six mois, un peu moins, qu'elle sortait à des heures tardives et qu'elle taguait des murs, des barrières en bois ou des panneaux d'affichage, six mois qu'elle entretenait une relation fusionnelle avec la nuit sans jamais se faire arrêter, six mois qu'elle cherchait de l'adrénaline dans ses virées nocturnes. Mais « cette » nuit là avait tout bouleversé. Elle était arrivée en face de la paroi moisie d'un bâtiment du Queens, et s'était donné comme but de le sublimer au mieux. Elle avait sorti son matériel, avait commencé à coller son modèle, avait établi la base, avait parfait quelques détails, et au moment de passer une couche de peinture sur sa réalisation un bruit mystérieux avait attiré son attention, elle s'était retournée et avait aperçu cette silhouette dans l'ombre. Prise de panique, elle avait arrêté son mouvement, avait rangé ses effets personnels dans son sac et était partie en courant. Grands pas, cheveux aux vents, sa capuche glissa de sa tête, mais elle n'avait pas le temps de la remettre, elle s'était retournée une fois, on la suivait, la police … Elle ne devait pas se faire prendre, elle ne pouvait pas. Arrivant vers son appartement, elle avait vérifié qu'elle avait semé son poursuivant, il n'était pas là, elle en était convaincue, elle était alors montée chez elle, avait lancé son sac dans un coin de la pièce et s'était jetée sur son lit où elle était délicieusement tombée dans les bras de Morphée, épuisée par la course effrénée qu'elle avait entreprise. En se levant au petit matin, elle pensait avoir rêvé, mais telle une criminelle qui avait l'habitude de revenir sur la scène de ses crimes, elle aimait voir ce que donnait son œuvre en plein jour, elle s'était alors habillée et était partie en excursion dans les rues de New-York afin d'observer sa peinture qu'elle pensait finie. En arrivant sur les lieux, elle découvrit avec horreur le résultat de son rêve : cet enfant heureux au visage à moitié recouvert de blanc, et cette signature inexistante. S'avançant doucement, là où le concierge du bâtiment dénigrait « les jeunes d'aujourd'hui qui n'ont rien d'autres à faire que massacrer des murs avec leurs couleurs criardes », elle analysait le massacre, ce n'était pas possible, tout cela s'était donc vraiment passé ? Elle en tremblait. Reculant dangereusement, elle manqua de renverser un passant. Se fondant en excuses, elle rentra chez elle, la mine déconfite. C'est ainsi qu'elle se retrouvait là, aujourd'hui, à regarder ses vieilles toiles, passant depuis une semaine ses nuits à l'intérieur, se refusant de sortir, inutile, triste.
Jetant un œil par la fenêtre, elle remarqua qu'il faisait déjà nuit, encore une qu'elle allait passé chez elle. Refermant doucement le couvercle de la valise de protection où se trouvait sa toile, elle se leva et commença à faire les cents pas dans la pièce. Tentant de détourner son attention sur quelque chose de plus intéressant que ses pensées défaitistes, elle ne pouvait s'empêcher de poser ses yeux sur le modèle de la peinture inachevée du Queens. Elle s'en voulait tellement de ne pas l'avoir fini, mais elle s'en voulait encore plus de ne pas avoir l'audace de retourner dans la rue pour la terminer. Alors qu'elle ronchonnait, un verre de lait à la main, et un cookie dans la bouche, on frappa de légers coups à sa porte. Mais qui était-ce ? Elle ne recevait jamais de visites et la seule personne qui venait régulièrement à sa porte était son patron et propriétaire de l'appartement, néanmoins il venait jamais à une heure aussi tardive. Posant son verre sur son plan de travail, et la bouche à moitié pleine, elle tira le paravent qui séparait son entrée de son atelier et ouvrit doucement la porte. Passant simplement la tête par l'entrebâillement, un jeune garçon la salua. Elle ne le connaissait pas, mais à ses allures timides, il ne devait pas être un de ces fous qui peuplaient les rues de Brooklyn. « Je peux vous aider ? » Elle était plutôt mal à l'aise, elle aussi, n'avait jamais réussi à parler aux autres aussi aisément qu'elle l'aurait voulu. Elle ne savait pas comment aborder la conversation, elle ne savait pas comment se comporter, elle n'arrivait pas à soutenir un regard. Ses yeux avaient d'ailleurs glissé vers les mains du jeune homme et s'étaient fixé là fuyant la confrontation. Lorsque finalement, tomba la raison même de cette visite impromptue, elle ne put s'empêcher de reculer d'un pas. Elle referma un peu la porte sur elle, comme pour se protéger d'une menace inexistante. Le jeune homme semblait candide, innocent, et pourtant elle s'imaginait déjà un tas de choses : infiltré pour la police, très bon comédien, dangereux criminel … Elle ne savait pas trop quoi faire. Elle conclut que démentir était la meilleure des choses à faire. Bégayant elle commença : « Je … Je suis vraiment désolée, mais … euh … je crois que vous vous trompez de personne, je ne vois vraiment pas de quoi vous parler. Je suis pianiste, chanteuse à la limite, mais le dessin, enfin … c'est pas moi. » Elle n'était pas une très bonne menteuse. Son seul manque d'assurance suffisait à la trahir, mais en éternelle optimiste, elle se convainquait qu'il la croirait. « Excusez-moi de ne pas rester discuter avec vous plus longtemps, mais j'ai des choses à faire. N'hésitez cependant pas à venir me voir demain, je joue demain … Piano … Enfin … » Sentant qu'elle commençait à divaguer, elle fit un petit signe de la tête au jeune homme et referma la porte sur lui, sans attendre de réponse. Ce mur qui la séparait maintenant du garçon la rassurait, mais elle n'était pas soulagée ; d'ailleurs, elle culpabilisait de plus en plus. Elle sentait ses mains trembler, trembler d'envie, trembler de besoin, un manque se faisait ressentir, elle voulait peindre, elle voulait partager sa passion, elle voulait finir son œuvre. Ce jeune garçon, qui qu'il soit lui avait donner envie de braver le couvre-feu, même si cela voulait dire qu'elle pourrait finir en prison …
Secondes, minutes, heures, elle tournait en rond dans son atelier sans savoir quoi faire. Elle se prépara à manger, elle s'assit au piano, joua quelques notes, s'arrêta brusquement, se laissa glisser au sol, s'assit en tailleur contre son lit, réfléchit, se coucha par terre, fixa le plafond, et ferma peu à peu les yeux. Tic tac, tic tac … Lorsqu'elle rouvrit les yeux, agacée par les aiguilles de son horloge, elle se redressa brutalement et manqua de se cogner contre le coin de sa table à dessin. Poussée par une force invisible, elle se dirigea vers son sac à dos, abandonné dans un coin de la pièce et le souleva. Farfouillant à l'intérieur, elle effleura chacun des objets et se sentait revivre. Jetant un rapide coup d’œil à l'extérieur, elle vit que le temps était sec, elle enfila ses bottes, mit son sweat à capuche et une grosse écharpe autour du cou. Elle devait y aller, sa vie en dépendait ; si elle n'y allait pas, elle se sentirait mal, elle souffrirait. Déterminée, elle avança jusqu'à la porte d'entrée, et l'ouvrit violemment. Ne prêtant pas attention aux alentours, pensant que le jeune homme qui était venu l'aborder tout à l'heure était parti, elle sursauta en entendant du mouvement derrière elle. Elle manqua d'ailleurs de glisser dans les escaliers. « Je … Qui êtes-vous ? » Une main sur la poitrine, elle sentait son cœur battre rapidement, l'autre tenait fermement la rambarde pour ne pas tomber. « Vous attendez là depuis tout à l'heure ? (…) Qu'est-ce que vous me voulez ? » Elle devenait impolie, en fait elle avait peur. Comment pouvait-elle justifier cette sortie nocturne alors que tout la trahissait : ses vêtements, son sac à dos, l'expression de son visage, ses bégaiements. Elle posa un pied sur la marche du dessous, prête à prendre ses jambes à son cou s'il s'avérait que le garçon soit une menace pour elle … |
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Andreas C. Akerman There is a taste for blood and it's deep inside ‹ enfermé(e) le : 27/10/2013 ‹ doléances : 126 ‹ crédits : ©Trainwreck ‹ âge : 19 ans ‹ raccourcis : Protect Me |
| Sujet: Re: No hell below us • Juniper & Andreas Dim 1 Déc - 14:58 | |
| Aussi perturbé et anxieux qu’il se sente, Andreas trouva la jeune femme étonnement mal à l’aise. Elle ne soutint que peu de temps son regard, si bien que pour une fois, ce ne fut pas lui qui eut à fuir celui de l’autre. Elle balbutia quelques mots inutiles et maladroits niant tout en bloc, comme si ce qu’Andreas venait de faire était de porter des accusations. En quoi l’avait-il bafouée, inquiétée, en quoi se sentait-elle condamnable ? Elle n’avait bravée qu’un couvre-feu. Couvre-feu que de nombreux autres braveraient encore chaque nuit que ce monde ferait. Que craignait-elle de lui, assez pour préparer sa fuite, fermant un peu plus la porte qui les séparait et se dissimulant un peu plus derrière. De quoi se cachait-elle ? De lui ? Lui qui pour sûr venait de la reconnaître. Elle était bien la jeune fille qui des jours plus tôt dessinait sous ses yeux passionnés. Elle était bien celle qui des jours plu tôt courrait devant lui, le fuyant et abandonnant son oeuvre inachevée sur un mur trop triste du Queens. Nier ne servirait à rien. Andreas savait. Il savait qu’elle était celle qui depuis des semaines, habillait les murs de la ville et couvrait ses rétines de couleurs inattendues. Et cette façon d’être, distante et discrète, avait tout pour le conforter des ses idées. Lui qui ne comprenait que peu de chose à l’Humain, en comprenait le besoin maladif de s’exprimer. Et il savait d’expérience, qu’une personnalité discrète devait trouver un moyen détourné de le faire. Il la savait artiste quoi qu’il arrive et elle l’avouait aussi. Chanteuse, joueuse de piano… Pourquoi donc n’y aurait pas une corde de plus à son arc ? Pourquoi donc choisissait-elle d’assumer sa musique et sa voix tandis qu’elle ignorait ses mains et ses fresques ? N’étaient-ce pas les mêmes mains courant sur le piano, décorant les murs ? C’était à n’y rien comprendre. Un vide incommensurable habilla le visage du garçon tandis que la jeune femme se défendait d’un crime dont il ne l’accusait pas. Il n’eut le courage de la retenir lorsqu’elle le salua d’un au revoir aussi hésitant que celui avec lequel elle lui avait dit bonjour. Il n’aurait eu l’irrespect de bloquer la porte ou de menacer d’une quelconque façon son espace vital, son intimité. C’est pourquoi il se retrouva nez à la porte, comme quelques secondes plus tôt. Si ce n’est que cette fois, il n’avait plus rien à hésiter. Il resta derrière cette porte, debout, quelques secondes, le temps de digérer l’action, la situation, d’en mesurer tout les tenants et les aboutissants. Elle jouerait demain, du piano. Il savait apprécier sa musique. Mais c’était ses dessins qui aujourd’hui lui manquaient. Sa présence rassurante dans les rues de la grosse pomme.
Les minutes s’étirèrent tandis qu’Andreas avait trouvé refuge et repos dans un coin du pallier. Il avait fini par s’asseoir, perdant doucement l’espoir qu’elle ne sorte de sa tanière. Dos contre le mur, il resta ainsi, à se demander quand il aurait le courage de partir. S’il aurait le courage de frapper à cette porte de nouveau. Si elle en sortirait bientôt. Et le temps passa, irrémédiablement. Il somnola parfois, perdu dans des pensées trop profondes, emporté par son imagination. Il fut ramené à la réalité souvent. Par quelques bruits plus forts que les autres, plus exhaustif. Il écouta les quelques notes de piano que la jeune fille joua et s’imagina qu’elle jouait pour lui. En compensation d’une peinture qu’elle ne saurait lui offrir. Il finit par s’endormir, incapable de sortir, de braver le couvre feu seul et de laisser s’envoler tout espoir que la jeune fille sorte pour sa peinture. Jusqu’à ce que la porte grince pour de bon, en un craquement sec. Andreas fut sorti de ses songes et vit la jeune fille claquer la porte derrière elle avant de se jeter dans l’escalier. Il l’aurait suivi. Il n’eut pas à le faire. Bien qu’elle n’ait remarqué sa présence plus tôt, elle fit volte-face lorsqu’à son tour, il fit craquer les lames du parquet pour se relever. Elle manqua de glisser dans l’escalier et par réflexe, Andreas jeta ses mains en avant comme s’il avait pu la rattraper. Elle se retint et le questionna. C’était légitime. Il avait passé une bonne partie de la nuit devant sa porte, après y avoir frapper. La porte d’une inconnue. Il inversa la situation et fut submergé par l’angoisse. Que penserait-il d’une fille qu’il trouverait en pleine nuit, assise devant la porte de sa chambre au foyer ? Il répondit alors rapidement aux interrogations de la jeune fille, pour que l’angoisse s’évanouisse. « Andreas, c’est mon prénom, je t’ai vu quelques fois peindre sur les murs... En fait, c’est même moi qui t’ai fait fuir l’autre nuit, dans le Queens, je m’en excuse… Je ne veux pas que tu arrêtes de peindre par ma faute. J’aime beaucoup ce que tu fais. » Il n’aurait su, dans d’autres circonstances, balancer toute sa vérité ainsi. Il ne l’avait fait que par mesure de sécurité et d’extrême nécessité. Il fallait qu’elle cesse de le craindre. « Peut-être saurais-tu reprendre ton œuvre là où tu l’as laissé cette nuit là ? » Il n'osa demander à l'accompagner. Peut-être qu'il n'aurait pas à le faire, peut-être comprendrait-elle sans qu'il n'ait à lui expliquer, qu'il aimait l'observer tandis qu'elle oeuvrait. A moins qu'elle ne rejette cette attention et qu'elle n'ait peur de perdre ce qu'elle trouvait dans la solitude de son art... |
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YOUR OWN PERSONAL JESUS ‹ scanner rétinien : ‹ indice de violence : faible ‹ statut rp : une place de libreJuniper L. Fields There is a taste for blood and it's deep inside ‹ enfermé(e) le : 29/10/2013 ‹ doléances : 49 ‹ double-compte : kira i. lawrence & m. caelia reynolds ‹ crédits : saku's (avatar) shakespearette & tumblr (gif) ‹ âge : vingt-et-un ans ‹ curriculum vitae : animatrice musicale dans un bar-café ‹ raccourcis : your innocent angel › write a part of my life › call me maybe |
| Sujet: Re: No hell below us • Juniper & Andreas Dim 22 Déc - 18:36 | |
| Juniper n’a jamais réussi à se fier aux autres. La plus grande partie de son enfance, elle l’avait passé à ne faire confiance qu’à elle-même. Avec le temps, elle avait bien réussi à s’ouvrir à Adam, mais c’était tout ; les autres n’étaient que des passants pour elle, des personnes presque invisibles, qui existaient, qui faisaient leur vie autour d’elle, mais qui n’avaient pas besoin d’être en interaction avec elle. C’est ainsi qu’elle avait toujours imaginé la vie : être seule plutôt que mal accompagnée. C’était une logique misanthropique, mais au fond d’elle, c’était ce qu’elle était : misanthrope. Elle aimait la solitude, elle aimait le silence, elle détestait qu’on l’embête pour rien. Elle ne se faisait pas d’amis, elle ne se faisait pas d’ennemis non plus, elle se faisait à travers ses dessins, elle s’étudiait et s’apprenait à travers l’art, elle grandissait à son rythme, à sa manière. Les autres, c’était du superflu … Elle ne les ignorait pas pour autant. Elle savait qu’ils existaient, elle savait que sans eux elle n’aurait rien à manger, aucune peinture pour peindre, aucun crayon pour dessiner, aucune eau à boire, elle savait aussi que certains passaient devant ses œuvres sans les regarder, alors que d’autres restaient des heures devant pour essayer de les interpréter. Preuve qu’elle acceptait leur existence, le fait qu’elle peigne pour eux. Auparavant, elle se serait bien garder de révéler son art à la terre entière, elle préférait cacher ses toiles au fond d’une pochette ou d’un tube à dessin, sous le lit ou dans le grenier, terminé ou non. Mais avec le temps, elle a réalisé que si elle ne savait pas s’exprimer grâce à sa voix, elle y arriverait peut-être grâce à l’art. De là est né son envie d’exposer ses talents aux yeux de tous, cela a été une étape cruciale de sa vie, néanmoins, elle ne le regrettera jamais … Parce que dessiner dans la rue, braver le couvre-feu lui donnait de la force, du courage ; et que ce courage, elle en avait besoin pour survivre dans ce monde sombre et inquiétant.
Rien de méchant n’émanait de ce jeune homme, pourtant, elle préférait rester prudente. Jusqu’à maintenant, elle n’avait jamais réussi à donner sa confiance à quelqu’un d’autre qu’à son père et Adam, et ce jeune garçon, aussi gentil pouvait-il être ne dérogerait pas à la règle. Toujours suspendue à la rambarde, prête à dévaler les escaliers, elle observait son admirateur de haut en bas, dévisageant chaque parcelle de son physique et analysant chacun de ses gestes pour tenter de savoir s’il représentait un risque ou non. Aux premiers abords, ses allures enfantines et sa raideur laissaient présager un garçon timide, innocent et un peu marginal. Mais ses yeux traduisaient également la curiosité et l’envie, il avait besoin de quelque chose, il était là pour une raison bien précise. Pourquoi ? Jouait-il extrêmement bien la comédie ou était-elle simplement paranoïaque ? Se redressant légèrement et lâchant la rambarde, elle descendit d’une marche comme pour créer un espace de sécurité entre lui et elle. Ses paroles semblaient si réelles, si vraies, mais sa candeur et sa naïveté l’auraient-elles simplement mené jusqu’à chez elle ? Aurait-il vraiment attendu des heures devant sa porte simplement pour quelques graffitis et des tâches de couleur ? D’accord, elle allait un peu trop loin. Pour elle, ses œuvres n’étaient pas que des tâches de couleur ou des graffitis, mais lui, comprenait-il vraiment ce qu’elle voulait délivrer en exposant ses dessins aux yeux de tous ou n’était-il qu’un jeune insurgé qui croyait lire en cet art un appel à la révolte ? Il ne pouvait pas être là ‘seulement’ pour elle, seulement pour ces peintures. Elles n’avaient pas assez de valeur pour qu’un garçon vienne frapper à la porte de leur auteur dans le seul but de l’inciter à retourner grapher. Il avait une idée derrière la tête, elle en était sûre, elle voulait s’en convaincre. Pendant que ses réflexions s’embrouillaient dans sa tête jusqu’à la rendre folle, le silence s’était installé sur le palier de l’appartement de Juniper. Ils étaient là, face à face, lui un peu plus haut qu’elle : lui pouvant se jeter sur elle à tout moment pour l’emprisonner et la livrer à la police, elle méfiante et désespérée. « Comment puis-je être sûre que vous êtes celui que vous prétendez être ? » Elle reculait encore d’un pas pour descendre encore une marche. « Et comment pouvez-vous être sûre que je suis celle que vous pensez connaître ? Jusqu’à maintenant, je n’ai jamais été attrapée à braver un couvre-feu … Peut-être que je suis un agent de je ne sais quel gouvernement qui essaie d’attirer des gens comme toi dehors pendant le couvre-feu pour que tu te fasses arrêter ! » Elle essayait de lui détourner l’attention, de trouver le bon moment pour se retourner et partir en courant. Tant pis pour l’œuvre inachevée du Queens, il la retrouverait trop facilement. Elle irait ailleurs, recommencerait, ou ferait autre chose en fonction de ses envies. En attendant, elle devait se débarrasser de lui … ou pas.
Entendant un bruit derrière elle, elle se retourna et entendit un caillou rouler sur le sol. Effrayée, elle remonta les marches qui la séparaient du dénommé Andreas et elle se dissimula dans l’ombre. Posant son index sur ses lèvres, elle indiqua au jeune homme de ne pas dire un mot. « Eh mec, envoie une bière ! » Qui était-ce ? A qui parlait-il ? Elle entendit le son d’une bouteille s’écraser sur le sol dans un gros fracas. « T’es vraiment pas doué, tu sais pas lancer ! » « Ou bien t’es tellement bourré que tu as loupé la bouteille ! T’es nul ! Bon grouille, on passe au bar suivant ! » Elle entendit les pas s’éloigner, mais elle resta là, immobile, en silence, préférant être sûre que ces alcooliques ne reviendraient pas. Les minutes passèrent sans qu’aucun des deux ne réagissent. Ils semblaient avoir eu réellement peur tous les deux. Lorsqu’elle fut entièrement convaincue qu’ils étaient de nouveau seuls, elle rompit le silence. « Maintenant soyons clair. Si tu es un malfrat, un indic’ collaborateur avec la police ou je ne sais quoi, va-t’en et moi je rentre chez moi, et tu peux être sûr de ne jamais me revoir dans la rue, parce que tu ne m’attraperas pas aussi facilement ! » Elle posa sa main sur la poignée de sa porte et pinça ses lèvres. Elle sentit un petit goût ferreux lui piquer la langue, elle avait dû se mordre la lèvre pendant que les deux hommes buvaient leur bière. « Ou bien tu es assez convaincant et tu réussis à me sortir tous les arguments possibles et inimaginables pour me faire sortir de ma tanière et m’inciter à aller finir mon dessin dans le Queens. » Elle le regardait avec un air presque hautain, même si ce n’était pas son intention réelle. Elle voulait vraiment le croire, mais tout n’était pas si simple. « Alors ? Qu’est-ce que tu as à me proposer ? » Elle lui laissa un peu de temps pour parler, mais plein d’autres idées lui traversait l’esprit pour s’assurer qu’Andreas était vraiment celui qu’il affirmait être. « Et tu ajouteras à ces arguments une réponse à cette petite question … Si tu aimes vraiment ce que je fais, tu as dû parcourir la ville à la recherche de mes … ‘peintures’ et du coup, tu dois te souvenir de celui que j’ai fait non loin de là, sur le mur d’un restaurant chinois je crois … Qu’avais-je représenté ? » Elle fit la moue et attendit patiemment qu’il daigne répondre. C’était une question piège. Il connaissait peut-être la réponse … En fait, elle espérait que non, parce qu’elle n’avait plus vraiment envie de sortir maintenant ; elle voulait simplement retrouver son lit et la douceur de son appartement … Mais il semblait si déterminé …
C'est nul nul nul ! Tout pourri et nul ! Mais j'espère que ça ira quand même ! Juniper est en mode meuuuchante alors t'as intérêt à être bon Andy ! |
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Andreas C. Akerman There is a taste for blood and it's deep inside ‹ enfermé(e) le : 27/10/2013 ‹ doléances : 126 ‹ crédits : ©Trainwreck ‹ âge : 19 ans ‹ raccourcis : Protect Me |
| Sujet: Re: No hell below us • Juniper & Andreas Sam 4 Jan - 14:08 | |
| S’il avait pu le faire, Andreas se serait enfui en courant de ce pallier où il était monté comme poussé par un élan divin, où il était resté des heures, porté par un courage qui ne lui ressemblait pas. Et là, devant cette jeune fille à qui il avait révélé avec soulagement ses intentions, il se sentait parfaitement inutile, perdu et inapproprié. Que penserait-elle de lui ? Bien étranger aux normes communautaires, il aurait été bien incapable de dire ce qu’une jeune fille pouvait penser d’un jeune garçon restant planté des heures devant sa porte. Il était cependant capable d’imaginer qu’il n’y avait là rien de normal dans le comportement d’un parfait inconnu. Passait-il pour un fou, un danger, ou un simplet ? Impossible de le déterminer. Mais plus le silence permettait ses réflexions et plus le vide devenait dérangeant, rongeant doucement le peu de courage gisant dans ses entrailles. Gamin paumé, il ne se sentit que plus à l’aise lorsque la jeune fille s’écarta, descendant d’une marche pour le fixer. Distance de sécurité nécessaire qu’il creusa un peu plus en reculant à son tour, piétinant le sol parqueté du pallier. Ne sachant plus où se mettre et rêvant d’un endroit où se cacher, il se mit à entortiller nerveusement ses doigts, gigotant légèrement, sans gestes brusques, sans geste trop ample, comme un enfant qui attend ses parents à la sortie de l’école en sachant pertinemment qu’ils ne viendront pas. Un malaise se créa lentement dans son esprit et il se jura de ne plus prendre la parole tant que la jeune fille ne l’aurait pas fait à son tour. Qu’aurait-il bien pu ajouter sans passer plus encore pour un fou à lier, sans creuser le fossé les séparant de la vérité. Ce qu’elle répondit eut le don de le conforter dans son idée. Le silence s’imposait. Elle ne le croyait pas. Elle se méfiait de lui. C’était bien la première fois que quelqu’un se méfiait de lui, y voyant une menace plutôt qu’une victime. Le brun resta complètement coi à ce constat. De quoi avait-elle peur ? Qu’il soit un agent de la police, chargé de repérer les comportements dissidents ? C’est ce qu’il compris de son insinuation inverse. Soulevant l’idée qu’elle pouvait être une taupe infiltrée dans la ville à des heures indues… Elle insinuait malgré elle qu’il pouvait lui aussi être de ceux là. Avec sa silhouette fragile, ses épaules graciles et son air paumé… Pouvait-il vraiment prétendre être capable d’une quelconque forme d’autorité ? Et le pouvait-elle tout autant avec ses bombes de peintures plein les mains et ce talent incroyable ? On ne fait pas flic quand on a du talent.
Surpris par de telles appréhensions de la part de la jeune fille, il ne répondit rien, préférant le silence aux arguments. Les yeux légèrement écarquillés, grand ouverts sur l’incongru de la situation, il resta là, sur place, presque immobile, à fixer celle qui osait se méfier de lui. Elle l’avait vouvoyé, là où lui avait osé la tutoyer. Il s’en sentit irrespectueux et se promit d’en revenir au vouvoiement dès que possible. Mais il ne reprendrait pas la parole de si tôt, il devrait attendre que son peu de courage ressurgisse. Une chance somme toute particulière et inattendue leur sourit. Car si Andreas craignait la société, il aurait pu remercier l’intervention de celle-ci lorsqu’elle les obligea au silence et à l’immobilisme dans l’obscurité. La jeune fille s’était réfugiée sur le pallier avec lui, lui intimant le silence d’un index sur ses lèvres tandis que l’agitation régnait en bas. Le brun n’eut aucune difficulté à s’exécuter et utilisa ce temps à la réflexion. Il colla son dos doucement contre le mur derrière lui et attendit, baissant la tête pour fixer ses mains toujours agitées. Il apprécia ce répit, ignorant et incapable de prévoir de quoi serait fait la suite de leur rencontre. Continuerait-elle de se méfier de lui après ça ? Aurait-elle même peur d’un garçon effrayé ? Il s’apaisa lentement, profitant pleinement du calme avant une probable tempête. Le silence se fit de nouveau à l’étage du dessous et la jeune fille rouvrit les hostilités. Andreas, enfermé dans un mutisme dont il ne savait s’échapper, n’eut pour réponse, que ses yeux, une nouvelle fois écarquillés. Et malgré les nombreuses opportunités qu’elle lui laissa de parler, de répondre, de se défendre, il n’en saisit aucune, laissant tout le loisir à la jeune fille, de reprendre de plus bel. Lorsqu’il eut enfin son mot à dire, dans ce flot d’interrogations, son estomac se noua. Ses lèvres s’entrouvrirent une première fois, sans qu’aucun son ne sache s’en échapper. Il déglutit difficilement, ravalant ses mots et fit une seconde tentative. Plus satisfaisante. « Euh... Je ne me… souviens pas d’une peinture sur le mur d’un restaurant chinois. Mais j’ai pu la manquer… Je m’en excuse si c’est le cas, et je me ferais un plaisir de la découvrir. » Il marqua une petite pause, se pinçant les lèvres. « J’aime juste ce que vous faites et je sais que c’est vous parce que je vous ai suivi le soir où je vous ai fais peur. Je ne vous ai pas suivi pour vous attraper, mais pour m’excuser, et c’est ce que j’essaye de faire ce soir en même temps de vous inviter à reprendre cette œuvre que j’ai interrompue. » Il se frotta la nuque et l’arrière de la tête avec sa main, cherchant le peu de contenance qu’il pourrait trouver. « Je me souviens de cet arc en ciel de couleur sur le mur de l’école à l’angle de la 32ème, et de cette terre vu du ciel aussi. Mais je crois que celle que je préfère c’est votre trompe l’œil sur les pavés dans les rues piétonnes de Time Square, j’ai cru tomber dans le vide, dans ce précipice et ça m’a presque parut familier, j’ai tout le temps l’impression de tomber dans le vide, c’était beau, c’était vivant. Je serais vraiment désolé d’avoir mis un terme à votre art par ma présence parasite. » Il se pinça une nouvelle fois la lèvre inférieure, la mordant cette fois plus fortement. Gêné par ses aveux, sa tête rentra lentement dans ses épaules et il grimaça légèrement. |
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YOUR OWN PERSONAL JESUS ‹ scanner rétinien : ‹ indice de violence : faible ‹ statut rp : une place de libreJuniper L. Fields There is a taste for blood and it's deep inside ‹ enfermé(e) le : 29/10/2013 ‹ doléances : 49 ‹ double-compte : kira i. lawrence & m. caelia reynolds ‹ crédits : saku's (avatar) shakespearette & tumblr (gif) ‹ âge : vingt-et-un ans ‹ curriculum vitae : animatrice musicale dans un bar-café ‹ raccourcis : your innocent angel › write a part of my life › call me maybe |
| Sujet: Re: No hell below us • Juniper & Andreas Dim 12 Jan - 15:47 | |
| Le silence suffit à lui faire réaliser qu’elle était allée un peu trop loin. Sa paranoïa et son impulsivité passagère l’avaient fait réagir de manière excessive, ce qui n’était pas dans ses habitudes. Elle s’est toujours considérée comme une fille libre de ses mouvements, amicale, patiente et avec une certaine ouverture d’esprit, mais la peur lui faisait faire des choses qui dépassaient l’entendement. Son manque de confiance en elle et en les autres la rendait susceptible et inconsciente, et maintenant qu’elle s’en rendait compte, elle se sentait encore plus honteuse. Néanmoins, elle resta campée sur ses positions, ne voulant pas paraître, de plus, lunatique aux yeux de cet inconnu. Elle n’avait plus personne, il fallait qu’elle commence à s’ouvrir aux autres, mais elle était incapable, elle ne savait pas comment faire, elle n’avait jamais appris … Elle baissa les yeux vers le sol par gêne vis-à-vis du dénommé Andreas. Elle ne savait pas trop si elle l’avait blessé en s’adressant ainsi à lui, elle ne savait pas non plus comment il allait réagir à cette négociation qui sonnait comme un ultimatum. Elle se sentait coupable d’être aussi manipulatrice, de jouer avec les gens ainsi, elle n’était pas comme ça. Que pouvait-elle perdre en faisant confiance ne serait-ce qu’une seconde à ce jeune garçon ? Il ne semblait pas si dangereux, ni effrayant. Elle s’était simplement fait des idées, elle avait seulement voulu se convaincre qu’il était quelqu’un de mauvais … Cependant, en laissant ces aprioris derrière elle, n’y avait-il pas quelque chose de délicieusement touchant dans l’attention qu’il portait à l’art de rue et qui plus est à son art à elle ? Elle n’avait jamais eu de fan jusqu’à maintenant – après tout, l’anonymat qu’elle tenait à conserver à travers ses œuvres ne se prêtait pas à une rencontre entre artiste et admirateur – et cette sensation était à la fois tellement oppressante et désirable.
Elle finit par relever les yeux vers lui, l’admirant d’un regard nouveau. Elle remarquait que ses exigences avaient bouleversé tous les bons sentiments du jeune homme. Cela devait faire plusieurs minutes qu’il se terrait dans un mutisme absolu, et elle, ne trouvait rien à redire face à ce grand silence qu’elle avait involontairement installé. Pinçant doucement les lèvres, elle s’empêchait de dire des bêtises qui pourraient aggraver la situation. Au lieu de ça, elle lâcha la poignée de sa porte d’entrée, et porta ses doigts à sa bouche en commençant à se ronger les ongles. C’était une vieille habitude qu’elle avait pris lorsqu’elle voulait s’interdire de faire quelque chose ; elle concentrait toute son attention sur une seule chose : ses ongles. Culpabilité, culpabilité, elle ne faisait que grandir en elle. Toutefois, la peur continuait d’englober tout cela car ce n’était pas du jour au lendemain qu’elle arriverait à faire confiance à une personne simplement après un petit échange sans intérêt. Malgré tout, elle tenta de dénouer la situation, car elle voyait bien que le jeune homme était torturé au milieu de toutes ces questions, ces exigences et cette crainte. « Je … » Elle n’eut pas le temps de dire quoi que ce soit qu’il s’était lancé dans un long monologue à propos des œuvres urbaines dont elle était la créatrice. Elle l’écouta attentivement, sans en manquer une miette, se nourrissant de l’admiration qu’il avait pour elle. Tout d’abord, elle remarqua qu’il n’était pas tombé dans le piège qu’elle avait délibérément posé pour le déstabiliser. Pouvait-il donc vraiment être cette personne qui l’avait interrompue dans la rue l’autre nuit ? Il semblait la connaître mieux que personne, tout du moins, il connaissait son art. Et puis il voulait s’excuser, n’avait-elle pas le devoir de les accepter après la façon dont elle s’était adressée à lui ? Encore trop méfiante, elle ne répondit rien. Elle était encore trop affectée par cette rencontre inattendue et la peur qu’elle avait ressentie lorsqu’elle avait aperçu cette silhouette à une dizaine de mètres d’elle, au beau milieu de la nuit. Elle le fixait, l’écoutant sélectionner chacun des mots qu’il utilisait pour décrire ses œuvres : l’arc-en-ciel … le trompe-l’œil … ce n’était que deux œuvres parmi tant d’autres, mais le seul fait qu’il sache dans l’exactitude où elles se trouvaient et ce qu’elles désignaient l’impressionnait. Lorsqu’il en eut fini, elle resta quelques instants, bouche-bée, ne sachant plus quoi répondre à cela. Il lui avait quasiment prouvé sa loyauté, et même si elle n’était pas encore capable d’abandonner ses craintes, elle se promit de ne pas continuer à faire de lui un de ses ennemis … Et dans un grand sourire qui pourrait détendre toutes les atmosphères les plus oppressantes, elle répondit emplie de passion. « Cette école avait connu l’horreur ces dernières années. Il y a deux ans, après une fuite de gaz, le bâtiment a dû être entièrement démoli et toute l’histoire du bâtiment avec. Ils en ont reconstruit un par-dessus, mais par manque de moyen, les murs extérieurs étaient restés blancs. J’ai pensé qu’un peu de couleur permettrait aux enfants de se sentir un peu plus chez eux. » Elle leva les yeux au ciel et s’imprégna de ce souvenir délicieux. Elle se rappelait de l’étonnement des enfants le lendemain lorsqu’ils étaient retournés à l’école, et l’émerveillement des parents face à l’audace dont elle avait fait preuve. Elle avait entendu des remarques, quelques critiques, mais jamais rien d’autres que des choses positives et constructives.
Redescendant sur terre, elle laissa ses souvenirs reprendre place dans un coin de sa tête, et reposa son attention sur Andreas. « Je me suis égarée dans mes anecdotes. Ça ne vous intéresse peut-être pas ! » Elle haussa les épaules et recula d’un pas. « Je vous dois des excuses ! J’ai dépassé les bornes, je suis désolée. Je n’ai jamais été une grande sociable et je crois avoir du mal à m’adresser poliment aux inconnus … » Elle se crispa légèrement et baissa les yeux. « … J’ai énormément de mal à accorder ma confiance aux autres et j’ai toujours peur qu’on me fasse du mal. Je ne suis pas sûre de connaître quoi que ce soit de la vie à part celle que je vis dans ma petite bulle. » Elle s’aperçut qu’elle s’était un peu trop livré ; de fait, elle reprit un air un peu plus désinvolte et marcha d’un air décidé jusqu’aux escaliers. « Je devrais y aller avant qu’il fasse jour. J’ai beaucoup à faire … » Elle marqua une pause en descendant quelques marches puis se retourna vers Andreas. « Je ne pense pas pouvoir vous empêcher de me suivre. Mais si vous êtes vraiment celui que vous prétendez être, faites attention à vous. Et surtout si vous entendez un bruit suspect, ne pensez qu’à vous, enfuyez-vous le plus vite possible. De préférences dans la direction opposée à celle où je pars. S’ils attrapent l’un de nous ; on ne se connait pas ! » Elle regarda autour d’elle avant de conclure. « Et après tout, on ne mentirait pas vraiment ! » Elle dévala le reste des marches et commença à quitter la propriété du bar-café où elle habitait. Le sac sur son dos, la capuche sur la tête, le dos légèrement voûté, elle avançait calmement, tentant de déceler les moindres bruits suspects autour d’elle. Au moins, elle savait une chose, c’était qu’Andreas ne devait pas être loin derrière et qu’il devait également être aux aguets. Elle ne savait pas trop ce qu’allait lui réserver la soirée, mais avec la conclusion qu’elle avait faite, elle pensait qu’Andreas avait compris qu’ils ne s’adresseraient plus la parole de la nuit ; sauf s’il s’avérait que l’un ou l’autre soit soudainement pris d’une crise de curiosité … |
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Andreas C. Akerman There is a taste for blood and it's deep inside ‹ enfermé(e) le : 27/10/2013 ‹ doléances : 126 ‹ crédits : ©Trainwreck ‹ âge : 19 ans ‹ raccourcis : Protect Me |
| Sujet: Re: No hell below us • Juniper & Andreas Dim 9 Fév - 17:57 | |
| « Ca m’intéresse ! Je suis sûr qu’ils s’émerveillent autant que moi devant ce mur. » Il afficha un large sourire en repensant à l’œuvre. Andreas ne s’était jamais considéré comme un adulte accompli. Enfermé depuis son plus jeune âge, protégé et préservé d’un monde bien plus cruel que celui créé par son ravisseur, il avait oublié de grandir. Ou plutôt oublié de vieillir. Seul son corps indiquait ses 19 ans à peine. Le reste, son comportement, ses émotions, ses réactions, étaient ceux d’un enfant, d’un adulte au syndrome de Peter Pan. Et bien qu’il fasse à présent parti du monde et qu’on l’oblige comme tout adulte qui se respecte à avoir un travail respectable et à gagner sa vie comme il se doit, il ne se sentait pas plus mature pour autant. La vie demeurait une parfaite farce pour lui, un jeu auquel on l’aurait obligé à jouer et où personne n’aurait pris la peine de lui expliquer les règles. Il n’aurait su dire si la jeune fille devant lui partageait ce sentiment. Il ne la connaissait pas encore suffisamment et son opinion balançait entre cette rébellion qu’avec l’art elle semblait mener, et cet art avec lequel sans le vouloir elle semblait se rebeller. Il ne savait encore dire qui de l’art ou de la rébellion, était le péché originel. La jeune fille était-elle forcée par son art pulsionnel à la rébellion, ou souhaitait-elle à la base se rebeller ? Il apprendrait peut-être à éclaircir ce point si elle lui laissait le droit de la connaître mieux. Tandis qu’un nouveau silence semblait vouloir reprendre ses droits, le brun pria intimement le ciel pour que la jeune fille lui pardonne cette intrusion maladroite mais sincère dans son univers coloré. Il s’était senti mal à l’idée qu’elle le perçoive comme une menace et espérait que sa sincérité la ramènerait vers lui plutôt que de l’en éloigner. Soulagé d’avoir enfin rétablie la vérité, d’avoir dégager son cœur d’un poids long de plusieurs semaines, il aurait pu rentrer chez lui le cœur léger cette nuit là. Et elle saurait à présent, qu’une personne au moins aimait ses fresques, qu’une personne au moins la suivrait en silence, observant son art avec respect, de loin, en pensant discrètement à elle. Elle saurait que ce secret, elle ne le porterait plus seule. Et qu’à aucun moment, la police n’avait failli l’attraper.
Il comprit immédiatement qu’une barrière venait de s’effondrer entre eux lorsqu’elle commença par s’excuser de sa méfiance et de ses menaces à demi-mots. Peut-être pourraient-ils enfin discuter de ce qui les réunissait cette nuit. Quand bien même ils seraient incapables de se faire entièrement confiance. Faibles d’une relation naissante, personne ne leur en voudrait de garder un peu de distance. Il l’écouta attentivement et eut comme l’impression qu’on parlait de lui. Si ce n’est que lui n’aurait jamais sut mettre des mots sur son comportement en société, sur son refus du monde présent. Les mots qu’elle employa pour se décrire et expliquer sa réaction furent des plus poignant de vérité. Il se sentit mal presque instantanément, partagé entre le sentiment hautement relaxant d’être compris, et parfaitement effroyable d’être mis à nu. Il se reprit en notant que tant qu’il n’en dirait rien elle n’en saurait rien. La jeune fille dut sentir le malaise s’installer car elle embraya immédiatement sur un sujet plus léger et excitant, évoquant son dessein de la soirée. Mission accomplie, la jeune fille peindrait cette nuit. Et pour couronner cette petite victoire sur le destin, elle invitait le jeune homme à la suivre s’il le souhaitait. Comme si de l’ombre, il pouvait passer à la lumière pour l’admirer en action. Un petit sourire élargit le visage du jeune homme tandis qu’il acquiesçait d’un simple signe de tête, promesse silencieuse qu’il ne la vendrait pas s’il se faisait attraper cette nuit pour avoir braver le couvre feu imposé par le gouvernement. Il l’observa dévaler les escaliers en gardant ce petit sourire d’excitation sur le visage. Satisfait que sa volonté soit exaucé et ravi de pouvoir y assister. Il balança d’un coup sec la capuche de son pull par dessus sa tête et dévala à son tour les escaliers pour suivre la jeune artiste dans les rues de New-York.
Il la suivi à distance, comme on prend en filature un lapin. Les poings fermement plantés dans les poches de son jean, les épaules parfaitement détendues, il la suivit, d’une démarche nonchalante, suffisamment lente pour ne pas la déranger sans sa quête nocturne. Lorsqu’ils arrivèrent à bon port, le gamin resta en retrait, avide de découvrir l’œuvre laissée à l’abandon par son intrusion passée, sous un nouveau jour. Le temps sembla raccourcir, s’accélérer, tandis qu’il l’observait en action, fasciné par sa rapidité et sa précision. Il finit par s’asseoir contre le mur, suffisamment loin pour avoir une vue d’ensemble de l’œuvre et suffisamment près pour profiter pleinement de sa réalisation. L’œuvre prit forme doucement sous son regard passionné et un petit sourire illumina son visage lorsque la jeune fille donna le dernier trait de couleur à sa création. Pas un mot ne sortit d’entre leurs lèvres, ils n’eurent plus un seul regard l’un pour l’autre. Seule l’œuvre devait être contemplée. Ils restèrent ainsi, béats, quelques instants. Jusqu’à ce que les questions n’assaillent le jeune homme, lui brûlant les lèvres. Hésitant à briser cet instant de plénitude par une curiosité maladive, il regretta qu’un autre vienne le troubler. Un craquement. Un simple craquement. Au loin. Et il sursauta, jetant rapidement un coup d’œil derrière lui par dessus son épaule. Ce n’était peut-être rien mais il ne pouvait en être sûr. La jeune fille l’avait entendu aussi. Mais ce fut en silence et sans précipitation qu’il s’approcha d’elle, venant à ses côtés comme s’il voulait contempler l’œuvre de plus près. Il ramassa le sac de la jeune fille au passage, préparant l’évasion mine de rien. Il souffla légèrement, conscient que son souffle ne lui permettrait la fuite s’il restait bloqué puis pris la parole, en murmure. « Je ne sais pas si on est observés mais on devrait peut-être préparer doucement notre fuite. » Il secoua le sac légèrement comme pour lui signifier qu’il avait tout sur lui et qu’à son top il la suivrait dans une course effrénée. Elle n’avait qu’à décider du moment. Il attendrait son départ pour la suivre, comme s’il avait une seule petite chance d’assurer ses arrières. Le nuisible, s’il existait, devait croire n’être repéré à l’instant présent, les deux gamins n’ayant rien montré. Ils ne s’étaient pas enfuis dans la précipitation, ils ne s’étaient retournés qu’une fraction de seconde, durant laquelle le nuisible s’était surement dissimulé et donc ne pouvait les avoir vus. Le cœur battant, Andreas attendit un signe de la jeune fille. |
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YOUR OWN PERSONAL JESUS ‹ scanner rétinien : ‹ indice de violence : faible ‹ statut rp : une place de libreJuniper L. Fields There is a taste for blood and it's deep inside ‹ enfermé(e) le : 29/10/2013 ‹ doléances : 49 ‹ double-compte : kira i. lawrence & m. caelia reynolds ‹ crédits : saku's (avatar) shakespearette & tumblr (gif) ‹ âge : vingt-et-un ans ‹ curriculum vitae : animatrice musicale dans un bar-café ‹ raccourcis : your innocent angel › write a part of my life › call me maybe |
| Sujet: Re: No hell below us • Juniper & Andreas Lun 24 Fév - 21:45 | |
| Elle avançait furtivement, regardant autour d’elle à chaque pas, guettant le moindre bruit, le moindre son suspect, prête à détaler aussi vite qu’elle le pouvait si quelqu’un apparaissait. Ces dernières semaines sans activité nocturne l’avaient rouillée ; elle était moins assurée, plus peureuse … et le fait de savoir qu’Andreas n’était pas si loin derrière elle, ne rendait pas les choses plus faciles. Elle avait beau lui avoir laissé le bénéfice du doute, elle continuait à douter de l’entière honnêteté de ses paroles. Il semblait si candide, si enfantin, ce ne pouvait pas être réel. S’arrêtant subitement, elle posa sa main contre un mur froid, cherchant à puiser à travers les briques, de la force, du courage … Sa main libre tremblait, mais elle refusait de montrer sa vulnérabilité, elle avait choisi de sortir, de continuer, de ne pas laisser le couvre-feu l’empêcher de faire ce qu’elle aimait faire ; elle serra le poing, lâcha le mur et reprit sa marche. Un pas après l’autre, une respiration saccadée, un cœur qui battait contre ses côtés l’empêchant parfois d’inspirer convenablement … Elle arriva sur son lieu de travail à bout de souffle et dut s’adosser au mur quelques secondes pour calmer son rythme cardiaque. Elle ne traina cependant pas, sachant pertinemment que les minutes étaient comptées et que chaque instant qu’elle perdait à se remettre de cette marche intensive, elle les perdait pour parfaire son œuvre. Elle laissa glisser son sac à dos de son épaule et tira délicatement sur la fermeture pour en sortir son matériel. Elle ouvrit son tube à dessin afin de récupérer son pochoir et le fixa contre le mur maintenant chaque coin avec une main, un genou ou un pied. Elle s’était toujours débrouillée toute seule, et n’avait aucune honte à se mettre dans des positions bizarres. En réalité, elle tirait surtout partie du couvre-feu ; la nuit, le silence et la solitude la rendaient moins timide. Seulement, cette nuit, elle n’était pas seule, elle savait qu’Andreas la regardait, qu’il observait chacun de ses mouvements, et que la moindre erreur, il la remarquerait. Il lui arrivait de déraper, de tracer des lignes ou de poser des tâches de couleur qu’elle ne souhaitait pas, mais elle trouvait toujours le moyen de les dissimuler. Ce soir-là cependant, Andreas compliquait les choses, il verrait la création de cette œuvre du début à la fin, et bien qu’il ne semblât pas être du genre à critiquer ou à relever des petits détails si insignifiant, son obsession de la perfection la rendait honteuse. Elle passait une première couche de peinture à la bombe, puis elle attrapa un pinceau et commença à détailler chaque ligne, chaque contour, chaque ombre, traçant, tapotant, frottant, recouvrant … Elle savait exactement ce qu’elle voulait, à quoi devait ressembler l’œuvre finale, et pourtant ses airs rêveurs et la manie qu’elle avait de tirer la langue lorsqu’elle était concentrée, laissait deviner chez elle une part de créativité instantanée, une évolution immédiate, inattendue … Les minutes passèrent sans qu’elle ne les voit passer. Le silence était bien installé. Seuls ses coups de pinceaux, ses mouvements précis et sa respiration résonnaient dans la rue. Jusqu’au moment où …
Balayant globalement son dessin d’un regard critique, elle fut arrêtée au milieu de l’observation par un son presque inaudible, lointain. Un craquement. Etait-ce le vent ? Un simple objet instable qui venait de s’écraser sur le sol ? Elle réfléchissait à toutes les éventualités, toutes celles qui pourraient rendre sa plénitude à l’instant présent. Néanmoins, Andreas, sûrement plus réaliste, s’avança vers elle et lui soumit l’idée que la fuite serait une solution fort recommandée. Il avait déjà attrapé le sac à dos mais elle resta là, immobile, quelques instants, hésitant, ne sachant pas trop quoi faire. Elle maintenait ses deux mains en l’air, l’une serrant très fort le pinceau, l’autre encore recouverte de peinture fraîche. On avait l’impression qu’elle se protégeait grâce à son art, qu’elle trouvait en la peinture une arme qui pouvait la préserver de tout danger. Lorsqu’elle reprit conscience des risques qu’elle encourait à braver le couvre-feu, elle lâcha le pinceau encore recouvert de peinture dans le sac qu’Andreas lui tendait et essuyant rapidement sa main contre son sweat déjà tâché de ses précédentes virées nocturnes, elle répondit. « Oui, allons-y ! Ne courons pas, c’est inutile, pour l’instant, il vaut mieux être le plus discret possible, on ne sait pas si on nous a vu. Courir ne ferait que nous rendre plus visible. » Ni une, ni deux, elle ouvrit la marche et se déplaça dans l’ombre des bâtiments, évitant les quelques lampadaires qui éclairaient la rue. Avant de partir, elle n’avait pas jeté un seul coup d’œil à son dessin, était-il aussi parfait qu’elle le désirait ? Elle ne le savait pas. Pour l’instant, elle pensait seulement à se mettre en sécurité et à protéger Andreas autant qu’elle protégerait sa propre vie. Elle n’avait pas totalement confiance en lui, mais elle n’était pas non plus sans cœur, elle ne voulait pas qu’il se fasse attraper par la police seulement parce qu’il avait voulu l’observer en train de dessiner. A l’intersection entre deux immeubles, elle s’arrêta brutalement, repoussa Andreas contre le mur et posa son index sur sa bouche pour lui indiquer de faire silence. La lumière d’une lampe torche balayait la rue à quelques mètres d’eux. Elle retint sa respiration durant quelques secondes, suffisamment longtemps pour que la lumière et la personne qui allait avec ne s’éloignent. Sans dire un mot, elle attrapa la main d’Andreas. Ce contact eut le don de provoquer chez elle un frisson, elle n’était pas très tactile. Elle pressa le pas, tirant Andreas derrière elle, serrant très fort sa main. Lui faisait-elle mal ? Elle ne savait pas, tout ce qui comptait pour elle, c’était d’arriver sain et sauf chez elle.
En reconnaissant l’enseigne du bar-café, elle poussa un soupir de soulagement, elle n’avait jamais autant aimé voir ce malheureux enseigne aux contours à moitié cassés. L’emmenant jusqu’à la porte de chez elle, elle finit par lâcher la main d’Andreas et à regarder la sienne. Elle était toute rouge. Baissant les yeux au sol, elle chuchota « Je suis désolée, je ne voulais pas te broyer la main. J’espère que … ça va. » Que devait-elle faire maintenant ? La nuit était déjà bien avancée, mais le jour n’était pas encore si proche. Elle ne pouvait pas laisser Andreas dehors à cause du couvre-feu. Mais elle n’arrivait pas à se résoudre à le laisser pénétrer dans son antre, dans son studio ; elle ne laissait personne rentrer, sauf Adam et Gregory, mais c’était tout, elle n’accordait pas sa confiance aux autres. Elle frotta ses yeux, retardant l’échéance, ne voulant pas faire de choix. Finalement, elle s’assit dans les escaliers, repliant les genoux contre sa poitrine. Puis, comme si elle se parlait à elle-même : « J’ai pas vu à quoi ça ressemblait … Je n’ai même pas pu vérifier les petits détails, je déteste ça, je déteste ça … » Elle releva les yeux vers lui. « Au fait, merci, de m’avoir prévenue. » Elle avait entendu le bruit aussi distinctement que lui, mais sans lui, elle n’aurait pas réagi aussi vite, et elle aurait pu se faire attraper. Jamais elle ne serait pardonnée d’être sortie si ça avait été le cas. Baissant à nouveau le regard vers le sol, elle se mordit la lèvre et resserra son écharpe autour de son cou. « J’espère que tu n’as pas froid. Je peux t’apporter une couverture si tu veux mais … » Comment pouvait-elle expliquer son inhospitalité, son besoin irrépressible de garder son chez soi pour elle, de refuser toute présence étrangère sur son territoire ? Le silence. Elle n’arrivait pas à admettre sa misanthropie. |
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Andreas C. Akerman There is a taste for blood and it's deep inside ‹ enfermé(e) le : 27/10/2013 ‹ doléances : 126 ‹ crédits : ©Trainwreck ‹ âge : 19 ans ‹ raccourcis : Protect Me |
| Sujet: Re: No hell below us • Juniper & Andreas Mer 21 Mai - 21:51 | |
| Cette œuvre là ne serait pas ordinaire. Aucune des œuvres de la jeune femme ne lui semblait anodine ou sans intérêt. Il trouvait dans chacune d’elle un certain intérêt et une certaine beauté inexplicable, une poésie insaisissable. Mais cette œuvre là, juste devant ses yeux, celle que la jeune femme avait dû achever en deux fois, celle pour laquelle Andreas aurait pu supplier la jeune femme, le marquerait à jamais. Pour ce qu’elle était. Une œuvre enfin achevée après des semaines de triste abandon. Si l’œuvre avait pu parler, sans nul doute aurait-elle remercié Juniper de l’avoir achevée. Pour ce qu’elle représentait aussi. Comme la promesse d’une rébellion sans limite, sans foi ni loi, sans crainte ni désarroi. Comme l’union de deux êtres à la rencontre à peine provoqué, limite avorté, réunis autour d’une œuvre, d’une histoire, d’un secret commun. Nul ne saurait jamais qu’ils étaient là cette nuit là, tous les deux, ensemble. Nul ne saurait ce qui en une nuit, après le couvre feu, scellerait leur amitié. Car le regard perdu dans l’explosion de couleur de Juniper, Andreas le savait, il le sentait, ce soir, et pour la première fois depuis sa sortie, il se ferait une amie. Ou du moins il lui en prenait l’envie. Surprenante découverte pour celui qui de tout temps ne s’était vu vivre qu’en solitaire. Pour ce dont elle lui rappellerait aussi. Cette œuvre. Ce moment. Ce courage, presque pulsionnel, d’être allé chercher Juniper jusque chez elle pour lui demander de peindre de nouveau. Pour le sourire que ce souvenir ferait naitre au coin de ses lèvres lorsqu’il y repenserait. Et celui qu’il aurait chaque fois que dans la rue, il reconnaitrait sa patte, dans une peinture. Pour le réconfort qu’il y trouverait, ce calme que jusqu’ici seul son chez lui, savait lui apporter. Pour tout cela. Cette œuvre n’aurait rien d’ordinaire. Andreas l’avait senti immédiatement, et ce bien que la contemplation ne soit que de courte durée. S’en aller. Il le fallait. Et vite. Relativement vite. Juniper avait raison. Il ne servait à rien de courir, ils ne feraient qu’affoler le prédateur si prédateur il y avait. Partir au pas, calmement et en silence, serait une stratégie des plus judicieuses. Et ce fut ce qu’ils firent. Ils reprirent la route, faisant machine arrière, à pas feutrés.
Réfléchissant en silence à leur fuite modérée, le jeune homme s’interrogea sur la nature du prédateur et sur le comportement à adopter. L’idée même qu’on les suive jusqu’à chez la jeune femme le fit frémir d’angoisse. Nul ne devait savoir où habitait Juniper, où elle aurait des ennuis. Et il savait d’expérience, pour l’avoir fait, qu’il n’était pas sorcier de la prendre en filature jusque chez elle pour ensuite y faire une descente à bon escient. Il paniqua intimement et s’apprêtait à le dire à Juniper lorsque celle-ci le bouscula relativement violemment. Andreas, désormais plaqué contre un mur, l’index de la jeune femme en serment sur les lèvres, retint son souffle tandis qu’elle le fixait d’un regard qu’il n’aurait su dire s’il le comprenait réellement. Un faisceau lumineux éclaira la rue adjacente et le jeune homme comprit sans mot dire le comportement soudain de sa camarade. Il resta ainsi jusqu’au feu vert de Juniper. Il cru suffoquer lorsque pour le libérer du mur, la jeune femme se saisit de sa main et l’attira avec elle dans les rues. Il suivit sans broncher mais n’en perdit pas moins son souffle. La jeune femme marchait vite, courrait presque, si bien que le brun avait du mal à la suivre dans sa course effrénée vers la liberté d’un abri. Car oui, aussi paradoxal que cela puisse paraître, les deux acolytes ne seraient libres et tirés d’affaire que lorsqu’ils auraient trouvés un toit sous lequel se cacher, un toit par lequel se justifier. Le couvre feu avait l’art et la manière d’inverser toute notion de liberté et de s’en jouer à chaque fois qu’il le souhaitait. Sois libre dehors car tu braves le couvre feu tyrannique, soit libre dedans car nul ne saurait t’arrêter pour ce qui en ces lieux n’est pas un crime.
Sa main, fermement tenue par la jeune femme, commençait à s’endolorir lorsqu’ils arrivèrent enfin à bon port. Andreas entendit le soupir de soulagement de Juniper et se garda bien d’en faire de même, de peur qu’elle ne le prenne comme un soulagement devant la promesse qu’elle puisse bientôt lui lâcher la main. Elle lui faisait certes mal et il ne sentirait bientôt plus ses doigts, si son étreinte elle ne relâchait pas, mais en aucun cas il n’aurait voulu qu’elle croit, qu’il puisse lui en vouloir de surcroit. Ils pénétrèrent dans le café et montèrent quatre à quatre les marches jusque sur le pallier de l’appartement. Ici, elle lui libéra la main. Il la secoua légèrement puis la détendit, obligeant ses doigts engourdis à se mouvoir. Il ne releva la tête vers la jeune femme que lorsqu’elle prit la parole et il se maudit de n’avoir eu que si peu de délicatesse. La jeune femme s’excusait pour un délit qu’elle n’avait pas vraiment commis ou du moins pour lequel il n’attendait pas d’excuse. « Oh non ce n’est rien, on était préssés et stressés, ma main va très bien. » Fit-il hâtivement tout en dissimulant sa main aux phalanges blanchies derrière son dos tandis que l’autre venait s’engouffrer dans sa nuque, symptomatique d’une gêne certaine. Ce qui suivit fut hors de compréhension du jeune homme qui se contenta d’observer bêtement dans l’espoir de saisir un détail qui lui expliquerait la situation. La jeune femme semblait hésiter pour quelque chose. Elle semblait comme perdu entre deux volontés. S’il avait su les identifier, il l’aurait aidé. Mais légèrement attardé de l’humanité, il ne put qu’attendre qu’elle se décide, sans même savoir à quel sujet, elle hésitait. Elle s’assit dans les escaliers et il l’observa alors, n’osant pas s’asseoir à son tour. Il resta débout, comme un stupide piquet, des fourmis dans les pieds. « C’était parfait, vraiment. Aucun détail à vérifier je vous assure. » Fit-il en réponse aux inquiétudes de Juniper. A défaut d’avoir un comportement normal, il tenterait de s’exprimer un peu. Elle le remercia de l’avoir alertée du danger et il haussa les épaules comme pour lui signifier qu’il trouvait cela tout à fait normal. Un court silence eut raison de son malaise et il s’assit à son tour. Après avoir considéré la place à côté de Juniper dans l’escalier, il se ravisa et s’installa contre le mur sur le pallier, à une distance raisonnable de la jeune femme. « Merci. » Fit-il en fixant le plafond. « De l’avoir enfin achevé, et d’être ressortie, de m’avoir autorisé à te suivre, c’était génial. » Ajouta le brun après quelques secondes de béatitude. Il croisa fermement ses bras autour de son buste, réflexe d’enfant captif, pour s’enfermer dans sa bulle, s’y réchauffer et se créer un abri imaginaire. Juniper s’inquiéta du froid et lui proposa une couverture. Il craint qu’il s’agisse là d’un crime de sa posture. « Oh non je n’ai pas froid ne t’en fais pas. C’est juste une habitude ça… J’aime bien me… enfin tu vois. Me serrer dans les bras quoi. Sauf que c’est pas vraiment comme un calin mais… enfin tu vois. Ca fait du bien. » Fit-il cherchant à mainte reprises une branche à laquelle se rattraper pour finalement toutes les voir se briser. « C’est rassurant. » Ajouta-t-il alors pour clore le débat. « Bientôt je me mettrais peut-être à me bercer aussi et ça ne voudra pas dire que j’ai froid non plus, ou envie d’uriner ou je ne sais quoi de ce genre… C’est juste des habitudes. On en a tous pas vrai ? C'est rassurant les habitudes... » |
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| Sujet: Re: No hell below us • Juniper & Andreas Lun 9 Juin - 21:13 | |
| L’art n’est pas une chose qui s’apprend, c’est quelque chose qui se vit, c’est inné. Chacun a en lui une part d’art : la musique, la danse, le théâtre, l’écriture, les arts plastiques, tout s’apparente à de l’art. Chaque personne, chaque être humain sur Terre possède au fond de lui, les capacités requises à l’expression d’un art. Le reste, c’est la vie, l’existence même qui le détermine. Certains choisiront la danse classique pour exprimer toute leur délicatesse et leur grâce, pendant que d’autres préféreront la danse de rue pour ses gestes plus secs, fermes exprimant leur rage. Certains préféreront les morceaux romantiques pour leur caractère nostalgique, pour leur esprit très sentimental, alors que d’autres s’exprimeront par le slam, moyen plus profond de partager ses points de vue, ses révoltes intérieures et ses émotions. Juniper, elle, a choisi les arts plastiques ; enfin, ses prédispositions ont choisi pour elle. En réalité, elle se débrouille plutôt bien dans deux domaines : la musique et le dessin. Ces deux moyens de communication très différents cohabitent sûrement aussi bien à cause de son incapacité à s’exprimer autrement. Elle a besoin de langages qui lui sont propres, qui lui correspondent. Là où les hommes parlent, elle dessine et joue d’un instrument. Les mots ne sont pas suffisants pour qu’elle partage toute la douleur qui s’accumule en elle jour après jour. Avant même de rejeter les autres, elle a été rejetée. Elle n’a jamais pu se faire de vrais amis, jamais personne n’avait voulu comprendre son mutisme, ses difficultés à s’ouvrir aux autres. Ils l’avaient seulement prise pour une extraterrestre, une fille à problème, mentalement dérangée peut-être, différente d’eux. Elle s’était faite écarter seulement parce qu’un crayon et une guitare suffisaient à la ravir, alors qu’un billet de 10$ ne rendait pas assez heureux un gamin de dix ans. Toutes ces blessures, elle en a fait des toiles qu’elle garde soigneusement dans une grande pochette cachée sous son lit. Les grandes étapes de sa vie, les grands pas vers l’acceptation, la résolution, la solitude, s’y trouvent. Et parfois, les toiles ne suffisent plus, elle s’étend alors à un espace plus vaste, à des murs gris et froids, des façades blanches sans vie, des panneaux publicitaires revendiquant les qualités de produits chimiques … Dans ces moments-là, il faut que tout soit parfait, que rien ne l’interrompe, qu’elle ait le temps de reprendre tous les détails qui ne lui plaisent pas … Cette œuvre du Queens n’a pas eu droit à autant d’attention que les autres, même avec deux séances de travail, quelque chose a toujours réussi à perturber ses habitudes. Ces dernières virées nocturnes n’ont pas été les meilleures de toute sa vie et même les paroles d’Andreas ne suffirent pas à la rassurer. Elle attachait trop d’importance à ses peintures et ne pas savoir, ne pas pouvoir aiguiser son œil critique par elle-même la rendait fébrile. Dès la première seconde elle avait compris que le jeune homme était admiratif de son travail, même si ses craintes avaient pris le dessus, elle avait tout de suite remarqué la petite lueur qui s’était éclairée en lui quand elle lui avait ouvert la porte. Mais elle savait aussi que l’admiration ne rimait jamais avec objectivité, il aimait parce qu’il avait toujours admiré ce qu’elle faisait, néanmoins, cela ne voulait pas dire que c’était aussi ‘parfait’ qu’il l’avançait. La beauté, la perfection … des notions si subjectives qu’elles ne pourraient être la même d’un individu à l’autre. Juniper savait que derrière la vision qu’Andreas se faisait des choses, se cachaient les petites imperfections qu’elle était la seule à pouvoir voir.
Toutes ces pensées malsaines qu’elle insinuait volontairement dans sa tête s’évanouirent quand Andreas la remercia d’avoir achevé son œuvre. Bien qu’elle ne soit pas parfaite, Juniper devait admettre que l’admiration qu’il lui vouait, ne serait-ce qu’à travers des œuvres, apportait plus d’intérêt à ses actes. Elle se tourna donc vers lui et esquissa un sourire dans sa direction. Ils se distinguaient peu, malgré la distance qui les séparait. Mais le clair de lune qui traversait la fenêtre au plafond leur apportait assez de lumière pour ne pas être entièrement plongé dans la pénombre. Complètement recroquevillée sur elle-même, elle se surprenait à revivre cette soirée avec excitation. Elle ne s’était jamais autant amusée, les risques mis-à-part bien évidemment … Le front posé sur ses genoux, elle dissimulait un sourire ravi. Ca faisait bien longtemps qu’elle n’avait plus souri ainsi, qu’elle n’avait plus apprécié une complicité avec quelqu’un, qu’elle ne s’était plus sentie entourée. Andreas venait d’apporter quelque chose à sa vie, même si elle ne l’admettrait jamais. Elle avait envie de lui faire confiance, de tenter l’expérience d’une amitié, mais y arriverait-elle ? Le débit de paroles qui suivit interpella l’attention de Juniper et l’empêcha de douter sur ses capacités à être une amie pour quelqu’un. Elle releva la tête et observa Andreas avec attention. Il lui expliquait pourquoi il se serrait dans ses bras, pourquoi il se balançait parfois d’avant en arrière, de droite à gauche … Elle ne put réprimer un petit rire moqueur quand il finit son monologue. « Tu vas rire, mais je fais pareil. » Elle désignait de la tête ses mains refermées autour de ses genoux, et haussa les épaules. « C’est en effet rassurant. Se sentir dans sa bulle, se sentir en sécurité quelque part, même si c’est dans ses propres bras. J’ai appris à vivre comme ça … » Elle ne voulait pas en dire plus sur son mode de vie, sur sa solitude, ses problèmes, mais elle ne s’était pas non plus retenue de dire cette phrase qui pouvait attiser la curiosité de n’importe qui. « Les habitudes … » Elle marmonnait. Elle en avait tellement des habitudes, et elles n’étaient pas toutes bonnes ; entre sa manie de toujours refermer à clef une porte derrière elle, ou de sans arrêt déplacer les instruments sur la scène du café pour qu’ils soient précisément à leur position … Ca en deviendrait presque des troubles obsessionnels compulsifs. Passant en revue toutes les manies qu’elle pouvait avoir, elle finit par soupirer. Un silence étouffant s’installa, pendant lequel seuls leurs regards respectifs tentaient de transpercer la pénombre. Puis, par on ne sait quel force, Juniper se rapprocha d’Andreas et le prit dans ses bras. C’est vrai que ça faisait du bien. Elle ne savait plus ce que c’était. Les seuls bras qu’elle connaissait encore, étaient ceux de Gregory et d’Adam. Mais le geste a toujours été fait dans l’autre sens, c’est toujours les autres qui la prenaient dans leurs bras, jamais elle. La sensation était bizarre, et les secondes s’écoulant très lentement, Juniper finit par se détacher d’Andreas avec gêne. « Je sais pas ce qui m’a pris … » Elle s’écarta doucement et se laissa tomber en arrière. Sa tête reposait maintenant sur le parquet et ses yeux observaient le ciel étoilé qui se présentait devant elle. Depuis que le couvre-feu avait été instauré, les lampadaires ne restaient plus allumés la nuit –sauf quelques-uns-, quant aux immeubles et aux enseignes lumineuses, elles restaient éteintes jusqu’au lendemain matin. Ce couvre-feu n’avait qu’un avantage, celui d’offrir aux yeux les plus curieux, la possibilité d’enfin observer les étoiles dans toute leur splendeur … Dans un murmure, elle rompit le silence. « … Mais tu as raison, les câlins, ça fait du bien. Parfois même mieux quand ça vient des autres. » Puis comme si le sujet était clos, elle poursuivit. « Tu aimes regarder les étoiles ? » Juniper avait toujours aimé ça. Avant, il lui arrivait de se coucher dans le jardin, au beau milieu de la nuit, pour tenter d’observer des étoiles. Les nuits d’été étaient les plus propices à ces observations. Elle s’en souviendrait toujours ; parfois, son père venait s’allonger à côté d’elle et ils restaient silencieux, à observer ce magnifique tableau, naturel, magnifique, impossible à reproduire. |
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| Sujet: Re: No hell below us • Juniper & Andreas | |
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