Comment s'est passé votre dernier scan ? Aviez-vous peur de vous faire tester positif ? Si oui, est-ce qu'il y avait une raison ? ›Pour la première fois de ta vie, tu avais peur de te faire tester positive. Et c'est ce qui est arrivé. À cause d'un nouvel employé dans le restaurant où tu travaillais depuis presque deux ans déjà. Pourquoi ne pas avoir fuit ? Parce que tu te disais que puisque ce n'était pas encore fait, on te laisserait libre. Pensée bien innocente de ta part, car tu n'es pas libre. Loin de là. Tu espérais qu'on puisse se montrer compréhensif. Qu'on pourrait te surveiller, quelque chose comme ça. Non. Pas une seule chance de te rattraper, de ne rien faire... enfin si, mais pas de ne rien faire comme tu le souhaiterais. Avoir su, tu aurais vraiment dû faire quelque chose pour être coupable pas seulement innocente. Tu l'aurais mérité, là, ce n'est pas du tout le cas. Ça faisait environ un mois qu'il travaillait avec vous. Ça faisait environ un mois qu'il te faisait des avances. C'est le genre de type que quand on lui dit non, il entend oui et quand on lui dit oui il comprend tout de suite. Un genre que tu trouvais lourd. Tu étais bien la seule qui ne voulait pas de lui. Il insistait, peu importe ce que tu lui disais. Tu as porté plainte, mais trop tard. Si tu avais fais ça la veille, tout le reste ne serait pas arrivé. La soirée était terminée, il ne restait plus que vous deux. Ce n'était pas la première fois que cela arrivait, tu pensais donc qu'il allait faire comme d'habitude. Ce ne fut pas le cas. Il ne se contenta pas de parler, cette fois-ci, il agit. Il posa ses mains sur tes fesses, se collant ensuite à toi, frôlant tes seins. Il te fit ensuite un clin d’œil, partant.  Ce n'était pas grand-chose, mais c'était juste assez pour que tu ais, pour la première fois de ta vie, de sérieuses envies de meurtres. Tu regardas même un des couteaux qu'il y avait, pas très loin. Tu te vis très bien le prendre et le lui enfoncer dans le ventre. Tu y a souvent repensé au cours des jours suivants. Trois jours plus tard, c'était ton scan. Et te voici maintenant prisonnière, ça ne fait que quelques jours.

Que pensez-vous du gouvernement actuel ? et concernant le projet RFAD, êtes-vous pour ou contre ? ›Tu penses qu'après tout ce qui es arrivé, il fallait vraiment un bon gouvernement pour remettre les choses en place. C'est ce qui est arrivé. Tout va mieux. Tu ne t'en plaignais pas vraiment. C'était avant. Pour ce qui est du RFAD Tu as toujours pensé que ça pouvait être utile pour ceux ayant vraiment commis des crimes qu'ils cachaient. Une manière d'enquêter quand les méthodes plus traditionnelles ne fonctionnaient pas. Tu as toujours trouvé ça abusé que sur le simple fait de penser on puisse enfermer les gens comme ça. Entre agir et penser il y a un monde de différence. Vaut toujours mieux prévenir que guérir c'est vrai, mais il y a quelques limites. Il devrait y avoir des tests, des surveillances, une échelle de danger, des cours de contrôle de la colère par exemple. Il y aurait probablement encore des personnes qui s'en échapperaient, mais il n'y aurait pas d'abus. Tu trouves ça encore plus abusé maintenant que tu n'es plus libre. Parce que tu sais très bien que malgré toute l'envie que tu avais d'enfoncer ce couteau dans ton collègue, tu ne l'aurais jamais fais. Enfin, tu l'espères. Tu as tout le temps du monde pour y penser à présent. Tu n'avais jamais vraiment pensé à l'asile avant. Tu ne pensais jamais y mettre les pieds. Maintenant que tu y es, tu n'aimes pas du tout. Cet enfermement, ce confinement, tout cet horaire qu'il faut suivre. Peut-être que pour certains, ceux ayant vraiment fait quelque chose, c'est bien, mais pour toi, qui n'a fait que penser un peu trop, tu trouves ça trop. Et personne ne te crois quand tu dis que tu n'as rien fait et que tu n'allais rien faire. Tu ne comprends pas non plus pourquoi tu n'as pas le droit de contacter ta famille, tes amis. Tu te sens seule et apeurée.

Histoire › Ton histoire est loin d'être la plus intéressante ou passionnante du monde. Tu es l'enfant du milieu de trois filles. Tu ne viens pas d'une famille super riche, mais pas pauvre non plus. Un peu en bas de modeste. Ton père est facteur. Ta mère est professeure d'arts plastiques au lycée, pas celui où vous y alliez tes sœurs et toi. Vous aviez une petite maison, c'est seulement à quatorze ans, le temps que le sous-sol soit terminé, que tu as pu avoir ta chambre et ne plus la partager avec ta petite sœur. À l'école, tu n'étais jamais parmi celles ayant les meilleures notes, ni celles étant dans les plus populaires, ou dans les plus sportives. Tu étais normale, ordinaire. Tu étais plutôt discrète. Tu avais tes amis, tu eus quelques petits amis, une petite amie en dernière année, tu as même été au bal avec elle malgré tous ce qu'on pouvait en dire. Tu as découvert que tu aimais cuisiner, et que tu te débrouillais assez bien, quand tu avait treize ans environ. Quand ta plus grande sœur était partie pour une fin de semaine, que tes parents devaient s'absenter pour la journée et que tu devais t'occuper de ta petite sœur pour la journée. Tu n'avais qu'à t'occuper de faire réchauffer le repas du midi dans le micro-ondes. Ce que tu as fait. Ta petite sœur voulait des muffins. Tu t'es dit pourquoi pas. Tu as suivi les instructions, l'état de la cuisine n'était pas très reluisant après, mais les muffins étaient très bons. Tu t'es ensuite mise à regarder tes parents lorsqu'ils cuisinaient et à demander à les aider. Au fil du temps, tu as fini par leur faire aussi à manger et à faire les repas quand tu n'avais pas trop de travaux ou d'études. Tu ne t'étais jamais intéressée avant à la cuisine. Autant parce que tes parents s'en occupaient que parce que tu n'étais pas très gourmande. Encore aujourd'hui, tu ne manges pas beaucoup. Tu aimes cuisiner, tu goûtes à tes plats, mais tu ne les manges pas complètement. Ce qui n'est pas plus mal.

Après le lycée, tu pris des cours de cuisine, plusieurs différents, tout en travaillant dans un petit restaurant en tant que serveuse. Tu ne le restas pas très longtemps, on te laissa bien vite aller cuisiner avec tous les commentaires que tu pouvais faire. C'était pour voir si tu étais seulement bonne à parler ou bien si tu y arrivais vraiment. Tu y arrivais vraiment. C'était un petit restaurant de quartier, rien d'un cinq étoiles, mais ça te faisait un endroit pour cuisiner. Tu testas des recettes, faisant des spéciaux du jour. Parfois ça marchait, parfois non. Après environ un an, tu appliquas dans un restaurant un peu plus important d'Albany. Tu n'avais pas trop d'espoir, tu n'avais pas vraiment beaucoup d'expérience. On t'appelas, te donnant rendez-vous. Tu n'étais pas la seule à avoir été invitée à ce rendez-vous. C'était une sorte de compétition. Tu arrivas quatrième. Ce qui n'était pas si mal sur la dizaine d'autres concurrents qu'il y avait. On te dit de postuler une nouvelle fois dans un an, que tu devrais être prête d'ici là. Durant trois mois, tu travaillais au même restaurant sans chercher ailleurs. Puis, un nouveau qui devait ouvrir te fis de l’œil. Il cherchait des cuisiniers. Tu fus choisis. Après quatre mois, tu eus ton premier appartement, quittant la maison de tes parents. Tu ne repostulas pas à l'endroit où tu étais arrivée quatrième, l'endroit où tu travaillais t'allais très bien.

Tu t'es mise à voyager, un peu, lorsque tu le pouvais. Tu n'avais jamais pu le faire avant, alors tu en profitais. Tu n'avais pas un salaire affriolant, mais c'était plus que tout ce que tu avais déjà eu par le passé et tu n'avais jamais été très dépensière. D'une année à l'autre, ce que tu faisais ne changeait pas vraiment. Pas que tu sois routinière, mais tu ne voyais pas trop pourquoi changer. Tu aimais ce que tu faisais, les quelques voyages que tu faisais te convenais. Tu n'as jamais été très difficile. Tu eus quelques relations, homme ou femme, parfois sérieuses parfois non, mais tu te sens rarement seule. Tu n'as jamais été très à l'aise dans la foule ni quand tu es le centre d'attention. Les quelques fois où tu as mis les pieds à New York, ce qui n'arrivait pas à tous les jours (c'est tout de même à environ deux heures trente de voiture d'Albany), tu faisais attention le soir, ne sortant pas de ta chambre ou bien de l'appartement de tes amis. Ce n'était pas comme ça à Albaby, bien qu'il te semblait que ça commençait à devenir plus violent qu'avant. Tu n'eus jamais de problème avec les scans, t'y rendant sans faire d'histoire.  Tu savais très bien que même si tu savais magner le couteau, c'était pour cuisiner et non pas s'en servir sur d'autres personnes. Tu trouvais ça un peu excessif sur tout le monde, bien que tu comprenais avec tout ce qui se passaient dans certaines villes.

Tout allait assez bien dans ta vie, ça faisait environ un an que tu travaillais dans ce restaurant, l'autre avait dû fermer pour cause d'incendie, lorsque le nouveau est arrivé et qu'il s'est mis à vouloir te mettre le grappin dessus. Tu es maintenant enfermée parce que ton scan a révélé tes pensées. Ce qui est nouveau pour toi. Tu n'avais même jamais été en garde-à-vue, ayant toujours été assez sage, même adolescente. Tu te dis que tu aurais dû prendre des cours d'auto-défense plutôt que de yoga, parce que tu n'es pas très imposante avec ton mètre soixante-trois et ton petit gabarit... sans oublier l'air de brebis égarée que tu as depuis que tu es enfermée pour rien. Par chance, tu n'as jamais été pleureuse, et tu ne pleures pas. Tu en as envie, mais tu ne penses pas que ça puisse te sauver. Tu te concentres surtout sur essayer de t'en sortir comme tu peux dans ce nouvel endroit. Tu va aussi essayer de d'adapter comme tu peux. Ce n'est pas comme si tu pouvais faire autre chose.