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FlashBack - Soldat, Homme, Oncle... que suis je? (Nikita Mankievicz)

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MessageSujet: FlashBack - Soldat, Homme, Oncle... que suis je? (Nikita Mankievicz) FlashBack - Soldat, Homme, Oncle... que suis je? (Nikita Mankievicz) EmptyJeu 30 Mai - 14:20

Fitz était là, dans le noir, comme en apesanteur. Il ne voyait rien, n’entendait rien. Un silence de mort régnait. Il s’éveilla alors, prenant juste conscience dans ce néant. Il savait qu’il existait, qu’il était présent mais il ne percevait rien, ne comprenait rien. Mais il ne s’inquiéta pas car il se sentait bien, léger, libéré. Soulagé comme il ne l’avait pas été depuis longtemps. C’est alors qu’il s’alarma, ce bien être était trop suspicieux pour que tout aille bien. Fitz commença à paniquer et il sentit que quelque chose n’allait pas. C’est alors qu’il entendit comme un lointain bourdonnement. Il se concentra sur sa provenance afin d’identifier sa source, de trouver un indice, n’importe quoi qui puisse lui expliquer ce qu’il se passait. Soudain il sentit un contact glacé contre sa peau qui le fit frissonner, puis quelques secondes plus tard, il sentit son corps se réchauffer, il avait chaud. Très chaud. Le bourdonnement s’intensifiait, tel un essaim d’abeille qui s’approche dangereusement. Soudain une lumière l’aveugla et un grand choc. « Dernier round Grand Père, tiens le coup ! T’as pas encaissé jusqu’ici pour lâcher au dernier Round. » La foule hurlait, les lumières dansaient, la folie régnait autour de lui et, en un quart de seconde, en un micro instant, Fitz sursaute et reprit connaissance. Il était en plein match de boxe dans les bas quartiers de la ville. Les bookies hurlaient les paris qu’ils encaissaient, invitaient les joueurs à jouer les chances. Fitz ne s’en préoccupait pas, il ne se préoccupait plus de rien. La cloche retentit et il retourna au milieu du ring.

Fitz s’avança évita son premier coup de poing, lui en porta un puis recula devant un moulinet. Il se déplaçait avec l’agilité du désespoir. Le poing de Pêne lui érafla la joue, y laissant une douleur cuisante. Prudence, prudence. Soudain, comme il essayait de l’amener à ouvrir sa garde pour prendre sa mesure, les vieilles blessures se réveillèrent, les séquelles neurologiques de son accident se manifestèrent ; d’abord le cerveau qui lui faisait des tâches dans son champs visuel. Il se sentait pris de vertige et de naussées. Puis vint le tour des nerfs de se manifester en lui donnant des tics musculaires au visage. Pêne me porta ses trois coups suivants sans effort, à la mâchoire, la poitrine et la pommette, tous rapides, francs et massifs : le style d’un homme qui a beaucoup pratiqué et le sourire d’un homme qui se fait plaisir. Un ami avait un jour décrit le bruit qu’il avait entendu quand il s’était fait cesser le nez au cours d’une bagarre, mais les mots ne rendaient pas justice au fait lui-même : ce fut un bruit à lever le coeur suivi d’une douleur insoutenable, une souffrance si intense que Fitz n’eut soudain plus conscience d’aucune autre. Il accepta cette douleur, il accepta son châtiment. Car cet homme pensait que ce châtiment pourrait peut-être expier les décisions qu’il avait faites dans sa vie, ses décisions qui avaient fait tellement de mal à ceux qu’il aimait le plus.

**incapable de trouver en moi assez d'amour de la vie pour avoir peur de la mort**

Fitz poussa un grognement rauque contre le sol. Il se râcla la gorge, glaira au maximum et cracha un énorme molard plein de sang. Il se releva tant bien que mal et chercha son équilibre, balançant dangereusement d’un côté de l’autre en titubant. L’esprit était là, mais le corps avait du mal à suivre. Fitz se stabilisa et se calma en laissant l’arbitre venir vers lui pour l’examiner : le regard dur et déterminer, fixer sur son adversaire. Il observait son opposant. Le match reprit et Fitz chargea son adversaire. Le poing gauche de son adversaire fonça vers lui, mais cette fois il y était préparé ; Fitz para l’attaque de son gant droit et continua d’avancer et pivota pour se retrouver dos à dos avec le boxeur. En pivotant, il fléchit les genoux pour donner un coup de coude dans les reins de son adversaire. Le coup n’était pas réglementaire, mais Fitz n’avait pas été entrainé pour suivre des règles. Sans laisser de répis à son adversaire, Fitz termina sa rotation et bondit dans le dos de son adversaire pour lui assener un direct du droit dans l’oreille. Le gant de boxe avait un effet contondant qui fit vriller l’oreille interne de l’adversaire, perturbant son sens de l’équilibre. Les huit années de de différence d’âge n’avait plus d’importance désormais. Les deux hommes étaient tous les deux fatigué, à moitié aveugle et ayant du mal à se déplacer. A chaque frappe, la sueur et le sang giclaient des corps humides des deux hommes. Fitz avait plus d’expérience. Il avait été entrainé pour opérer en état de grande fatigue et de grand stress. Il avait plus d’expérience dans ce domaine, c’est ainsi qu’il renversa enfin le match. Lui qui avait été dominé jusqu’ici, qui s’était fait taper, harcelé sans relâche avait enfin l’avantage. C’était lui maintenant qui enchainait les mouvements, qui faisait pleuvoir les coups. Le round allait bientôt finir, le Gong allait retentir. Son seul moyen d’être officiellement victorieux était d’aller cherche le K.O. Le soldat en lui, l’incitait à frapper les points vitaux même si son opposant était jeune et avait encore d la réserve, cette petite chance était la seule. L’alcoolique en lui, hurlait de se déchainer, la véritable victoire ne résidait pas à être le meilleur boxeur, la véritable victoire était d’oublier sa vie, de revenir aux bases. Fitz ne décida rien, il devint simplement un animal, libérant toute sa rage, toute sa frustration, il se laissait aller. Il n’était plus un soldat, plus un homme, juste une bête enragée dont l’objectif était de toujours frapper. Il n’avait plus la fougue et la puissance de sa jeunesse, il était trop possédé pour utiliser son expérience. Il ne s’agissait plus de combattre, mais juste de se battre. De ne plus être l’homme qu’il était. Paf

ding.
La cloche a retentit, le match était fini. Mais le cerveau de Fitz se réveilla de sa transe et travailla alors en accéléré. Son gant gauche levé contre son visage, en garde, Fitz vit le visage de son adversaire, au bout de son bras tendu tel un viseur, collé contre son autre gant, défiguré sous le coup de l’impact. La pression ressenti contre son poing était intense, puissante et même effrayante. La force diminua, et le visage se décolla enfin du gant, puis reprit une forme humaine. La peau élastique se remit en place et Fitz put voir les yeux de son adversaire. Le match était fini et ce n’était pas parce que la cloche avait sonné. Les yeux étaient révulsés, la mâchoire ne se refermait pas et tous ses muscles étaient soudainement relâchés. L’homme bascula et s’affala au sol, immobile, comme un vieux tas de chiffon.

Tel un homme qui vient d’aller aux putes, Fitz ne s’attarda pas ; il ne ressentait pas l’euphorie de la victoire, ou la fierté de la domination. C’était un sale travail, dégradant, qui servait juste à lui faire de l’argent. Il n’avait pas à rester discuter avec les trafiquants et les gangsters, il n’avait pas une réputation de mec dangereux à acquérir, il n’avait aucune intention d’entrer dans un gang, donc aucune raison de rester. Il se dirigea vers la caravane miteuse qui servait de vestiaire pour faire un brin de toilette, boire un peu et se changer. Il commença à enlever ses gants à l’aide de ses dents lorsque soudainement, son corps craqua, il s'effondra pour vomir tripes et boyaux. Il souffrait mais ne se plaignait pas. Toutes ses articulations hurlaient leurs douleurs, vengeance de les avoir mis à si mauvaise utilisation. Fitz réussit à se relever tant bien que mal, résistant vainement contre ses séquelles neurologiques qui lui déréglaient tous ses sens. Il arriva enfin à la caravane sur laquelle il s’étala avant d’ouvrir maladroitement la porte. Il s’engouffra dans la minuscule ouverture et, dans son élan, renversa la malheureuse table de camping. Avant de s’affaler sur le canapé, Darryl devait d’abord faire un brin de toilette. Il finit d’enlever les bandes qu’il avait encore aux mains, fit couler de l’eau dans une bassine et s’empara d’une serviette, qu’il humidifia légèrement avant de se frotter chaque parcelle de peau, se massant doucement mais fermement ses muscles encore endoloris. Il en profita aussi pour étirer quelques-unes de ses articulations encore douloureuses avant de se laver le visage. Il prit bien soin de ne pas se regarder dans un miroir avant de reprendre une apparence un peu plus décente, un peu plus humaine.
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Nikita L. Mankievicz
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MessageSujet: Re: FlashBack - Soldat, Homme, Oncle... que suis je? (Nikita Mankievicz) FlashBack - Soldat, Homme, Oncle... que suis je? (Nikita Mankievicz) EmptySam 1 Juin - 14:07

A friend in need's a friend indeed


Doux plaisir de la fugue, fugace excitation de l’interdit, de la disparition. La gamine au visage d’ange et aux pensées aussi troubles que ses veines, s’y adonnait presque chaque soir. Autrefois, elle fuyait la maison familiale, s’évanouissant par la fenêtre étroite de sa chambre d’adolescente. L’idée même de tromper ses parents et la possibilité de se faire attraper était grisante. Ils n’étaient pas dupes. Ils ne l’avaient jamais été. Mais depuis le traumatisme, ils n’avaient plus jamais vraiment osés la bousculer, la contredire. La laisser vivre comme elle l’entendait été devenu leur mot d’ordre. La gamine devait se relever d’un lourd traumatisme et quelle que soit le moyen qu’elle choisirait, ils se devaient de l’accepter. Conseil moisi d’une psychologue à qui avait échappé l’essentiel. Nikita n’était pas une gamine comme les autres et son traumatisme avait pris une forme inattendue. Non elle ne craignait pas la nuit, non elle ne craignait pas le bruit. Le viol ne l’avait pas rendu plus prudente. Elle ne s’était pas barricadée dans sa chambre pendant des mois en refusant d’approcher toute présence masculine. Bien au contraire. Elle était rentrée plus souvent tôt le matin que tard le soir. Ses parents l’avaient surpris en présence d’hommes différents, des jeunes, des moins jeunes. Elle n’avait rien d’une gamine enfermée dans un traumatisme. Elle ne s’était pas muré dans un silence pesant et n’avait pas cessé de vivre. Son traumatisme à elle ressemblait bien plus à une crise violente d’adolescente rebelle.
Aujourd’hui, elle n’avait plus aucune raison de passer par la fenêtre pour bafouer le couvre feu. Aujourd’hui, personne ne la surprendrait, personne ne lui ferait même un semblant de morale. Ses parents ne sauraient rien et n’auraient même rien à redire. Elle n’était plus la mineure sous leur toit. Elle avait pris son envol même si ses ailes trop jeunes ne lui permettaient pas encore de voler bien loin. Elle avait pris sa liberté. Elle sortirait par la porte, comme chaque nuit depuis des mois et cette fois, seul le destin serait à même de l’attraper. L’empêcherait-il de rentrer chez elle ? Serait-ce ainsi que ses parents apprendraient son rythme de vie ? La gamine qui prenait soin de travailler, de suivre sa formation d’infirmière aussi assidument que possible pour tromper son père médecin ne s’accordait aucun repos, aucun répit. Les substances illicites qu’elle prenait l’aider tout à la fois à tenir debout et la détruisait un peu plus chaque jour. Les yeux rougis, la mine défoncée, son père n’y voyait que la gamine brisée qu’elle était. La croyait-il vraiment dormant paisiblement dans ses draps solitaires lorsqu’elle quittait l’hôpital le soir venu, la nuit tombée ? Ou bien avait-il choisi de continuer à faire semblant, de suivre le conseil de la psychologue médiocre ? Tu as l’air fatiguée… Tu dors bien la nuit ? On peut te donner de quoi t’endormir plus facilement si tu veux ? Voilà tout ce que son paternel prévoyant mais trop bien pensant pour imaginer sa petite fille perdue dans les tréfonds de la débauche.

Une main frappa à la porte et la gamine fit voler sa veste en jean déchirée par endroit et les manches en partie retroussées, sur ses épaules. « Deux secondes si t’entres j’te plante ! » hurla-t-elle de sa voix qui maintenant femme, restait celle d’une gamine. Il devait apprendre ses règles. Elle n’en avait que très peu, mais celle là lui tenait particulièrement à cœur. Aucun de ce genre de type n’entrerait dans son univers intime, son petit refuge. Elle s’observa un court instant dans la glace, un petit sourire taquin s’inscrit sur son visage, elle est prête. Le jean sur ses fesses est presque en aussi bon état que sa veste et une légère chemise nacrée couvre le haut de son corps sous sa veste de jean. Elle ne fait pas l’effort de mettre des talons. Elle n’a pas besoin d’être affriolante pour être sexy. C’est ce côté débraillé qui fait tout son charme. Et son corps aux courbes parfaitement élancées le lui rend bien. Les talons sont la première faiblesse des femmes. Et si elle venait à devoir s’enfuir ? Sauter ? Courir ? Les talons ne le lui permettraient pas. Et ça fait pute. Elle est bien assez grande comme cela. Ses converses lui sauveront peut-être la vie un jour. Elle ne portait pas de talon ce jour là après réflexion. Il n’a pas eu besoin de ça. Sa dégaine n’a pas changé depuis ce jour en question. Elle est resté la même, bien qu’elle ait grandit encore. Son regard s’égara sur l’envers du décor derrière elle en reflet dans le miroir. C’est sombre et insalubre. Elle n’a pas le temps d’avoir un intérieur propret. Pour quoi faire ? Elle n’y rentre même plus pour dormir. Ou bien peu souvent. Elle se saisit de ses clefs, d’un sachet de plastique transparent et de quelques pièces et billets qu’elle fourre au fond des poches de son jean puis se dirigea vers la porte derrière laquelle son compagnon d’un soir l’attendait. Tim.. Ou Mike ? Merde. Impossible de s’en souvenir. Elle lui donnerait un petit nom. Elle ouvre la porte et s’engouffre à l’extérieur, dos contre la porte fermée, un petit sourire mutin sur le visage tandis que son regard charmeur s’enfonce dans les prunelles de l’autre. Il lui sourit aussi, d’un sourire hésitant, comme s’il se demandait à quelle sauce il s’apprête à être mangé exactement. « Tu m’emmènes où ? Sweetie ? » Il sourit de plus belle, moins bêtement cette fois. Il reprit contenance et lui saisit la main. Elle se laissa attirer vers lui et lui emboita le pas dans ce couloir délabré de l’immeuble. Leurs pas sont feutrés bien que la moquette vieillissante au sol ne soit plus en état d’atténuer les à-coups. Surprise. Nikita n’a jamais aimée les surprises. Mais pour cette fois elle fera une exception. Sweetie est canon et elle aime ce qu’il dégage. Assez pour espérer qu’il lui apporte ce qu’elle cherche depuis des années. Lui aussi présente plutôt mal. Et bien à la fois. Juste bien pour elle. Un Bonnie and Clyde des temps modernes. La gamine agitée par l’excitation du moment sautille à moitié tandis qu’elle passe devant le garçon sans lui lâcher la main. Elle se met face à lui sans interrompre sa course vers l’extérieur et lui vole un baiser, une main fermement accrochée à sa nuque. Il embrasse plutôt bien. Elle en était sûre. Mais elle n’a pas de comparaison à ce sujet. L’autre ne l’avait pas embrassé. Son violeur ne lui a pas offert ses lèvres ce jour là. Qui sait s’il n’embrasse pas mieux encore ?

Ils furent bientôt dans les rues malfamées du Bronx, main dans la main, leurs pas frappant les pavés crasseux d’un quartier abandonné lâchement par les autorités et ce depuis longtemps. Quelques sourires, quelques regards les rendent presque complices. Elle le suivit dans un silence entendu, refusant de parler de son excitation. Son corps le faisait pour elle. Le brun sauta une barrière qu’il jugea assez haute pour tendre une main amie à Nikita pour qu’elle s’en saisisse pour passer la barricade à son tour. La gamine n’en fit rien. Elle s’écarta légèrement, le regard taquin et aventurier puis courut vers le muret sur lequel elle sauta agilement. Ses mains vinrent se caller sur le dessus tandis qu’elle amortissait la rencontre de son pied contre le mur. Elle hissa son autre pied au sommet du muret et le sauta comme l’aurait fait un vagabond, un sirop des rues. Le jeune homme ne s’était pas attendu à ça à en croire son expression. La soirée n’en serait que plus amusante. Certains types sont faits pour vouloir une princesse, d’autres ont compris l’avantage de pouvoir être comme pote avec leur petite amie. Elle ne vous fait pas chier parce que vous fumez trop. Parce que vous buvez trop non plus. Elle ne vous emmerde pas avec des après-midi shopping interminable. Elle peut même devenir amie avec vos potes les plus proches. Pourvu qu’elle ne devienne que pote. L’autre sortit une bouteille de whisky bon marché de son sac à dos et la tendit à Nikita. La blonde s’en saisit comme de son premier biberon et la porta à ses lèvres rapidement. La première gorgée était toujours la plus rude. Elle grimaça légèrement. Elle lâcha la main de l’autre un court instant pour se saisir du sachet dans sa poche. Deux petites pilules jumelles s’y trouvaient. Elle s’arrêta net, le temps de les en sortir et en tendit une à son comparse. Elle prit la sienne avec une bonne seconde rasade du liquide ambré qui ferait la soirée et reprit la main du brun. Extase. L’ascension serait fulgurante. L’habitude l’amoindrissait.

En quelques minutes de marche dans des ruelles désertiques ou mal fréquentées, Nikita aperçut enfin un avant gout de sa soirée. Une foule dessinait lentement au loin et un sourire satisfait sur le visage de son cavalier confirma ses doutes. C’était bien là bas qu’il l’emmenait, qu’ils se rendaient. Quelques pas encore et ils s’engouffrèrent dans la masse. L’autre se fit plus rassurant, prenant la gamine sous son bras. Elle se colla à lui et le suivit à travers foule. La bouteille toujours dans son autre main, elle profita d’un moment immobilisme pour la porter une nouvelle fois à ses lèvres. Elle tendit la bouteille à l’autre et son regard explora les environs. Un combat de rue, un combat en toute illégalité. Sweetie avait de la suite dans les idées en plus d’être délictueusement craquant. Un branleur transpirant la nonchalance et l’arrogance. Pas un mauvais type.
Ce lieu puait le fric et la transpiration. Comment pouvait-il y avoir autant de fric dans un lieu aussi dégueulasse ? Cette idée fit sourire la gamine. L’index de l’autre vint perturber son exploration visuelle et attira son petit visage vers celui du brun. Elle l’embrassa, enlaçant ses bras autour de son cou et se collant tout contre lui. Elle grimpa ses jambes autour de sa taille et continua de l’embrasser avec fougue, souriant contre ses lèvres qui celles ci ne lui étaient pas interdites. L’ambiance gonflé de testostérone n’effrayait en rien la gamine qui s’était bien souvent senti plus à l’aise comme ça qu’en compagnie de putains sur talon aiguille maquillées comme des bagnoles volées. Ses pieds revinrent sur le sol et un premier vertige engourdit délicieusement son esprit. Elle s’accrocha au brun de sa main fermement serré sur son t-shirt déjà déformé par le temps. Il lui fit mine de regarder le combat. Mais elle était trop petite, certainement le plus petit être en ce lieu bourru. Elle ne put qu’entrevoir les deux combattants un court instant et si d’ordinaire elle aurait pu ignorer le combat sans passer une mauvaise soirée pour autant, un détail attira son attention. L’un des deux combattants. Elle aurait juré l’avoir reconnu. Son visage se ferma légèrement comme si elle pouvait chasser la drogue de son organisme ainsi, parce qu’elle l’avait décidé. Elle devait en voir plus. Elle vint derrière le brun et lui grimpa sur le dos. Le type qu’elle croyait avoir reconnu était au sol. Relève toi que je vois ta petite gueule. Relève toi que j’en ai le cœur sûr. L’autre se redressa et les lèvres de la gamine s’entrouvrirent légèrement, comme pantoise. Fitz. Son oncle Fitz. Ou du moins ce qu’il en restait. Que foutait-il sur ce putain de ring ? La gueule défoncée d’avoir reçu trop de coups. A quoi jouait-il ? Elle observa la fin du combat frémissant malgré elle lorsque son oncle recevait des coups. Un instant elle accusa la drogue de lui faire croire n’importe quoi, mais l’illusion s’éternisa et était trop parfaite. Le gong retentit et la gamine sauta des épaules du brun. « pose moi putain… » Lorsqu’elle foula le sol, elle planta le brun en lui promettant à peine de revenir vite. Elle l’embrassa, pendu une dernière fois à son cou et fila seule à travers la foule. Elle ne voyait plus les gens, ils n’étaient plus que des masses à contourner, à bousculer, sans perdre de vue son objectif, celui qu’elle suivait. La silhouette de son oncle se détacha de la foule et Nikita en fit de même un peu trop tard pour ne pas le perdre de vue. Elle fit quelques pas dans ce vide rafraichissant, espérant y retrouver son lièvre. Un bruit sourd dans une caravane à quelques mètres attira son attention. Ses dents plantées dans sa lèvre inférieure, elle hésita un court instant, avant que sa curiosité ne prenne le dessus. Elle ne frappa pas. Elle entra dans la caravane doucement, sans faire de bruit. Un rapide coup d’œil à l’intérieur et la peur qui avait pris les entrailles de la gamine s’envola. C’était bien son oncle là sur le canapé poussiéreux, la gueule démontée et le corps tuméfié. Il n’avait pas remarqué sa présence. Elle prit un malin plaisir à claquer la porte derrière elle.
« Putain elle est belle ta morale… » Furent ses premiers mots à son égards. Non pas que l’inquiétude ne soit pas là. Mais la rancœur avait pris le dessus. Celle d’une gamine à qui on a fait la morale trop souvent pour avoir le droit de se faire pincer dans ce genre d’endroit glauque. « Ca paie bien au moins ? Putain t’es amoché. » Elle s’approcha un peu et sauta légèrement pour poser ses fesses sur un meuble intégré. Les jambes balançant elle planta son regard dans celui trouble de son oncle. « Tu fais peur à voir. »
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MessageSujet: Re: FlashBack - Soldat, Homme, Oncle... que suis je? (Nikita Mankievicz) FlashBack - Soldat, Homme, Oncle... que suis je? (Nikita Mankievicz) EmptyLun 3 Juin - 8:42

Darryl sursauta alors que la porte claquait subitement et bruyamment. La tension soudaine de ces muscles déclencha un éclair de douleur le long de son corps qui le fit grimacer. Il releva lentement la tête en levant doucement les paupières pour regarder son interlocuteur. Darryl n’était pas en état et n’avait pas la motivation de réfléchir pour essayer de deviner qui était ce visiteur surprise : un organisateur, un mafieux, un trafiquant, un parieur malchanceux voulant vengeance… peu importait, Darryl n’était pas en état de prévoir, planifier ou trouver une stratégie d’évacuation. Alors qu’il cherchait en vain un gorille dans la minuscule caravane, il entendit alors une petite voix fluette, douce et mélodieuse, qui pourtant était aussi douloureuse qu’un coup de fouet. Ce ton méprisant, avec une légère pointe de joie mesquine et sournoise, contrastait avec la voix douce de la jeune fille. Darryl repéra enfin la silhouette dans la caravane sombre et se concentra sur elle pour identifier visuellement ce qu’il redoutait. Sa petite nièce le dévisageait avec un regard plein de rancœur et de jugement, le regardant de haut, heureuse d’avoir surpris son oncle en flagrant délit de malséance. La petite reprit la parole afin d’achever son oncle, lui soulignant ce que son corps lui hurlait depuis plus d’un quart d’heure : il s’était pris une énorme branlée.

Darryl ne savait pas quoi répondre, ne savait pas quoi ressentir, ne savait pas comment réagir. Cette gamine de 17 ans qui le regardait d’un air victorieux pour lui faire la morale, cette gamine qui ne l’avait pas écouter quand il avait maladroitement essayer de l’aider, cette gamine adolescente rebelle stéréotypé qui traitait ses parents comme des moins que riens. Devait il l’envoyer se faire foutre, la ramener chez elle, lui mettre une correction ? Devait-il l’ignorer, cette nièce qui n’éprouvait que dédain pour lui ? Mais cette gamine était sa nièce, ce petit bout qu’il avait aimé auparavant. Comment le bébé qu’il gardait en souvenir avait pu grandir pour devenir une fille qui le regardait avec insolence ? Trop de questions, d’incertitudes, trop de « si » et d’hypothèses se bousculèrent dans sa tête déjà bien secouée. Darryl plongea ses mains en creux dans la bassine d’eau pour se rafraîchir le visage.

« Ecoute, j’me suis déjà pris une branlée ce soir, j’ai pas envie de remettre le couvercle avec toi. J’ai bien compris que t’as pas envie d’écouter ce que j’ai à dire… ma « morale » n’a pas l’air de te convenir apparemment. Et pis, ouais t’as raison, j’ai aucun droit à intervenir dans ta vie puisque j’étais absent… »

Darryl s’étrangla sur ce dernier mot. Douloureuse confession qui faisait remonter de terribles souvenirs ; cette jeune fille qui lui hurlait dessus, qui lui reprochait de l’avoir abandonnée, qui le blâmait de son absence et qui l’envoyait se faire foutre lui et ses belles leçons. Cela faisait environ une année qu’il s’était fait agressé par sa nièce et qu’il avait dû se rendre à l’évidence qu’elle ne l’accepterait pas comme un parent proche. Il n’était qu’un parent éloigné, inconnu, qui revenait de loin. Elle n’avait aucune envie de faire sa connaissance, de savoir qui il était et même simplement de l’écouter et lui parler. **Et pourquoi elle en aurait envie? Une loque, plus bon à rien et sans rien. Solitaire pourri, tu vas crever seul et c'est tout ce que tu mérites pauv' con!** Une perte de plus à inscrire dans son histoire, encore un échec à son palmarès. Il ravala ses sanglots, et son visage encore ruisselant d’eau rougeâtre dissimula toute sa peine. Comme sa nièce l’avait dit, il faisait peur à voir.

« Alors rend moi la pareille et laisse-moi tranquille. »reprit il dans un soupir résigné. Une supplique murmurée et honteuse.

D’un geste tremblant, il tendit le bras pour ramasser son sac à ses pieds. Il fouilla fébrilement dedans pour en sortir une flasque de bourbon. Les mots qu’il venait de dire résonnaient dans sa tête, lui donnant des vertiges. Il ne savait plus quelle était la source de son mal être : le combat qui l’avait mis à mal, sa nièce qui venait le torturer, ou alors les mots horribles qu’il venait de dire. Il ne voulait pas repousser sa nièce, il ne voulait pas l’abandonner à elle-même, mais il n’avait aucun droit de s’imposer à elle. Il déboucha la flasque et s’en but une bonne rasade en espérant vainement que l’alcool allait l’aider à oublier: à oublier ses fautes, à oublier ce qu’il avait perdu, à oublier ce qu’il était devenu. Et surtout, il ne voulait pas se rappeler que sa nièce était là, devant lui, dans cette caravane miteuse, dans ce quartier pourri et dégueulasse : il ne pouvait pas savoir ce qu’elle faisait là, il ne saurait pas ce qu’il allait lui arriver. Il était en face de sa nièce, et les deux parents étaient des inconnus l’un pour l’autre.
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MessageSujet: Re: FlashBack - Soldat, Homme, Oncle... que suis je? (Nikita Mankievicz) FlashBack - Soldat, Homme, Oncle... que suis je? (Nikita Mankievicz) EmptyLun 17 Juin - 14:05

Elle le tenait enfin. Lui qui au départ semblait n’avoir été qu’une pâle copie de ses parents bien pensant, s’illustrait à présent tel qu’il était. Il n’était pas bien pensant, il n’était pas cette perfection qu’elle redoutait, qu’elle avait fuit en quittant le foyer familiale. Son oncle n’était pas comme son père. Il n’était pas devenu un brillant médecin sans accident de parcours. Il n’était pas non plus comme sa sœur, la mère de Nikita. A bien y regarder, c’était à lui que la gamine ressemblait le plus. A ce type revenu de nulle part, lorsqu’on ne l’attendait plus. A ce type au passé trouble et mystérieux. A ce type au regard triste bien souvent. Les pieds balançant dans le vide, elle ne pouvait s’empêcher de le dévisager, oubliant peu à peu celui qu’elle avait planté dans la foule. Il s’en remettrait. Surement avait-il déjà trouvé un nouveau corps avec lequel s’amuser tandis qu’elle était là, avec ce type qui faisait peine à voir et de qui elle ne se sentait plus si différente. Maintenant elle pouvait le voir comme il était. Maintenant elle en reconnaissait sa familiarité. Car si elle avait bien vite remarqué leurs traits de ressemblance physique, leurs yeux bleus, leurs cheveux blonds… Elle pouvait à présent distinguer leur proximité de caractères. Il l’envoyait balader. Il l’envoyait se faire voir ailleurs pourvu qu’elle lui foute la paix. Chose qu’elle aussi avait faite plus tôt, à son retour. Elle aussi l’avait envoyé se faire foutre lorsqu’il avait débarqué dans sa vie sans prévenir et en ayant la prétention de la connaître. Sur ce point, il s’affirmait encore plus proche d’elle qu’elle n’aurait pu le croire. Et elle ne l’avait pas rencontré dans un lieu de rencontre pour enfants de cœur. Sur ce point aussi, ils se rejoignaient. Jamais elle n’aurait croisé ses parents ici. Elle n’aurait même pas imaginé y croiser son oncle. La drogue ne l’aida pas le moins du monde à encaisser les mots durs de son oncle. Osait-il vraiment lui dire de le laisser tranquille comme lui avait su le faire autrefois ? Osait-il vraiment cela ? Elle n’avait pas demandé à être abandonnée. Elle ne l’avait jamais voulu. Elle était trop jeune à l’époque. Puis elle l’avait oublié. Puis elle s’en était souvenu. Et l’avait rejeté oui. Par un savant mélange d’orgueil et de rébellion elle l’avait envoyé se faire foutre. Parce que le premier visage qu’il lui avait été donné de voir était celui de la morale. Le masque était tombé et avec lui, la rancoeur de la gamine s’était faite plus légère. Maintenant elle voulait comprendre. Il ne pourrait plus la prendre de haut. Il ne pourrait plus passer pour un ange, monstre de sagesse et d’ennui. Il était plus que ça. Plus intéressant qu’il n’en avait eu l’air à son retour.
 
« J’ai pas choisi d’être abandonnée moi. » Lâcha la blonde tout en s’allumant innocemment une clope. La première fois il l’avait abandonnée. La seconde elle l’avait rejeté. Elle sauta de son meuble et porta la cigarette aux lèvres démontées de son oncle. Son postérieur revint très vite sur le meuble où elle alluma une seconde cigarette. Pour elle cette fois. Elle s’enivra de goudron et en revint à son oncle. Elle ne prendrait pas soin de lui comme le commun des mortels l’aurait fait. Elle ne panserait pas ses plaies, elle ne lui apporterait pas les soins nécessaires. Il devrait se remettre seul de ce combat assassin. Mais elle ne partirait pas pour autant. Ses doigts jouant avec les fils de son jean déchiré au genou elle voulait fumer cette clope avec son oncle et le laisser boire puisque c’était ainsi qu’il était dans le fond.
 
« Tu fais ça souvent ? Mes vieux le savent ? » Question stupide pour la deuxième. Elle voyait mal sa sainte de mère laisser son frère dans un tel merdier. Elle n'était surement pas au courant. Et le paternel aurait surement mis les deux pieds dans le plat également s'il avait su. Cette découverte deviendrait-elle leur petit secret ou devait-elle s'en servir pour se venger d'années d'absence ? La gamine n'avait pas vraiment la vengeance dans la peau à en croire la rancune qu'elle vouait à son violeur. Tout dépendrait finalement de la tournure de cette nuit surprenante. Le branleur avec qui elle était sorti ce soir n'aurait su lui promettre de plus belle surprise. Elle pensa à lui un court instant tandis qu'elle patienter pour la réponse de son oncle. Elle ne saurait jamais si ce type là avait la trempe de son violeur. Elle continuerait de chercher. Elle continuerait de chercher ce frisson que l'autre lui avait tout à la fois offert puis dérobé.
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MessageSujet: Re: FlashBack - Soldat, Homme, Oncle... que suis je? (Nikita Mankievicz) FlashBack - Soldat, Homme, Oncle... que suis je? (Nikita Mankievicz) EmptyMar 18 Juin - 8:30

Darryl était toujours sur son canapé, prostré sur lui-même, les yeux baissés au sol, le dos arrondi. La flasque pendait mollement au bout de sa main, dégageant une odeur devenue presque familière maintenant pour Darryl. Le cerveau trop sonné par les coups reçus, l’esprit trop embrumé par les reproches de sa nièce, sa volonté trop mise à mal par son passé, Darryl présentait tous les symptômes d’un état de choc. Ses mains tremblaient légèrement, ses yeux le piquaient, il était incapable de réfléchir ou de parler sans bafouiller. Torture insoutenable, sa nièce restait là, assise sur son meuble, sans parler ni faire de remarques dans un silence assourdissant. Darryl attendait une réaction : son départ, une insulte méprisante, une nouvelle vague de reproche. Il attendait l’impact comme une biche éblouie par les phares d’un semi-remorque lancé à pleine vitesse sur autoroute en descente. L’impact serait brutal et violent et il ne pouvait que rester là, impuissant, sans se défendre. Il se demandait s’il allait s’écraser pour noyer son chagrin au fond d’une bouteille après la tempête, ou tenterait il de lui botter le cul pour la virer de la caravane ?
 
La contre-attaque fut moins agressive que le début des hostilités, mais tout aussi douloureux pour Darryl. « J’ai pas choisi d’être abandonnée moi. » Une simple phrase, prononcée calmement dans un silence de mort. Quelques mots prononcés distinctement pour mettre en lumière une vérité évidente. Evidente et accablante pour l’ancien militaire. Une accusation qui fit mouche. Remarque également puérile et juvénile pour se déresponsabiliser de ce qui lui était arrivé, pour justifier tous ces écarts de conduite et ses erreurs. Darryl était désolé de savoir ce qui était arrivé à sa nièce, mais il n’arrivait pas à être désolé pour ce qu’elle avait choisie d’être. Une cigarette se présenta alors à ses lèvres. Il la prit maladroitement en grognant de douleur, tira lentement une taff avant de la prendre en pince. Darryl expira lentement pour prendre son temps. Lorsque la petite eut repris sa place assise, darryl lui répondit :
 
« T’en as de la chance… moi, mes emmerdes c’est moi qui les ai choisi de plein gré. J’ai détruit ma vie, et celles de plusieurs personnes que j’aimais et c’est ma faute. Uniquement ma faute. »
 
Darryl trouva la force de relever la tête, il se tourna vers sa nièce et la fixa droit dans les yeux, le regard dur et le visage impassible.  Il venait de lui balancer au visage qu’elle avait eu de la chance de se faire abandonner, de se faire violer, de s’être faite harceler par tout le monde. Et il ne montrait aucun signe de regrets. De manière brutale, il essayait de lui faire comprendre qu’elle n’était pas la seule à avoir souffert, que d’autres avaient aussi eu des traumatismes. Mais elle avait la chance de pouvoir dire que ce n’était pas sa faute. Ce n’était pas sa faute.
Il n’y avait pas de comparaison entre les traumatismes de l’oncle et de la nièce, mais Darryl n’avait pas pu s’en empêcher de la provoquer. Il ne comptait pas jouer son jeu de petite martyre. Il ne s’adressait pas à la victime, mais à l’adolescente insolente. Il ne minimisait pas les évènements tragiques et traumatisants que la petite avait vécus, bien au contraire. Il y avait même une part de lui qui s’en voulait de ne pas avoir été là pour la protéger. Sa présence n’aurait probablement rien changé, mais le fait est qu’il n’avait pas été là. Cependant, Darryl n’avait aucune intention de se laisser marcher dessus par cette jeune fille, il avait ses propres torts et ne comptait pas servir de bouc émissaire pour une adolescente rebelle en pleine crise d’existence. La jeune fille lui rendit son regard, cigarette aux lèvres, assise les pieds balançant dans le vide. **Putin, mais qu’est ce qu’elle fout dans ce quartier ? **   Etrange mélange entre la jeune enfant innocente et l’adolescente rebelle.
 
Il avait lui aussi ses propres problèmes, et il n’avait personne à accuser, personne sur qui porter la faute pour se déculpabiliser. Son passé, ses erreurs passées le rongeraient indéfiniment jusqu’à la fin. « Non. Pis de moins en moins avec l’âge. Mais si c’est pas ‘ça’, c’est autre chose, faut bien arrondir les fins de mois. » Darryl porta à nouveau sa cigarette au bec. « Ta mère doit bien s’en douter, mais on évite le sujet… c’est une conversation vieille de vingt ans, bien avant que tu ne viennes au monde. Si on en parle pas, on s’engueule pas. Ta mère a du mal à accepter le choix des gens qui ne lui convienne pas. »
 
Darryl se leva laborieusement de son canapé et se redressa de toute sa hauteur. Le visage encore tuméfié et légèrement ensanglanté, le corps encore raide et endolori par les efforts et blessures, Darryl s’approcha de la jeune fille la dominant de toute sa carrure. Sans ménagement ni douceur, il l’attrapa brusquement par le menton pour lui tenir le visage immobile pendant qu’il vérifiait l’état de ses pupilles. Sans un mot, il lui faisait aussi comprendre qu’il n’était pas dupe et qu’il savait pertinemment qu’elle était stone.
 
« Enfin, regarde à qui je dis ça… » murmura-t-il mi amusé, mi ironique en la lâchant.
 
Darryl se détourna, sans réagir sur l’état de sa nièce, sans la juger. Il n’avait aucune intention d’intervenir ou de dire quoi que ce soit à sa nièce. Elle faisait ses propres choix, et qui était-il pour la juger ? Après tout, ses propres choix à lui, des choix qu’il pensait être justes et honorables, avaient finis par lui foutre sa vie en l’air.
 
« Et toi ? Je peux te demander ce que tu fous par ici sans que tu me cries de te laisser vivre ta vie comme tu l’entends ? »
 
Nikita était toujours là, dans cette caravane miteuse avec son oncle. Elle n’était pas partie en le laissant tranquille, elle n’avait pas non plus piqué une crise de nerfs contre son oncle. Elle restait là, avec lui. Darryl voulait y voir une chance d’arranger les choses, une opportunité de discuter. Il avait donc tenter de lancer la conversation avec une petite pique sur un ton absolument banal. Il coinça sa cigarette entre ses lèvres tout en tirant une latte et ramassant son sac pour le poser sur la table. Il s’essuya rapidement avec sa serviette et sorti ses vêtements pour finir de se rhabiller.
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MessageSujet: Re: FlashBack - Soldat, Homme, Oncle... que suis je? (Nikita Mankievicz) FlashBack - Soldat, Homme, Oncle... que suis je? (Nikita Mankievicz) EmptyMar 2 Juil - 19:07

La gamine, clope entre les lèvres, 17 ans à peine, ne tenait pas en place. Assise sur ce meuble à la stabilité relative, ses pieds trahissaient son agitation habituelle, battant légèrement dans le vide. Nouvellement indépendante, ou presque, elle n’en restait pas moins une gamine, agitée, remuante et empressée. A quelques années encore de la majorité définitive et déjà la drogue courrait ses veines, dilatait ses pupilles et engourdissait son esprit. La gamine qu’elle était s’était émancipée trop vite, trop tôt. Elle n’avait pas appris assez. Elle n’apprendrait surement jamais ces choses que les enfants doivent apprendre. Faire attention à elle, se tenir dans le droit chemin, être comme les autres, penser comme les autres, elle n’avait jamais su. Serait-elle à jamais un paradoxe à elle seule ? Son corps resterait-il coincé dans cet état étrangement séduisant de l’entre deux ? Lui qui n’était pas encore celui d’un femme, lui qui n’était plus vraiment celui d’une adolescente ? Apprendrait-elle à prendre soin d’elle, à se ranger ? L’oublierait-elle un jour, lui, le monstre, son monstre ? Devait-elle l’oublier pour entrer dans la normalité ? Elle ne le voulait pas. Rester une gamine remuante semblait bien plus agréable, plus facile aussi. Pourtant l’âge passerait et creuserait sa peau de petits sillons disgracieux. Il emporterait avec lui son droit légitime de se conduire comme une adolescente rebelle. Il lui ôterait ainsi son droit au jean déchiré, aux baskets délabrées. Cette idée avait le don de lui voler son sourire déjà si rare, sa bonne humeur. Aussi la balaya-t-elle pour se concentrer de nouveau sur cette nouvelle rencontre avec son oncle. L’heure n’était pas à la tristesse. Elle laisserait cela à l’homme assis devant elle pour cette fois. Cette tristesse… Elle l’a pris de plein fouet, comme une gifle gigantesque dans le visage. Si ce n’est qu’elle ne cilla pas. Elle ne détacha pas son regard de celui du paumé qui venait lui dire qu’elle au moins n’avait pas à s’en vouloir pour le mal qu’elle vivait. Qu’elle au moins n’avait pas à se détester d’en être là où la vie et les autres l’avaient amenée. Elle imprima cette réflexion, s’en imprégna et n’eut rien à y redire. Elle ne se sentait pas tout à fait hors de cause dans cette histoire qu’était la sienne. Pire, elle ne détestait pas même vraiment ceux qui, par leur comportement, s’étaient rendu coupable. Son violeur trop parfait, ses parents trop imparfaits, son oncle trop absent, personne n’était à blâmer. Elle n’avait pas attendu d’être violer pour désirer cet homme qui lui avait volé sa virginité. Ses addictions par dizaines, n’avaient strictement rien à voir avec un passé douloureux. Comme si elles avaient toujours été là, glissant dans ses veines comme la drogue en ce moment, elles s’étaient glissées dans les brèches d’une vie trop décousue. Sa démence, elle ne la devait qu’à elle-même.

Un sourcil arqué, elle le fixa un court instant. *Dans le mille* Finalement, Nikita n’eut pour son oncle, qu’un haussement d’épaule signe de contentement. Il disait vrai. Il avait juste l’odieuse audace de le dire haut et fort. Audace que la gamine trouvait appréciable bien qu’elle eut voulu qu’il se montre moins brisé. Allait-il pleurer sur son sort cette nuit, le visage vandalisé, les poumons enfumé et l’esprit enivré ? Etait-ce la soirée qu’il lui promettait si elle restait ? Elle qui avait besoin de le voir fort. Elle qui avait besoin de le voir fier.
Pour l’éviter, elle venait d’orienter la conversation sur du plus concret, du palpable. Leur présence ici à tous les deux. La fréquence à laquelle ils auraient pu s’y retrouver et le secret entourant ce comportement. Tout cela ne risquait guère de soulever tristesse et rancune. Nikita avait jeté ses armes au sol, elle était prête à s’intéresser à son oncle, à l’écouter et à lui parler aussi. Autant que possible du moins. Elle nota les informations dans un coin de sa petite tête embrumée. Oui il avait fait cela souvent. Oui il le faisait de moins en moins. Oui il trempait dans d’autres combines friquées pour survivre. Non papa ne savait rien. Sauf si maman le lui avait dis. Et dieu sait ce que ces deux là pouvaient se parler, dans leur perfection crasse. Ok les parents savaient mais préféraient l’ignorer. Ce détail faisait un point commun entre la gamine et son oncle. Tout deux étaient maintenant source d’ignorance pour des adultes trop bien pensant pour les accepter tels qu’ils étaient. Peut-être s’était elle trompé sur cet oncle aux allures moralisatrices de prime abord. Elle écrasa sa cigarette dans le caoutchouc de ses baskets et suivit son oncle du regard lorsqu’il se leva pour s’approcher. A peine méfiante, elle le laissa faire quand il tint son visage à la verticale pour l’observer. Ses yeux. C’était là tout ce qu’il regardait. Prise la main dans le sac. Fermerait-il les siens sur cet aveu comme le faisait son paternel ?  La réponse à cette interrogation ne se fit pas attendre. Non. Il lui fit comprendre qu’il savait, qu’il notait. Et puis rien. Néant. Pas de remarques désobligeantes, pas de morale. Il savait, voilà tout. Le visage mutin de la gamine s’éveilla d’un léger sourire en coin tandis que l’homme massif, et pourtant faible, repartait.

« Pourquoi crois-tu que j’ai choisi de faire des études d’infirmière ? Je suis trop merdique pour être médecin comme mon père. Mais je reste dans la médecine, et tout le monde en est plus tranquille. » Lâcha la gamine en réponse à un constat évident de son oncle. Les gens bien ont beaucoup de mal avec les choix des gens moins bien. Vint le temps ensuite de s’expliquer à son tour à propos de sa présence dans ce quartier pire que malfamé de New-York. Pouvait-elle être parfaitement honnête ? Avait-elle seulement le choix ? Le hasard pouvait-il vraiment s’avérer crédible ? Elle ne trouvait aucune explication. Elle se contenta de donner la sienne. « J’ai suivi un type, on sortait, il m’a emmené voir un truc de fou. C’était le combat. Côté surprise, il a réussi son coup le branleur. » Un petit sourire complice s’afficha sur son visage enfantin. Bien joué tonton, t’es de loin le truc le plus surprenant qu’il me soit arrivé depuis des lustres. « Tu partages ? » Elle jeta un regard à la flasque de son oncle. Elle aurait dû garder la bouteille de l’autre avant de le planter. « Et c’est quoi ce truc, ici ? » Elle observa les alentours, décrivant l’envers du décor de la caravane. « C’est juste pour les combats où il t’arrive d’y vivre ? »
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MessageSujet: Re: FlashBack - Soldat, Homme, Oncle... que suis je? (Nikita Mankievicz) FlashBack - Soldat, Homme, Oncle... que suis je? (Nikita Mankievicz) EmptyMer 3 Juil - 15:12

Darryl jeta la serviette humide et rougeâtre au fond du sac. Elle aurait pu être blanche et beaucoup moins humide s’il l’avait lancé sur le ring au cinquième round. Il aurait eu aussi beaucoup moins mal, et n’aurait pas été aussi fatigué et courbaturé. Qu’avait-il gagné à continuer le combat jusqu’au bout ? Fierté, honneur, respect… conneries ! Sa fierté, il l’avait depuis longtemps perdu, à combattre pour des râclures au fin fond des bas quartiers. Il n’y avait ni gloire ni noblesse ici-bas, uniquement vices et dépravation. Fitz n’avait pas non plus une fin qui aurait justifié les moyens. Il n’était là que pour l’argent et uniquement l’argent ; les chances étaient contre lui, gagner le match était donc ce qui faisait le plus de profit. L’homme, telle une vulgaire prostituée, avait donné son corps pour de l’argent, et c’était au tour de celui-ci de se venger. Alors que les muscles se refroidissaient, ils se raidissaient douloureusement, tirant sur les articulations. Chaque mouvement était raide et crispé, Fitz ressemblait à une marionnette de bois articulée. Cependant, Fitz ne voulait pas éviter cette douleur. C’était une punition pour ses fautes passées, pour ce qu’il avait détruit, pour ce qu’il avait loupé. Ce combat était aussi une flagellation pour se faire pardonner de ses péchés. Il en avait besoin aussi, se donner à fond, se faire mal, devenir enragé, animal pour laisser exploser sa frustration, sa colère… son désespoir.

Darryl se crispa alors que sa nièce se dénigrait. **Non !! Ma nièce n’est pas merdique !!**
« T’es pas merdique ! C’est la médecine qui est trop merdique pour toi. » Darryl se retourna pour regarder sa nièce alors qu’un silence s’installait après cette interruption spontanée et un peu trop brute. Il reprit : « C’est vrai, t’as rien à te reprocher. On a pas tous les mêmes compétences. Faut choisir là où on est le mieux… » Darryl s’étrangla, se demandant s’il avait vraiment raison. Il ne regrettait pas d’avoir choisi l’armée, et ne regretterait probablement jamais car il savait que c’était ce qui lui correspondait le mieux. Mais ce ‘bon’ choix lui avait tout couté. Il ne savait pas, il était confus, il était perdu. Il choisit donc de conclure : « Fais ce que tu veux ma grande, du moment que ça te plaise. »

Fitz enfila son t-shirt, cachant son corps balafré, reprenant une ressemblance un peu plus humaine. Il hésita quelques instants puis fit un signe de la main à sa nièce pour la prévenir qu’il allait mettre un pantalon puis, quelques secondes plus tard, fit tomber le short de boxe à ses chevilles. Il enfila rapidement un caleçon, puis son jean et se retourna enfin vers sa nièce, l’air un peu plus présentable. Il hocha la tête avec un air de satisfaction, heureux de constater que sa nièce ne lui mentait pas ; elle avait avoué sans gêne qu’elle était sorti avec un garçon et s’était retrouvé embarquée ici. Elle ne montrait aucun regret de se retrouver dans un endroit si mal famé à assister à un évènement si peu recommandable. Au contraire, elle semblait plus amusée par le fait d’avoir surpris son oncle dans une situation qu’elle n’avait jamais imaginée. Elle regarda son oncle d’un air complice, ses petits yeux pétillants, plein de malice et de joie. Elle respirait le bien-être et Darryl y vit alors le petit bout de chou hilare qui explosait de rire quand il la faisait sauter sur ses genoux. Il crut même voir une pointe de fierté dans le regard de sa nièce. Il en était ravi et ne voulut pas gâcher ce rare moment de bonheur qu’il avait enfin droit de vivre. Fitz se demanda depuis combien de temps elle n’avait pas eu l’air si heureuse. Quelque fut la réponse, sa joie fut contagieuse et Darryl afficha son premier sourire depuis quelques semaines. Il répondit à la demande de sa nièce en lui tendant la flasque.

« Non, c’est pas à moi ça, c’est aux gars qui organisent les combats. D’ailleurs, va falloir évacuer les lieux, le prochain match va bientôt se terminer. » Il joignit le geste à la parole en levant sa main à hauteur de l’épaule de sa nièce pour l’inviter à descendre de son perchoir. De son autre main, il hissa son sac en bandoulière sur son épaule et suivit sa nièce vers la porte. L’air frais nocturne lui fit le plus grand bien et réalisa à quel point cette caravane était étouffante. Il respira un grand coup, baissa les yeux vers sa nièce et sourit.
« Allez, j’t’invite à boire l’argent que je viens de gagner. Et de meilleure qualité que la râpe qu’il y a dans la flasque. » Darryl agita la liasse imposante de billets douloureusement acquise puis la mit dans la poche intérieur de sa veste en cuir. Il coinça sa veste dans la bretelle du sac et commença à marcher en invitant sa nièce à le suivre d’une bourrade amicale de l’épaule.

« Non, moi j’ai un petit appart dans le Queens. Mais j’avoue avoir vécu dans des trous pire que ça » ajouta Fitz en désignant la caravane du pouce par-dessus son épaule. Il songeait avant tout aux nuits froides à dormir sous la pluie et dans la boue, mais il songeait aussi à l’appartement qu’il avait ruiné lorsqu’il était rentré. « Tu sais, le premier appart’ que j’avais quand je suis rentré ; je me suis fait expulsé… par des rats. Tellement infesté que j’ai été obligé de déménagé. » L’homme se garda bien de dire qu’il y était resté quand même six mois en compagnie de rat aussi gros que des belettes.

L’air du soir était vivifiant, rafraichissant. Fitz se sentait bien. Il avait mal, il était courbaturé, mais ce n’était que physique. Ce soir, une blessure semblait guérir, une blessure plus profonde. Sa nièce était revenue dans sa vie, avec le sourire. Il lui avait raconté sa première anecdote , et il en avait encore plein d'autres à partager. Il avait pleins d'histoire à raconter. Il en avait une qu'il n'était pas encore prêt à avouer mais il était prêt à s'ouvrir, à retrouver sa nièce, lui offrir une place dans sa vie. Il s’imaginait déjà la voir débouler dans son appartement trop petit. Un pas, un infime pas vers un avenir meilleur. Et Darryl en était fier.
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MessageSujet: Re: FlashBack - Soldat, Homme, Oncle... que suis je? (Nikita Mankievicz) FlashBack - Soldat, Homme, Oncle... que suis je? (Nikita Mankievicz) EmptyLun 8 Juil - 20:11

Il la défendait. Envers et contre tout. Peut-être avait-il su garder assez d’estime d’elle pour le faire. Car tandis qu’elle se dénigrait volontairement, avouant tout à la fois son incapacité à suivre les traces de son père dans la médecine et sa faiblesse de ne savoir se l’avouer réellement et bafouer bravement les ambitions de ses parents pour elle, lui s'insurgeait devant de telles balivernes. Elle avait commencé ses études d’infirmière et s’en sortait plutôt bien même si elle avait cette fâcheuse manie de gâcher son potentiel bien souvent. En vivant trop. Elle effectuait ses stages dans le même hôpital que son paternel qui ainsi pouvait encore croire veiller sur elle. Nulle ne saurait veiller sur elle. Elle restait son plus bel ennemi, son plus grand danger. Nulle ne la protégerait d’elle-même. Avait-elle entaché la réputation de son père dans le monde médical ? Avait-il honte parfois de n’avoir qu’une infirmière pour fille ? Où bien mettait-il encore cette déconvenue sur le compte du traumatisme du viol ? Il avait bon dos finalement.
L’intervention spontanée de son oncle fit naitre un nouveau sourire adorable sur le visage de la gamine dont les pieds battaient décidemment de plus en plus vite. D’énergie elle ne manquait pas. Elle n’aurait su rester en place. Son minois se déforma peu à peu en un petit sourire moqueur. Le vieil oncle s’embourbait légèrement dans ses explications en tentant presque maladroitement et de façon non moins adorable de redorer le blason de sa nièce. Sa conclusion fut cependant de loin ce qu’elle avait entendu de plus sensé à ce sujet. Loin des discours moralisateurs de ses parents, l’oncle Fitz ne lui demandait que d’être heureuse, en faisant ce qu’elle souhaitait de sa vie. Et ce choix, elle l’avait fait depuis longtemps. Et de ce choix, elle ne se détournerait pas de si tôt. La gamine savait ce qu’elle voulait du haut de ses 17 ans. Et ce but tenait en trois lettres tout à la fois impersonnelle et pourtant bien dirigées : LUI. Elle le retrouverait. Elle devait le retrouver. Que devenait-il ? S’était-il fait emporter par le projet RFAD ? Faudrait-il qu’elle devienne parfaitement folle pour qu’on lui donne le droit à des retrouvailles ? Ou bien y échappait-il inlassablement et devait-elle s’attendre à le croiser par hasard au détour d’une ruelle malfamée ? Un quai de métropolitain ? Comme la première fois ? Comme l’unique fois ? Nikita préféra s’égarer dans ses pensées tandis que son oncle, décomplexé et d’une pudeur parfaitement inexistante, venait de se mettre à nu devant elle pour finalement enfiler un tenue plus décente. Son regard évitant brillamment de se poser sur le corps nu de celui qui portait son sang, il se perdit dans un vide où seules ses pensées s’inscrivaient.

Elle revint à son oncle lorsqu’elle sentit de nouveau son regard sur elle et se saisit de la flasque de whisky qu’elle porta sans ambages à ses lèvres froides. Elle en bu une bonne gorgée. Le liquide ambré lui écorcha langue et gorge avant de lui brûler la poitrine d’un feu ardent. Elle n’en montra rien et grimaça à peine avant de reposer la flasque sur la tablette qui jusqu’ici avait accueilli ses fesses. Elle sauta avec l’habilité d’une adolescente de son perchoir et ses pieds refoulèrent le sol en dansant. Elle se dirigea alors vers la porte qu’elle avait précédemment lourdement claquée et sortit de la caravane délabrée.
Son oncle la suivait de près, elle pouvait sentir sa présence, attentive à son environnement. La petite blonde s’enivra d’une fraicheur et d’un oxygène qui lui avaient tant manqué à l’intérieur de ce taudis. Même son appartement aseptisé était plus accueillant que ce gouffre. Sa tête, qui plus tôt lui tournait, retrouva son aplomb et la remarque de l’oncle Fitz sur l’alcool qu’elle venait d’ingérer lui soutira une grimace compatissante et légèrement gênée. Et comme une enfant elle avoua. « J’osais pas le dire… Mais c’est presque de l’éther ce truc… » Elle sourit crapule en avouant sa retenue. Boire un verre avec l’oncle Fitz. Saurait-il s’arrêter ?  Maman disait qu’il avait sombrer dans l’alcool. Putain de marâtre. Que dirait-elle de sa fille si elle savait dans quels marécages la gamine avait sombrée, elle ? L’appellerait-elle la toxico, la junkie, la barjo, la déglinguée, la dépravée ? Comme elle se plaisait à appeler son frère, l’ivrogne, le soifar, l’épave ? Elle l’aimait pourtant. Nikita en était persuadée. Aussi vrai que la gamine aimait aussi ses parents. Sa mère aimait l’oncle Fitz mais ne pouvait que désapprouver son comportement et ses faiblesses. Montrer l’exemple. Le juger pour que la gamine ne le prenne pas en exemple. Emboitant pourtant son pas, elle le suivit dans les ruelles vers ce verre qu’ils s’apprêtaient à partager. « Cette ville est infestée de rats, et ils ne sont pas toujours à quatre pattes. » Rebel, la gamine n’avait de cesse d’affirmer son caractère et son opinion sur cette société qui se voulait en apparence trop propre. « T’as jamais vu mon apparte d’ailleurs… En même temps ya rien à voir, c’est plutôt vide, je dors sur un matelas. Papa voulait à tout prix me foutre un lit mais j’ai refusé. Juste pour le plaisir de lui rappeler que la vermine se plait près du sol. Il m’a dis ca un jour. Je pense qu’il ne s’attendait pas à le reprendre en pleine face un jour. » Elle marchait comme on danse, avec une légèreté digne d’une petite fille refusant de grandir. Transpirant l’innocence, sa démarche légèrement sautillante, ses bottines shootant dans les cailloux, Nikita avançait dans la vie avec ce brin d’impertinence que seuls les gens libres pouvaient se permettre. A force de ne plus le voir, elle en avait oublié les chaines qu’il avait à jamais enroulées autour de ses poignets et de sa cage thoracique l’empêchant de respirer. Le revoir pour briser les chaines et respirer de nouveau ? Ou bien pour les resserrer un peu plus encore jusqu’à s’en faire exploser le corps ?
« Tu sais où tu m’emmènes ? Et t’es sûr que tu veux boire et dépenser ton argent ? Tu as bien assez douiller pour le gagner t’sais, et jm’en branle moi de ce qu’on boira ou d’où on le boira. J’ai du lait chez moi s’tu veux. » L'enfant refaisait si souvent surface et avec tant d'aisance et de surprise. Celle qui employait des mots si dures, celle qui prétendait se branler de tout et être une vermine... Celle là aimait à boire du lait chez elle.
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MessageSujet: Re: FlashBack - Soldat, Homme, Oncle... que suis je? (Nikita Mankievicz) FlashBack - Soldat, Homme, Oncle... que suis je? (Nikita Mankievicz) EmptyLun 29 Juil - 9:14


Fitz s’éloignait doucement du lieu de sa déchéance, du lieu où il avait renoncé à son amour propre pour laisser aller sa sauvagerie, sa perte d’humanité, son auto destruction. Ce pseudo-ring où il avait accepté ce combat sale et dégradant pour arrondir ses fins de mois. Il avait laissé son honneur de SEAL quelques années auparavant dans un vestiaire tout aussi crasseux pour s’abaisser à faire ce genre de combats de chiens. Destin mérité pour une vie sans valeur. Ce soir, il avait la chance de s’en éloigner en bonne compagnie ; une ancienne flamme de bonheur qui s’était éteinte venait de renaitre sous forme de lueur faible d’espoir. Fitz savait pertinemment qu’il finirait tôt ou tard dans un autre endroit de perdition. Mais ce soir, sa nièce l’accompagnait de sa démarche dansante et sautillante. Les blessures du combat étaient pour le coup, moins douloureuses. Son fardeau était moins lourd à porter que d’habitude.

Nikita confessa que l’alcool offert par son oncle était particulièrement fort et râpeux, le comparant a de l’éther. Fitz pouffa de rire en se moquant de la petite nature de sa nièce, elle qui avait demandé à boire un coup et qui se retrouvait à avouer que c’était trop pour elle. Touché par la fragilité et la jeunesse rebelle de sa nièce, Fitz n’eut même pas la présence d’esprit de réaliser qu’il buvait maintenant des alcools forts, trop forts. L’alcool de qualité était bien sûr préférable, mais il n’avait aucun problème à boire des râpes qui dissolvaient le gosier et retournaient l’estomac. A l’évocation de son alcool, Fitz la sortit de sa poche et commença à la dévisser en observant sa nièce. Il but une grande lampée et la referma sans en proposer à sa nièce. Sa nièce marchait joyeusement tout en parlant, stéréotype parfait de l’adolescente rebelle. Probablement euphorique grâce aux drogues, Darryl était content de voir que cette petite ne se laisserait pas abattre, qu’elle continuerait d’avancer, elle qui était encore jeune et avait encore le temps de faire sa vie. Lorsque, dans son humeur d’adolescente rebelle contre Papa, Nikita se compara à de la vermine, son oncle poussa une nouvelle fois un grognement de mécontentement :

« Toi tu vas prendre une calotte si tu continues à dire que t’es une vermine. » Il baissa les yeux pour la regarder puis reprit : « En fait, c’est vrai que t’es minuscule. T’as p’t’être raison. » les lèvres de Darryl s’étirèrent en un semi sourire ironique et provocateur. Son visage tuméfié, les yeux encore mis clos et peu expressifs devaient donner un aspect sinistre à son sourire.

« Tu sais quoi de moi en fait ? Tu le sais que je suis parti à l’armée. Mais tu sais que j’ai été dans les commandos ? J’ai passé plus d’une nuit à dormir AVEC la vermine comme tu dis, à dormir à la dure, dehors. Y’a rien de dégradant. Au contraire, on est pas des chochottes. Ton père faut que tu le respectes, ne lui manque jamais de respect, ne l’insulte jamais ! Mais t’as raison de le remballer un peu, t’es pas en sucre, choisis ta vie. »

Alors qu’il terminait sa phrase, le visage de Molly apparut dans ses pensées. Son visage se tournant vers lui et affichant son sourire angélique. Souvenirs magnifiques et douloureux, trésors d’une vie perdue, torture vicieuse de l’esprit. Darryl saisit sa flasque, l’ouvrit et la porta à ses lèvres en jetant la tête en arrière en un temps records, mouvements reflexe coordonnées par l’instinct plus que par le cerveau. Il fut un temps où il s’agissait de monter et démonter des armes, de faire des nœuds, d’exécuter des travaux sous-marins, aujourd’hui il dégainait sa flasque de whisky comme autrefois il dégainait un Beretta. Son Amour qu’il avait perdu ne le quittait pas. Il pensait à elle tous les jours, chaque nuit, à n’importe quel moment. Perdu car il croyait connaitre la vie et pouvoir tracer son destin. Il s’était planté. Et il en payait le prix. Et tous ceux qui pensaient lui être supérieur, tous ceux qui avaient réussi leur vie et qui étaient heureux et qui donc se permettaient de le juger, de le critiquer, il n’avait que du mépris et de la colère pour eux. Personne ne pouvait prétendre connaitre la vie, connaitre les Réponses. Lui, moins que n’importe qui, ne pouvait aider la petite à prendre les bons rails. Lui-même n’en avait aucune idée. Il ne pouvait espérer qu’elle aurait plus de chance que lui
**Faut que tu réussisses petite ! Que je sois fier d’au moins un truc dans ma vie…**

Le pas sautillant et la voix juvénile de sa nièce le ramena à la réalité.
« Tu sais où tu m’emmènes ? Et t’es sûr que tu veux boire et dépenser ton argent ? Tu as bien assez douiller pour le gagner t’sais, et jm’en branle moi de ce qu’on boira ou d’où on le boira. J’ai du lait chez moi s’tu veux. »

« Hey ! tu vas me dire quoi faire de mon argent toi aussi ? Déjà, j’ai du mal avec ma grande sœur, mais ma petite nièce… »

Le ton de Fitz avait changé. Il était plus sec et légèrement plus cassant. Il n’y avait aucune sévérité ni agressivité chez l’homme, mais l’avertissement était claire tout en restant amical. Il ne s’agissait pas d’une réprimande, mais simplement d’une remarque.

« J’ai jamais vu chez toi, parce que j’ai jamais été invité. Ça me ferait très plaisir que tu m’invites chez toi » **surtout après l’engueulade que tu m’a mises…**.

Nikita ne semblait pas rancunière. Avait-elle déjà oublié qu’elle avait envoyé son oncle se faire foutre ? Qu’elle l’avait insulté de lâche et blâmer de l’avoir abandonnée. Finalement, s’agissait-il d’un caprice de jeune rebelle ou avait-il eu droit à un pardon. Sa tête déjà confuse se transformait en chaos absolu. *Flasque, bouchon, gorgée* Alors que la chaleur se répandait, son mal-être se dissipait petit à petit.

Fitz avait aussi accepté l’invitation de sa nièce pour atténuer sa remarque désobligeante et abdiquer devant sa nièce à ne pas aller dans un bar. **Soeurette a probablement fait son sermon sur les dangers de l’alcool et sur la pente dangereuse sur laquelle je suis… est ce qu’elle dit que je suis déjà un alcoolique ou que je suis toujours sur la brèche ?... tss**  Fitz aimait sa sœur, mais il savait qu’elle le regardait de haut, non avec arrogance, mais avec pitié ce qui énervait Darryl au plus haut point. ** Pas encore, mais tout bientôt grande sœur ! à ta santé** Darryl leva une nouvelle fois sa flasque en l’air et trinqua dans le vide avant de boire une nouvelle gorgée de whisky.
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MessageSujet: Re: FlashBack - Soldat, Homme, Oncle... que suis je? (Nikita Mankievicz) FlashBack - Soldat, Homme, Oncle... que suis je? (Nikita Mankievicz) EmptyDim 4 Aoû - 13:41

L’oncle Fitz mettait un poing d’honneur à redorer le blason de sa nièce et à l’empêcher de se dénigrer gratuitement. Et la gamine trouvant ce comportement particulièrement touchant, en jouait certainement. Car la petite était loin de se considérer comme une vermine. Son arrogance légendaire le prouvait aisément. Elle était de ceux qui se dénigrent avec autodérision, pour mieux soulever les faiblesses des autres. Aussi lorsqu’elle retournait une remarque assassine à son paternel, évoquant la vermine qu’elle était, ce n’était que pour mieux lui faire remarquer l’absurdité et la condescendance de sa remarque à lui. Elle ne supportait plus la perfection crasse de ses parents et se rangeait avec plaisir de l’autre côté de la barrière, avec ceux qu’ils qualifiaient gratuitement de vermines. Ceux qui avaient fait des choix différents des leurs tout simplement. Nikita n’avait pas choisi de faire une grande carrière, de fonder une famille aimante et de grandir dans la justice. Elle avait préféré un métier par défaut pour une vie plus simple et plus débridée. Elle avait choisi la solitude à l’accompagnement de mauvaise fortune. Elle avait choisi de laisser vivre sa démence de victime à défaut de l’oublier, de l’enterrer. Vivant très bien son asservissement au traumatisme de son adolescence, elle ne pensait qu’à une chose, replonger dedans et le transformer. Faire du viol un acte banalisé. Faire du viol, une violence fantasmée plutôt qu’une agression d’ordre sexuelle. C’était bien la seule ambition dont jouissait la gamine. Convaincue qu’avoir un métier et une famille ne la ferait en aucun cas devenir quelqu’un, ou alors… Quelqu’un d’autre. Elle avait pourtant devant elle un triste tableau. Celui d’un homme qui lui aussi semblait avoir fait un paquet de choix différents de ceux de ses parents parfaits. Celui d’un homme au fond du trou, réduit à se faire péter la gueule pour quelques billets qui lui payeraient à peine l’anesthésiant alcoolisé par la suite. Et bien qu’elle se refuse de porter un jugement sur celui pour qui elle avait finalement plus de respect que les autres, elle se contentait de constater et de se demander si elle souhaitait finir ainsi. Ses choix différents des gens bien pensant l’amèneraient-elle dans les profondeurs de la ville ? Et quelle forme prendrait le destin d’une femme lorsqu’elle faisait les même choix qu’un homme déchu ? Quelle serait la version féminine du destin de l’oncle Fitz ? La seule image qui lui vint alors fut celle de la prostituée droguée. Vendrait-elle un jours ses charmes pour obtenir sa coke ? ou pour gagner de quoi manger et boire ? Son petit corps fragile ne saurait se battre en combat singulier et illégal… Son corps serait à l’œuvre dans un tout autre aspect de la perversion humaine. Et ce destin valait-il mieux que celui qu’auraient voulu écrire ses parents pour elle ? Elle grimaça en chassant ses pensées trop lourdes de son esprit et se concentra de nouveau sur l’homme qu’elle accompagnerait ce soir, sur l’homme qu’elle redécouvrait cette nuit.

« Je ne lui manque pas de respect. Enfin juste ce qu’il faut… » Répondit la gamine qui ne souhaitait pas particulièrement s’étendre sur le sujet. La famille n’était pas son sujet favori, loin de là. Et elle fut heureuse que son oncle en change radicalement. Car non, elle ne savait pas grand chose de lui. Elle ‘avait que peu de souvenirs de son enfance heureuse à ses côtés et sa mère n’avait eu le courage de lui avouer le chemin qu’avait pris son frère dans la vie. « Et non je ne sais pas grand chose de toi… Enfin maman ne m’a pas trop raconté. Je ne sais que ce que je vois aujourd’hui, tu dois avoir la gorge la plus défoncée que je connaisse. » Elle lui tira la langue enfantine, se moquant ouvertement mais gentiment de lui et de son alcool arracheuse de gueule.
La gamine sentit cependant qu’elle s’était mal exprimée plus tôt lorsque son oncle changea de ton. Il n’avait pas aimé qu’elle lui dise qu’il pourrait garder son argent plutôt et venir boire du lait dans son appartement. Elle n’apprécia pas la comparaison avec sa mère. Loin d’elle l’envie de lui dire quoi faire de son argent, loin d’elle l’envie de lui dire quoi faire sur quoi que ce soit d’ailleurs. Elle n’était pas sa mère et préférait déjà se contenter de garder le contrôle sur sa vie plutôt que de vouloir contrôler celle des autres. La gamine se ferma légèrement et encaissa. Inutile de relancer les hostilités. Mais elle ne se laisserait pas faire et la remarque suivante de son oncle, méritait explications.
« J’invite pas les gens que j’ai pas envie de voir. Et je n’avais pas envie de te voir. Mais ce soir je t’invite. » Un moyen direct de lui dire qu’elle a un sale caractère et un moyen détourné de lui signifier qu’elle a envie de le voir maintenant. Aucun « tu m’as manqué » ne sortirait de sa bouche, elle n’avait pas de mots tendres à offrir. Plus d’injures trouvaient refuges sur ses lèvres. Aussi fallait-il lire entre les lignes.
« J’habite à quelques pas d’ici, c’est pas folichon et il fait pas bon rentrer seule mais au moins je me sens libre. Et ce soir avec ta tronche, je doute qu’on nous agresse. » Elle laissa échapper son petit rire cristallin en regardant son oncle qui venait de se reprendre une rasade. « Si tu sens encore le gout du lait après ça franchement… Tu pourras remercier tes papilles gustatives. » Un flot de conneries interminable passaient la barrière de ses lèvres comme s’il n’y avait jamais eu de censure entre elles et le cerveau de la gamine. « J’ai du bon whisky si tu préfères ça au lait… »
Discutant tranquillement, l’immeuble de la gamine ne tarda pas à apparaître au loin dans l’univers quadrillé de la grosse pomme. Elle s’engouffra alors dans la cage d’escalier et y invita son oncle. A en observer la charpente délabrée, c’était à se demander comment cet immeuble tenait encore debout. Les marches grinçaient sous leur pas et il ne servait à rien de s’agripper à la rambarde de bois la longeant. Celle-ci n’en aurait plus pour longtemps avant d’être parfaitement obsolète. Il fit tinter la serrure de sa porte au dernier étage de l’immeuble et dut forcer sur la porte pour qu’elle daigne s’ouvrir. Rituel auquel elle s’était fait avec le temps, après être resté coincée à l’extérieur. Elle enfonçait maintenant clairement la porte. L’intérieur de son appartement était des plus… utilitaire. Deux pièces. Un matelas au sol pour dormir, dans la même pièce que ce qui ressemblait de loin à une cuisine et une salle de bain dans la seconde pièce indépendante. Rien de bien folichon. La gamine réussissait néanmoins à garder son appartement propre, bien que très mal rangé et bien qu’elle ne puisse aller contre l’usure du bâtiment. Il y faisait froid, par manque d’isolation et de moyen pour le chauffer. Elle s’y engouffra, laissant le soin à son oncle de refermer derrière eux et se dirigea vers la cuisine, évitant de marcher sur ses affaires éparpillées un peu partout dans la pièce dépourvue de rangement et de meuble. Elle prit la bouteille de lait dans sa main droite et celle de whisky dans la main gauche et les brandit toutes deux. « Alors ? La droiture ou la sinistre ? » Fit-elle avec cette malice caractéristique et la fierté de sa petite référence historique.
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MessageSujet: Re: FlashBack - Soldat, Homme, Oncle... que suis je? (Nikita Mankievicz) FlashBack - Soldat, Homme, Oncle... que suis je? (Nikita Mankievicz) EmptyLun 12 Aoû - 14:05

« J’invite pas les gens que j’ai pas envie de voir. Et je n’avais pas envie de te voir. Mais ce soir je t’invite. »

Franchise, arrogance, honnêteté, insolence. Voilà tout ce qui pouvait définir l’adolescente à ses côtés. Elle ne voulait pas le voir. Il le savait déjà, elle lui avait déjà dit, mais une fois de plus elle le redisait, elle le confirmait. Son absence avait été trop douloureuse pour elle, ou alors sans signification, sans intérêt. Sa vie n’avait désormais plus aucuns intérêts : sa carrière sacrifiée par sa faiblesse, son amour perdue par son absence, sa famille exclue par son infériorité. Darryl eut un pincement douloureux au cœur en imaginant la réaction de sa fille si seulement il osait tenter d’entrer dans sa vie. Sa nièce était la confirmation qu’il ne devait surtout pas se manifester auprès de son vieil ami Clark, et encore moins auprès de sa fille. Mieux valait rester mort, absent. L’enfant aurait une description de son père comme étant un homme bien, qui était dans l’armée et était tombé au combat. Mieux valait qu’elle ne sache rien de l’ombre qu’il était devenu, cet homme qui avait tout perdu et qui n’avait rien qui puisse le rendre fier. **Ce soir… pas avant… parce qu’avant, en plus d’être rien, j’présentais pas d’intérêts… là, Tonton il s’est battu… tss** Pensées sans queue ni tête d’un homme torturé qui ne sait plus où il en est. Amère de sa propre défaite en tant qu’Homme, Fitz ne voyait qu’un reproche dans les propos naïfs et extrémiste d’une adolescente instable. Nikita renouvela son invitation et recommença à taquiner son oncle.

« Allons-y ! »

Fitz n’avait pas envie d’en dire plus. Il acceptait l’invitation de sa nièce. Selon ce qu’elle avait insinué, elle l’invitait parce qu’elle avait envie de le voir. Fitz acceptait son invitation, acceptant aussi de la voir. Il n’osa pas le dire, ni même le penser, mais il souhaitait qu’elle aurait envie de le voir régulièrement.
Sa tronche en mauvais état allait selon Nikita, avoir l’utilité de décourager des éventuels chercheurs de troubles. Fitz eut un sourire méchant à l’idée qu’un jeune coq vienne lui chercher des noises. Dans ces rues, il n’était pas le plus dangereux car il n’y a rien de plus dangereux que la folie et il ne l’était pas, tout du moins pas encore. Cependant, il devait être une des personnes les plus talentueuses de ce quartier dans le domaine de la suppression. L’un des rares à avoir reçu un véritable entrainement, des leçons de meurtre, des cours d’assassinat.
Un frisson glacial parcourut Fitz le long de l’échine, craignant subitement de faire une bêtise. S’il se complaisait dans son talent de tueur, le risque d’être positif au scan augmenterait et il ne voulait pas finir dans cet endroit horrible. Darryl enfoui ses peurs au fond et se reporta sur sa nièce. Touché par cette fausse innocence mesquine et joueuse de la jeune fille, Darryl se sentit s’adoucir. Peut-être avait-il trop bu pour ce soir. Il esquissa un début de sourire en hochant la tête.

« Va pour une lampée de lait. »

Nikita offrait une alternative à l’alcool, ne voulant pas aggraver l’état de santé de son oncle, ne voulant pas le pousser à sombrer dans l’alcoolisme comme sa mère l’avait probablement mise en garde. L’ancien soldat dépressif fut partagé entre la colère d’être pris en pitié par une adolescente et la joie de voir sa nièce vouloir prendre soin de lui. Il décida de faire un effort et montrer un exemple pas trop mauvais pour ce soir. Il se fit entrainer dans les rues par la jeune fille étonnamment enthousiaste et bavarde. C’est en déambulant aux côté d’une jolie demoiselle que Fitz réalisa que les badauds lui accordaient beaucoup plus d’attention, le suivant du regard, se retournant sur leur passage.

Ils arrivèrent enfin devant un immeuble gris et délabré dans lequel ils s’engagèrent. Au troisième pas, troisième craquement sonore, Fitz se demanda si les planches en bois du bâtiment allaient supporter poids ou s’il allait se retrouver subitement au sous-sol. L’ascenseur grinça tout au long de la montée déclenchant les prémices d’une migraine pour le vieil oncle. La jeune fille semblait s’être habituée à cet immeuble aussi ravagé par le temps que le visage du soldat par son adversaire du soir. Elle fit jouer la serrure aussi solide qu’une allumette et mit un coup d’épaule pour enfoncer la porte et s’engagea d’un même mouvement fluide dans son appartement. Fitz s’avança lentement en regardant partout. Ce n’était pas de l’appréhension de s’engager dans un endroit peu reluisant, c’était la timidité d’entrer dans le sanctuaire farouchement gardé de sa nièce. Il observa attentivement l’appartement : le matelas posé à même le sol, des affaires pèles mêles, et tout ce que peut contenir un appartement d’étudiant. Darryl, ferma doucement la porte derrière lui, puis après avoir bataillé quelques secondes, se débarrassa de toute forme de politesse et prit exemple sur sa nièce : il claqua la porte et enclencha le verrou. Il posa son sac et sa veste à l’entrée en faisant passer la bandoulière par-dessus sa tête.

Fitz était un excellent menteur, il dissimulait avec une audace et un aplomb scandaleux lorsqu’il s’agissait de dissimuler son penchant pour la boisson. Avec plus de 2g d’alcool dans le sang, il n’hésitait pas à clamer droit dans les yeux d’un juge qu’il était parfaitement sobre, sans ciller ni hésiter. Cependant, il n’avait aucune envie de mentir ou d’être hypocrite avec sa nièce.

« j’pourrais te dénicher deux trois trucs si tu veux, j’devrais pouvoir te dégoter une armoire… si tu veux. »

Il ne la complimenta pas sur son appartement car il n’y avait aucune raison. Cependant, il savait que sa nièce en était satisfaite car il symbolisait son indépendance. Ce bien inestimable pour elle, plus précieux que n’importe quel objet. Fitz n’essayait pas de la rabaisser, mais au contraire de vouloir améliorer son confort, pour qu’elle profite encore mieux de son indépendance. Il ne pouvait rien faire contre le bâtiment, ou l’isolement. Mais il savait où trouver une vieille table, quelques chaises dépareillées et quatre bouts de planche pour faire des étagères.

Lorsque Nikita resurgit de la cuisine, elle apportait deux bouteilles : la fameuse bouteille de lait et une bouteille de whisky. Fitz se sentit mal à l’aise. Il avait dit qu’il prendrait du lait afin de ne pas déranger sa nièce. Cepenant lorsqu’elle lui demanda ‘il choisissait ‘la droiture ou la sinistre’, Darryl se figea. Il baissa les yeux quelques secondes, observant les pieds de sa nièce. **ça fait longtemps que tu l’as perdu ta droiture…**

« Le sinistre… on fait la paire. »

Aucun remords, aucun soucis, Darryl n’avait aucune honte à choisir la bouteille d’alcool.

« Sinon, c’est pas si mal pour un premier appart. J’crois pas avoir eu aussi… vieux, mais j’ai déjà eu plus petit et déprimant. »

Compliment maladroit mais pourtant sincère. Darryl essayait tant bien que mal d’engager la conversation avec sa nièce sans l’énerver. Il était un peu perdu, hors de sa zone de confort, encore un peu réservé à l’égard de sa nièce qui lui faisait un peu peur : déjà bébé, cette enfant avait un pouvoir incroyable sur lui. Aujourd’hui, elle ne réalisait pas qu’elle l’avait encore.


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MessageSujet: Re: FlashBack - Soldat, Homme, Oncle... que suis je? (Nikita Mankievicz) FlashBack - Soldat, Homme, Oncle... que suis je? (Nikita Mankievicz) EmptySam 24 Aoû - 16:50

« Barf c’est gentil mais tu sais j’ai pas de planche à repasser, pas de lave-linge et encore moins de sèche-linge et tout ça prendrait déjà trop de place ici. Je vais à la laverie là au coin de la rue, ce n’est pas excessivement cher et ca passe le temps. Alors mon linge je ne le repasse pas, je ne le range pas non plus, j’ai un tas de propre ici et un tas de sale là, ça me suffit. Ya que mes blouses pour l’hôpital qui sont repassées et c’est la blanchisserie qui s’en charge. Alors je n’ai pas besoin d’armoire. Une table oui ça me botterait ! J’pourrais manger ailleurs que sur mes genoux et y poser tout plein de trucs. Je veux bien une table, s’tu veux on en fabrique une un jour, c’est rien d’autre que quatre pieds et une planche, une table. » La gamine savait exactement ce qu’elle voulait et ce qu’elle ne voulait pas. Une armoire aurait pris beaucoup d’espace là où déjà elle en manquait parfois et n’aurait pas été d’une grande utilité. Une table par contre la faisait un peu rêver, bêtement. Et la construire de ses mains encore plus. L’idée même de pouvoir dire « eh t’as vu ma table, j’l’ai faites avec tonton, t’as vu ? Elle est robuste en plus. » la faisait sourire naïvement. Et ça l’occuperait un temps encore dans sa misérable vie. Ca l’amuserait aussi. La gamine avait toujours été bien plus à l’aise dans des fringues sapées de peinture et décapées au whitespirit par endroit, avec un marteau dans la main et en compagnie masculine, que montée sur talons haut, arborant une petite robe adorable à parler maquillage avec ses semblables. Les garçons lui avaient toujours semblés s’amuser plus facilement et avec pas grand-chose. Les filles elles passaient bien trop de temps à rivaliser, à se crêper le chignon. Nikita s’ennuyait tout simplement en la compagnie de ces dernières. Elle avait essayé des fois, d’avoir des copines, par acquis de conscience, mais ça ne durait jamais bien longtemps. L’ennui finissait toujours par la saisir lorsqu’un type intrépide venait à lui proposer une virée explosive. Peut-être avait-elle recherché la sécurité aussi, tout autant que l’aventure ? Le fait est que la plupart des ses amis et connaissances étaient pourvus d’un penis et que ce n’était pas pour lui déplaire.

Laissant son oncle libre de choisir entre un whisky et du lait, une seconde fois, elle accepta son choix bien qu’elle crève d’envie de lui faire remarquer que plus tôt, il avait voulu du lait. Elle n’était pas là pour lui faire la morale et étrangement qu’il boive de l’alcool dans son appartement n’était pas un problème. Il pourrait s’étaler sur son matelas dans le pire des cas et y passer la nuit. Ou même par terre. A bien y réfléchir, elle ne se voyait pas dormir avec son oncle. Non pas qu’elle trouve cela étrange, les familles normales font surement souvent ça, dormir entre eux, sans qu’il n’y ait aucun problème mais… Elle ne le connaissait pas ou plus et ne se voyait pas plus dormir avec lui qu’avec n’importe quel autre type. Depuis quand n’avait-elle pas dormi avec quelqu’un ? Après son viol, elle avait cessé de dormir librement avec ses cousins et n’avait jamais accepté d’homme pour la nuit dans son lit. Et quelque chose lui disait qu’elle n’était pas là d’accepter un homme dans son lit, pour plus de quelques heures d’ébats éveillés. *C’est super intime le dodo, ça ne s’offre pas au premier venu…* pensait-elle tout en servant un verre à son oncle avec qui elle ne partagerait surement pas ces pensées là. Aussi coureuse qu’elle soit, elle avait ses règles et celle-ci en était une dérivée d’une certitude, un homme qui n’est pas de ta famille et qui est capable de dormir avec toi sans te toucher est un homme qui tient forcément à toi. *A moins que tu sois putain de repoussante et qu’il soit juste contraint à dormir près de toi* Elle sourit de nouveau tout en se servant un grand verre de lait.

Son oncle lança la conversation sur l’appartement et sa remarque fit sourire la gamine tandis qu’elle buvait de son lait. Il avait choisi l’alcool, il ne savait vraiment pas ce qu’il manquait. Bien qu’elle soit adepte du whisky, Nikita n’en faisait jamais le choix lorsqu’elle pouvait avoir du lait à la place. C’est surtout pour cela qu’elle regrettait le choix de son oncle. Pas tellement pour l’état d’ébriété découlant de son choix final. Il dormirait ici et ne prendrait pas le risque de rentrer s’il le souhaitait mais il n’aurait pas gouté à la douceur d’un bon verre de lait. C’était bien le plus triste dans l’histoire. « J’ai pas pris le temps de chercher bien longtemps cet appart’ j’aurais surement pu trouver un peu moins vieux si j’avais pris le temps mais j’étais pressée et j’ai pris le premier venu. Et des fois j’me dis que c’est mieux le vieux, les gens normaux veulent pas trop y venir, pas trop y rester, et j’ai peu de risque de me faire cambrioler, tout le monde se doute bien qu’il n’y a rien à voler. » Elle commença à se bercer légèrement d’avant en arrière tout en observant son appartement. C’est vrai qu’il était peu accueillant mais c’était le sien. Elle jeta un œil au verre de son oncle est se leva rapidement. Elle se dirigea de nouveau vers la cuisine ouverte et y ouvrit le petit congélateur au dessus du réfrigérateur. Elle se saisit d’une fourchette et frappa l’intérieur de l’appareil avec le manche. Elle ne pensait jamais à acheter un bac à glaçons. Elle cassa un peu de glace qu’elle mis dans un bol et revint avec vers le matelas sur lequel elle reposa ses fesses. Elle posa le bol avec la glace brisée et grimaça légèrement. « J’ai que ça… Désolé. » Elle sourit en hochant légèrement les épaules et reprit son verre de lait. Elle en but une grande gorgée, le liquide d’albâtre lui dessinant des moustaches au dessus des lèvres. Elle l’essuya d’un revers de main. « Tu vas chercher un travail plus… Moins… Mieux ? » Plus sérieux avait-elle pensée avant de se dire que cela pouvait être blessant, moins dangereux avait-elle ensuite imaginé avant de se dire que cela pourrait être gênant, alors elle avait opté pour plus de neutralité. Mieux. Mieux c’était bien. Non pas qu’elle veuille encore lui dire comment gérer sa vie mais elle trouverait juste ça bien qu’il retrouve un travail, comme signe de réinsertion progressive. Comme pour faire diversion et parce qu'elle se sentait mal lorsqu'elle oubliait, elle alluma la petit radio à même le sol, reliée à la prise murale près de son lit. C'était ce qu'elle faisait en premier chaque fois qu'elle rentrait. La présence de son oncle la lui avait faite oubliée ce soir. Mais le vide finissait toujours par se faire sentir, comme celui de la ceinture dans la voiture quand on est habitué à la mettre. Une vieille chanson commença à combler les silences, doucement, rien qui n'empêche la conversation. "What a day for a daydream..." La gamine chantonnait légèrement par moment. Lovin' Spoonful, Nikita avait toujours aimé l'ambiance des vieilles musiques.
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MessageSujet: Re: FlashBack - Soldat, Homme, Oncle... que suis je? (Nikita Mankievicz) FlashBack - Soldat, Homme, Oncle... que suis je? (Nikita Mankievicz) EmptySam 28 Sep - 22:45

La fraîcheur du soir, l'effort de l’exercice simple de marcher et la plaisante, bien que pleine de suspens, compagnie de sa nièce avait engourdi le corps du combattant. Anesthésie naturelle et indétectable, le corps ne se souciait pas de ses blessures : les contusions ne se développaient pas, les hémorragies se ralentissaient, le sang se coagulait et les muscles se refroidissait à la température extérieure. Lorsque l'homme adossa contre le mur, s'avachissant comme un adolescent en pleine crise de personnalité, tout son corps se rappela alors du combat. La chaleur de l'appartement réveillait les courbatures, les muscles ne fonctionnant plus tiraient et brûlaient plus que jamais. Le sang séché grattait, les blessures piquaient. Ses côtes douloureuses lui donnait un peu de mal à respirer. Si Darryl attachait une quelconque importance à sa santé, il serait probablement allé se faire inspecter pour une commotion cérébrale. Cependant, il préférait être ici, saisissant l'occasion peut être unique de passer un peu de temps avec sa nièce. Son corps le rendant pleinement conscient, dissipant sans efforts les effets de l'alcltool. Nikita, resplendissante de sa jeunesse innocente malgré les drames vécues, virevoltait autour de lui, s'affairant à être une bonne hôtesse. Avec sa nièce, source de motivation, et son passé douloureux, Darryl n'avait aucun mal à refouler cette souffrance physique. Il ne montrait aucun signe d'inconfort ou de douleur, et pour ce soir, il se donnait la peine d'enfouir aussi ses peines. Il essayait, sans mentir, de bien présenter.

Nikita refusa sa proposition de lui dénicher quelques fournitures. Elle argumenta avec raison et jsutifications à l'appui qu'elle n'en aurait guère l'utilité. Adolescente stéréotypée en puissance, elle dénigrait le confort au profit de la force de caractère et de la débrouillardise. Cependant, Darryl fut blessé de voir son aide refusé de manière aussi brutale et franche : il se demanda alors à qui dans ce monde il pourrait être utile. Quelques seconde plus tard, son visage tuméfié ne fut pas un obstacle au sourire qui s'étira sur ses lèvres : sa nièce lui demandait plutôt de l'aider à construire une table. Plus audacieuse, la demande de Nikita plaisait encore plus à son oncle. Il aurait été facile d'aller dans un vide grenier du coin et prendre une vieille table pour pas cher. Nikita lui demandait plutôt de construire sa table : il faudrait aller chercher quelques bonnes planches, une ponceuse et un peu de vernis, quelques clous et un marteau. Cela lui prendrait du temps et un peu d'effort, mais cela lui permettrait de passer encore un peu de temps en compagnie de sa nièce. Une table, simple objet de tout les jours, conception simple, semblait pourtant porteuse d'espoir.

Fitz approuva le commentaire de sa nièce d'un hochement de tête, avant de s'envoyer une gorgée de whisy :

« Ouais, ça devrait pas être complique de te faire une table. J'crois pouvoir trouver les matériaux de base et les outils aussi. Tu m'diras pour quand tu la veux, ou quand t'auras le temps de la faire. »

Peu importe son calendrier, Fitz mettrait la confection de cette table en priorité. Les bars, combines et arnaques passeraient en second plan. Adossé contre ce mur lézardé, ce sol craquant, cet appartement délabré, Fitz se rappelait à nouveau qu'il n'y avait pas que l'obscurité. Alors que sa nièce revenait avec un bol de glace, Darryl se plongea dans ses yeux. Il chercha et trouva sans difficulté, ce regard qu'il aimait tant, ce scintillement, cet éclat de couleur qui le rendait mièvre plusieurs année auparavant.

Nikita poursuivit la conversation répondant à son oncle ce qu'elle pensait de son propre appartement. C'était encore une fois un discours habituel qu'on entend souvent lorsque quelqu'un justifie le choix de son appartement. Darryl approuvait le discours de cette petite, elle n'était pas une petite pourrie gatée, scandaleuse sur son luxe de vie. C'est donc avec un sourire ironique que Darryl dit :

« ça doit plaire à tes parents ce genre de discours. Grande sœur a dû être hystérique quand tu lui as sorti ça. »

Darryl rigolait en imaginant la tête de sa sœur, son regard fou et furieux d'entendre de tels inepties de la part de sa petite fille chérie d'amour. Tout comme elle avait eu une crise de nerfs en découvrant les plans de son petit frère. Nikita enchaina en demandant maladroitement si Fitz comptait « chercher un travail plus… Moins… Mieux ». Ce dernier s'étrangla sur son whisky devant cette maladresse, cette insulte involontaire qui en disait long sur ce qu'elle pensait de son oncle.

« J'ai pas de travail. J'ai une pension d'invalidité, une pension militaire et un chômage. Ce travail 'moins, plus, moins bien' comme tu dis m'a permis de quintupler ce mois ci. Un vieux brocard comme moi, ça paye pas de mine et les paris montent à cinq contre un. »

Fitz expliqua le système de paris, mais s'il se doutait de la futilité de son explication. Puis, piqué au vif par cette petite remarque, Fitz répondit d'un ton narquois :

« Et toi ? Toute contente de m'avoir surpris à me faire défoncer, tu crois être en position de faire ta maligne ? Toi non plus t'es pas en mesure de faire la morale, ce genre d'endroit à ton âge... c'est discutable. Et ton état était pas forcément plus, moins, mieux que le mien. »

En plus de souligner le lieu douteux où elle avait choisi de passer sa soirée, il fit aussi allusion à la drogue qu'elle avait manifestement pris. Et puis, il avait adroitement donner une réponse adéquate à la petite sans pour autant répondre directement à sa question.

Pendant ce temps, Nikita attrapa machinalement une petite radio posée non loin et l'alluma. Elle se mit immédiatement à fredonner la chanson qui passait à l'antenne. Une chanson que Fitz ne connaissait pas. Il écouta la douce voix timide et presque inaudible de sa nièce avec un sourire. Il finit son verre en une seconde gorgée et posa sa tête sur le mur. Toujours assis adossé à son mur, les coudes posés sur ses genoux relevé, ses mains tenant le verre vide, immobile sur le territoire de sa nièce, Darryl ne voulait pas déranger. Il ne voulait pas être un intrus dans le monde de Nikita. Il ferma les yeux quelques secondes pour se ressourcer. Il finit par écouter distraitement les paroles de la chanson.

« Tu l'as toi ton rêve éveillé ? Parce que moi j'ai dû le louper... »
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MessageSujet: Re: FlashBack - Soldat, Homme, Oncle... que suis je? (Nikita Mankievicz) FlashBack - Soldat, Homme, Oncle... que suis je? (Nikita Mankievicz) EmptySam 5 Oct - 21:41

C’était étrange, même pour la gamine habituée à l’étrangeté, d’accueillir son oncle dans son univers. Cet univers où elle n’accueillait personne d’ordinaire. Si on lui avait dis la veille qu’elle se retrouverait ici avec son oncle à boire un verre et discuter de construire une table ensemble, il n’y aurait surement pas cru et aurait gratifié l’annonceur d’un jolie doigt d’honneur et de quelques injures bien placées certainement. Elle était pourtant maintenant heureuse que l’homme soit là avec elle et qu’il découvre un peu de son univers comme elle avait pu en découvrir un peu du sien par accident. Bien qu’elle se soit montrée des plus rudes à son égard depuis son retour dans sa vie et bien qu’elle se sente encore loin de lui, elle n’aurait pu nier son attachement à son oncle. Bien qu’il ait disparu trop longtemps à son goût, la vie semblait n’avoir épargné aucun d’eux deux et s’ils n’avaient plus rien en commun, ils auraient au moins ça. Les ravages du temps n’effacerait pas cela. Elle ne savait que trop peu ce qu’il avait pu vivre pour en arriver là. Ce « Là » qui contrairement à ce que pouvait en dire la mère de la gamine, n’était pas si terrible. Chacun était libre de vivre sa vie comme il l’entendait et d’avoir les réactions qui lui plaisaient face aux épreuves de la vie. Nikita avait bien choisi de vouloir son violeur à en crever après tout. Qui a dis qu’on ne pouvait pas vouloir vivre en marge de la société, en laissant un paquet d’erreurs et de mauvais choix sur son passage dévastateur ? Peut-être même que son oncle était plus heureux ainsi que s’il avait eu une femme, des gosses, une baraque avec des barrières blanches, un chien et une décapotable. Qui a dis qu’il s’agissait là de la formule miracle pour tout être humain, pour être heureux ? Nikita ne voulait pas de décapotable par exemple. Elle avait toujours eu un penchant pour rester piétonne. Elle n’avait passé son permis que par pure obligation paternel et nécessité professionnel. Sur de courtes distances, elle continuait à se servir de ses pieds.

« Hum quand… Beh.. Faut que tu trouve le matos mais après je suis dispo, j’ai trop rien de prévu en ce moment. Le week-end prochain s’tu veux, je travaille pas.. » La semaine, entre ses cours et son internat à l’hôpital, elle n’aurait certainement pas le temps de quoi que ce soit. D’autant plus qu’elle peinait déjà à trouver un moment pour dormir la semaine. Le week-end, elle pouvait réserver un peu de temps en journée à son oncle. Le tout étant que son père ne l’apprenne pas. Le fait qu’elle voit l’oncle Fitz n’était pas le problème. Mais qu’elle se mette à meubler son intérieur avec lui en serait un. Parce que son père lui avait proposé de tout acheter le jour de son emménagement. Et parce qu’elle avait refusée. Déjà que ses parents n’approuvaient en rien le quartier qu’elle avait choisi et l’appartement miteux dans lequel elle aimait s’enfoncer… Elle préférait ne pas plus les contrarier. Docteur papa deviendrait insupportable après ça et elle le voyait presque chaque jour à l’hôpital. Bien qu’elle évite de s’attarder. Cela faisait d’ailleurs plusieurs semaine qu’il désirait partager un repas avec elle à la cafétéria au travail et qu’elle s’y refusait, prétextant des horaires incertains. Elle devrait bientôt s’y plier pour lui faire plaisir et pour éviter une nouvelle dispute inutile.
« Hum ils ont pas trop critiqué mon choix finalement. Du moins pas devant moi. » Assuma la gamine. Elle n’était pas dupe. Ses parents devaient surement raconter partout combien ils s’inquiétaient de voir leur petite fille s’émanciper de la sorte et choisir l’indépendance au confort. Les parents qui s’inquiètent ouvertement apparaissent toujours comme de bons parents. Et ils l’étaient dans le fond. A peine plus obtus que la plupart des parents. Ce n’était pas leur faute s’ils avaient engendré une petite rebelle figée dans sa 15ème année, année du traumatisme. On ne choisit pas sa famille, ces mots là prenaient tous leurs sens dans la famille Mankievicz.

La gamine n’aurait pas dû aborder le sujet du travail. Qui était-elle pour reprocher à son oncle ses activités. Au moins lui n’avait pas choisi de faire ce que les autres attendaient de lui. Il faisait ce qu’il voulait comme il l’avait toujours fait. L’armée, puis maintenant les combats de rue. La filiation était plutôt logique bien que périlleuse. Il gagnait bien sa vie alors. Il touchait plusieurs revenus. *Si tu gagnes si bien que ça tonton, pourquoi tu te fais chier à te battre. C’est pas pour l’argent que tu le fais hein… Avoue t’aime te faire casser la gueule. T’as quoi à oublier toi ? On a tous une bonne raison de se punir, moi j’en ai même plusieurs. Alors toi dis moi, pourquoi tu te bats ? Pourquoi tu bois aussi…* La gamine fit taire ses pensées malhabiles et baissa le regard le temps du sermon. Elle ne tenait pas à gâcher cette soirée en explications. Il l’attaqua cependant à son tour et la gamine prit sur elle pour ne pas exploser. Elle n’avait pas la retenu d’une femme mûre. Petite fille à fleur de peau, elle se savait capable d’exploser pour moins que ça. Mais pas cette fois. Elle ne gâcherait pas tout avec son sale caractère. « Je vois… » Se contenta de répondre la petite blonde. Oui elle se droguait, et souvent. Et oui elle avait de mauvaises fréquentations, tant humaines que spatiales. Comment aurait-elle pu se défendre de cela ? Elle aimait cela. Tout bonnement. Et c’est en faisant ce constat qu’elle en déduisait que l’oncle Fitz aussi devait aimer ça. Se faire cogner dessus jusqu’à en oublier qui il est. Un silence suivi et comme un accord, ils changèrent de sujet.

« Tu l'as toi ton rêve éveillé ? Parce que moi j'ai dû le louper... »
La question bloqua la respiration de la gamine, prise par surprise. C’était presque une question existentielle, presque philosophique. Elle n’aimait pas trop se pencher sur ses rêves manqués mais puisqu’il le lui demandait, elle essayerait d’en parler. Elle déglutit difficilement avant de reprendre. « Faudrait déjà savoir où tu situes ton rêve. Le mien j'sais même pas c'que c’est. Tout c'que j'sais c’est qu’il n’est pas écrit dans les livres ou dans les films, je veux pas un mari et de beaux enfants. J'sais pas ce que j'veux d’ailleurs mais juste je sais que je ne veux pas ça plus que le reste finalement. Comme si je ne voulais rien.  J'sais pas trop qui je veux être. J 'is au jour le jour, c’est tout ce qu’il me reste. J’ai des objectifs à court terme si tu veux. Et encore… » Son seul objectif à court terme étant de retrouver son violeur… C’était maladroit d’en parler ainsi et bien trop inavouable pour s’y étendre. « Et toi, tu rêvais de quoi quand t’avais mon âge ? »
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MessageSujet: Re: FlashBack - Soldat, Homme, Oncle... que suis je? (Nikita Mankievicz) FlashBack - Soldat, Homme, Oncle... que suis je? (Nikita Mankievicz) EmptyVen 27 Déc - 11:30

Outre-mesure son éducation militaire et disciplinée qui lui ordonnait de faire un travail impeccable et approfondi sans le bâcler, Fitz voulait aussi satisfaire sa nièce en lui faisant un joli cadeau, le mieux qu'il puisse réaliser. Une part de lui même voulait aussi impressionner l'adolescente, se montrer une nouvelle fois sous un aspect qu'elle ne connaissait pas, à nouveau voir cette étincelle dans les yeux de l'adolescente qui découvre quelque chose d'inattendu chez son oncle dont elle avait une mauvaise image. Pour mener à bien cette tâche, Fitz comptait réaliser une table simple et banale qui irait très bien avec l'ambiance de la pièce. Il devait donc miser sur la qualité des matériaux afin de réaliser un meuble digne de ce nom. D'un coup d'oeil expert, l'homme prit les mesures approximatives de la pièce : vu la taille de l'appartement, il ne fallait pas faire une table trop grande qui finirait par gêner plus qu'autre chose. Fitz espérait pouvoir trouver aussi un bois pas trop clair afin de ne pas trop contraste avec la pièce plutôt sombre. Du vieux bois irait très bien avec cet appartement délabré, se fondant parfaitement dans le décor mais donnant un peu d'élégance et d'authenticité.

« J'aurais pas le temps de trouver du bon bois pour la semaine prochaine. Il me faudra un peu plus de temps, disons le week end d'après. » **Pis si ça se trouve, ça m'occupera assez pour pas que je pense à boire...**

Nikita tempéra l'attitude de ses parents en disant qu'il s'étaient montrés compréhensif. Elle défendait ses parents en donnant une bonne image d'eux, même si elle devait admettre qu'ils avaient deux visages dans l'histoire. Fitz, se tut et n'ajouta rien. Il aimait sa sœur, et ne lui souhaitait que du bonheur. Mais il avait aussi souhaiter tellement de fois qu'elle le comprenne. Qu'elle cesse de vouloir contrôler sa vie, qu'elle cesse de lui dicter ce qu'il devait faire. Elle qui était si gentille et si douce, mais cela ne lui donnait pas le droit d'être aussi intrusive dans sa vie privée et ses choix de vie. Elle n'avait que de bons sentiments, que ce soit pour Fitz ou pour sa propre fille, mais elle n'arrivait pas à comprendre que tout le monde n'était pas fait pour avoir son style de vie. Quoiqu'il en fût, Fitz n'ajouta rien devant la petite. Ce n'était pas sa place de critiquer les parents, il n'avait aucun droit de raconter sa version de l'histoire. Il ne savait pas quelles raisons sa sœur avait pu donner à nikita justifiant son départ, son absence après son retour, et surtout sa descente aux enfers. Ce soir, la petite avait accepté de lui reparler et pour rien au monde il ne gâcherait ce moment de bonheur en lui racontant son passé sordide.

Fitz releva les yeux pour regarder le visage juvénile de Nikita. Elle qui était d'apparence si petite et si fragile. Elle était le petit bébé qu'il avait fait sauter sur ses genoux. Aujourd'hui elle avait grandi, arborait une attitude rebelle et autoritaire. Un certain feu flamboyait au fond de ses yeux. Et dans ce regard plein de force, il perçut aussi un petit quelque chose. Un regard concerné, qui se posait des questions. Des questions n'osaient pas franchir ses lèvres. Fitz sentit tout l'embarras du moment pesé sur ses épaules. L'adolescente avait pleins de questions, trop de questions en fait dont il ne pourrait pas donner de réponses honnêtes. Pas encore tout du moins. Nikita dû sentir cette ambiance car elle sauva la situation et ne répondant que deux mots. Deux mots compréhensifs qui signifiait qu'elle se contenterait de ses réponses pour l'instant mais qu'elle n'était pas satisfaite non plus. Elle reposerait ses questions mais elle le ferait un autre jour.

Fitz saisit l'occasion pour changer de conversation et la jeune fille fut surprise et troublé par la question de son oncle. Elle réfléchit en silence quelques secondes avant de répondre.

« Faudrait déjà savoir où tu situes ton rêve. Le mien j'sais même pas c'que c’est. Tout c'que j'sais c’est qu’il n’est pas écrit dans les livres ou dans les films, je veux pas un mari et de beaux enfants. J'sais pas ce que j'veux d’ailleurs mais juste je sais que je ne veux pas ça plus que le reste finalement. Comme si je ne voulais rien.  J'sais pas trop qui je veux être. J 'is au jour le jour, c’est tout ce qu’il me reste. J’ai des objectifs à court terme si tu veux. Et encore… » « Et toi, tu rêvais de quoi quand t’avais mon âge ? »
Fitz leva la bouteille et but quelques gorgées avant de répondre.

« Moi, je rêvais de ce que toi tu veux pas. J'voulais épouser... cette fille dont j'étais fou amoureux. C'était la plus belle fille qui ait existé. Elle était magnifique, gentille, intelligente et drôle. C'était un ange... adorable. Et je voulais fonder une famille avec elle, avoir des enfants, une ribambelle de loupiots qui nous aurait rendu fous. » Fitz avait les yeux fixés au plafond, le regard perdu dans le vague, sa conscience renvoyée dans le passé, noyé dans la nostalgie de cette joie perdue. Il n'avait pas envie d'évoquer le nom de Molly car il avait peur de s’effondrer juste de en prononçant son prénom. Il savait qu'il s'était engagé dans un terrain glissant et il espérait que Nikita ne poserait pas trop de questions. Il n'était pas encore prêt non plus à avouer qu'il avait une fille, que Nikita avait une cousine, qui avait été élevée par un autre homme que cette dernière croyait être son père biologique. «  Je voulais la totale : le mariage, les enfants, la maison, le chien. J'avais même un plan pour obtenir tout ça. Une carrière qui m'aurait permis de m'offrir ce rève. Mais la vie en a décidé autrement et j'ai tout perdu... tout. Pour ça que ta mère est si condescendante avec moi : elle a eu tout ce que je voulais. » Fitz n'avait pas réussi à dissimuler l'amertume qui montait en lui dans ses dernières phrases. Le chagrin transperça dans sa voix. Il serra les dents, faisant frémir sa mâchoire. Il ravala sa peine comme il avait si bien l'habitude de faire et leva de yeux secs vers sa nièce. Son visage inquiet l'attendrit et détendit ses muscles tendus.

« Bref, t'as bien raison de vivre au jour le jour. Ça sert à rien de faire des plans. Pis à viser trop haut, la chute n'en sera que plus douloureuse, crois moi.»
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MessageSujet: Re: FlashBack - Soldat, Homme, Oncle... que suis je? (Nikita Mankievicz) FlashBack - Soldat, Homme, Oncle... que suis je? (Nikita Mankievicz) EmptyMar 4 Fév - 18:54

Discuter rêves avec son oncle n’était pas une bonne idée. La gamine l’avait senti presque instantanément. Lorsqu’à la question elle avait pensé répondre que son seul objectif immédiat était de retrouver son violeur. Lorsqu’à la suite de cela elle aurait pu tergiverser des heures avant de savoir si elle pouvait avouer toute la vérité à celui qui portait son sang, ou si comme à tout ceux à qui elle confiait son obsession pour son violeur, elle devrait inventer un pieu mensonge, celui d’un rêve de vengeance plutôt que d’un fantasme de répétition. Nul sain d’esprit n’aurait su comprendre pareille folie. Son oncle serait certainement la dernière âme qui vive à comprendre une telle envie. Se faire éclater la tête pour de l’argent oui, mais se faire violer gratuitement, ça non. Définitivement, deux ratés discutant ambitions, la scène aurait pu être risible. Du moins si l’oncle Fitz n’avait lui aussi jamais eu la moindre ambition. Nikita n’avait en effet rien à regretter dans le sens ou, aussi loin qu’elle se souvienne, elle n’avait jamais eu un zeste d’ambition. Peut-être seulement de vivre. Et encore, elle avait au moins aussi souvent souhaité mourir. Elle se senti parfaitement stupide lorsqu’elle se rendit compte que le schéma qu’elle venait de vendre comme l’exacte inverse de ce qu’elle voulait pour elle, était ce que Fitz avait toujours voulu. Miss sans tact avait encore frappé. Son oncle ne semblait pourtant pas s’en formaliser plus que de raison. Mais la gamine, sensible au bonheur de son oncle, ne pouvait que se blâmer d’avoir ainsi mis les deux pieds dans le plat. Elle se promit intimement de ne pas sauter dedans à pieds joints. Qui était-elle pour dénigrer le rêve qu’il s’était fait de la vie ? Le rêve le plus partager au monde certainement. Celui de trouver sa moitié et de construire quelque chose avec elle. Eternel pessimiste, elle ne devait pour autant assombrir le monde de son entourage.

Discuter rêve avait une seconde circonstance désastreuse. Ce sentiment étrange de regret et de nostalgie que la gamine pu lire dans l’attitude de son oncle l’emplit d’une peine qu’elle avait oubliée. Déglinguée, droguée, virevoltante, la gamine en apparence heureuse, avait oublié le gout amer de la nostalgie. Et ce sentiment ne dissipa pas pour autant les questions que de telles confidences faisaient naitre en elle. Et bien qu’elle eut voulu épargner son oncle d’un interrogatoire sur un passé regretté, elle ne sut cette fois, ravaler sa curiosité. Se pinçant les lèvres, elle pria intimement pour que cette question ne vienne tout gâcher de cette nouvelle rencontre avec son oncle. Elle s’apprêtait à prendre la parole lorsque ce dernier reprit de plus belle, plus amèrement encore et manifestement saisi au tripe et au cœur par ses propres révélations, réminiscence d’un passé avorté, responsable d’un présent douloureux. Elle ravala ses mots avec sa salive, prenant là toute la mesure et la profondeur des sentiments blessés de son ascendant et sa rancœur contre une sœur au destin trop parfait.
Un silence s’installa lorsqu’il eut terminé. La gamine n’aurait su se troubler d’avantage. Il lui fallait du temps pour digérer, et ce qu’elle venait d’entendre et ce qu’elle venait de voir. Surtout ce qu’elle venait de voir. Un homme brisé, meurtri. Un homme qui tente de faire bonne figure, de reprendre pied, avant que son sol de s’y dérobe. Il y avait eu beaucoup trop d’informations pour que la gamine ne se laisse pas le temps de les appréhender. Il y avait les choses qu’il avait dit et celles qu’il avait tues. Il y avait ce qu’il avait besoin d’entendre et ce qu’elle crevait de demander.

« Elle est pas si parfaite leur vie. » Décida de commencer Nikita, dont le regard s’était fait attentionné envers celui qu’elle ne reconnaissait que depuis quelques heures. « Ca fait longtemps qu’ils n’ont plus rien en commun, ils passent l’un à côté de l’autre sans se regarder. Je crois même qu’ils vont voir ailleurs. La dernière fois que je les ai vu proche c’est quand je me suis faite violer. Ils sont pas si parfaits. » Les acheva la gamine dont la vérité devait éclater. Sa mère pouvait bien donner des leçons à son frère, elle n’avait finalement pas réussi grand chose dans sa vie. Elle avait une fille, unique, à qui elle ne comprenait rien et avec qui elle était incapable de partager quoi que ce soit. Et si la gamine ne se trompait pas, elle se faisait sauté un soir par semaine par un collègue pour qui elle rêvait de quitter le père absent de sa gamine. Les belles barrières blanches cachent bien souvent des réalités plus crades. Nikita avait pris soin de commencer par cela, comme si ça pouvait rassurer son oncle ou le faire relativiser son rêve perdu. Il n’en restait pas moins qu’une question continuait de lui lacérer les lèvres. Et après un nouveau silence, la lame fut expulsée. « Il s’est passé quoi ? » Pourquoi ton rêve s’est perdu ? Pourquoi tu y as renoncé ? C’est ce rêve que tu tentes d’oublier dans la boisson et les coups ? Marchant sur des œufs avec cette question insidieuse, la gamine baissa les yeux comme si ceux de son oncle allaient la foudroyer. Elle fixa ses mains, point d’ancrage rassurant, refuge apaisant. Rien ne vint calmer son coeur et ses battements incessants. Et ce silence extérieur, perturbé par une rage intérieure, fut des plus longs qu'elle eut connu. *Oubli.. Tu n'es pas obligé de répondre à ça.* Elle aurait voulu pouvoir le dire. Mais le silence eu raison d'elle.
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MessageSujet: Re: FlashBack - Soldat, Homme, Oncle... que suis je? (Nikita Mankievicz) FlashBack - Soldat, Homme, Oncle... que suis je? (Nikita Mankievicz) EmptyVen 14 Fév - 12:38


Les révélations de l'oncle Fitz avait eu un énorme impact sur la jeune adolescente. Ce simple échantillon de son histoire, de ses rêves passés semblait choquer Nikita. Ce petit résumé, minuscule avant goûts de l'amertume qu'était sa vie, impressionnait déjà la petite, la réduisant au silence. Gênée et mal à l'aise devant la douleur évidente de son oncle, Nikita avait perdu sa fierté et son arrogance. Pourtant, Darryl n'avait fait que répondre succinctement à la simple question de Nikita  : de quoi rêvait il lorsqu'il avait son âge ? Peut être voulait elle se comparer avec son oncle, essayer de se situer elle même dans sa vie, trouver un point de repère car ses propres parents ne correspondaient pas à ce qu'elle attendait. Malheureusement, Fitz souligna qu'ils étaient bien différents. Il mit en évidence qu'elle refusait ce qu'il avait toujours souhaité. Sa naturelle franchise, son honnêteté l'obligeait à dire la vérité à sa nièce, il n'allait certainement pas lui mentir. Et l'aperçu qu'il lui raconta semblait donner des frisons.


Nikita brisa enfin le silence afin de tenter de réconforter son oncle. Elle rassura son Oncle en lui révelant que sa sœur non plus ne vivait pas le grand bonheur. Maigre réconfort pour l'oncle Fitz, pire encore : son seul repère s’effondrait. Ou plutôt, tout se confirmait : le bonheur le fuyait comme la peste. Même son entourage était condamné au malheur. Rien, personne ne pouvait l'aider. *La vie est une belle salope* Darryl s'en retrouva encore plus triste et malheureux pour sa sœur. Mais encore une fois, il ne pouvait que se résigner devant le destin. Fitz aurait voulu donner quelques conseils à sa nièce, lui conseiller de ne pas être trop dure avec ses parents. D'essayer de les épargner même si leur famille n'arrivait plus à s'entendre. Il aurait pu lui dire que la haine et l'agressivité n'arrangeaient rien, bien au contraire cela ne pouvait qu'empirer les choses. Mais il était trop fatigué, trop résigné pour avoir l'espoir qu'il puisse aider. Il préféra continuer de boire.

« Il s’est passé quoi ? »


Le temps s'arreta un court instant pour Darryl. Un étrange sensation de vide et de néant l'envahit, un sentiment d'impuissance s'empara de lui avant que tout n'éclate en morceau comme un miroir que l'on brise en y lançant une pierre. Le cœur de Darryl manqua littéralement un battement et le temps reprit son cours normal comme si ne rien ne s'était passé hormis la tension palpable dans l'air.

« Tu le sais bien ce qui s'est passé : je suis parti. Et quand je suis revenu... j'ai réalisé que j'avais perdu ma famille. Et quelques années plus tard, j'ai aussi perdu mon boulot. J'ai perdu tout ce qui faisait ce que j'étais. »


Le silence s'installa à nouveau. Nikita attendait une réponse plus développé, plus approfondie que ça. Mais Fitz n'était pas préparé à raconter son histoire en entière. Il n'étais pas prêt à supporter la douleur de revivre son histoire à voix haute, et il ne voulait pas non plus détruire le morale de la jeune fille, même si elle affichait déjà une petite mine dépité et pleine de pitié. Il avait répondu à la question. Il avait expliqué ce qu'il s'était passé. Il avait juste omis de raconter les détails, il s'était contenter de la destination sans décrire son voyage. Mais il ne révélerai pas pourquoi il était parti, il ne raconterai pas ce qu'il avait fait durant cette absence qui l'avait détruit. Il aurait adoré pouvoir enfin partager son fardeau avec sa nièce, être honnête et ouvert avec elle et avoir un véritable lien familial.
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MessageSujet: Re: FlashBack - Soldat, Homme, Oncle... que suis je? (Nikita Mankievicz) FlashBack - Soldat, Homme, Oncle... que suis je? (Nikita Mankievicz) EmptyVen 18 Avr - 14:36

« Ok…  Maman m’avait un peu raconté oui. Vite fait. » Voilà qui venait clore la conversation brillamment. Et bien qu’elle soit consciente de l’intimité déconcertante et douloureuse de son interrogation, Nikita ne put s’empêcher d’être déçue de n’obtenir réponse plus développée. L’oncle Fitz avait fait le choix de rester évasif et de ne lui donner que ce qu’elle savait déjà. Ce que sa mère lui avait raconté déjà. Les faits, les actes. C’était bien souvent ce qu’on savait des gens, ce qu’on nous donnait en pâture, sans aucun état d’âme. Les motivations, les comment et les pourquoi… Ca, personne n’en parlait jamais. Peut-être parce que cela impliquait un peu plus de sensibilité, de mise à nue. Dire qu’on est parti est surement moins difficile que d’évoquer les raisons de ce départ. Il s’agissait d’une véritable mise à nue dans la question de la gamine et elle se contenta de prendre ce que voulait bien lui donner son oncle. Certaine à présent qu’il ne comptait pas en dire plus et que ce n’était pas le bon moment. Peut-être qu’ils en discuteraient plus tard. Autour d’une table en construction. Ou encore d’un verre sur cette future table construite. Elle chercha quelques instants ce qu’elle aurait pu dire pour répondre, sans l’inviter à en dire plus, sans le brusquer, sans le mettre en colère, et tout ce qui lui vint lui sembla soit superflu, soit inapproprié. Elle pensa lui expliquer qu’elle ne croyait pas en cela, qu’un être humain n’existe pas qu’à travers une famille et un job. Mais elle risquait de le blesser à en croire les ambitions qu’il nourrissait autrefois et ce qu’il venait de lui exposer. Il l’aurait certainement mal pris, là où tout ce qu’elle aurait eu à dire était qu’elle espérait encore exister simplement pour elle, en elle, et non à travers une identité, un prénom, un emploi ou une famille.
L’oncle Fitz avait surement eu sa dose de confession et Nikita ne prendrait le risque de lui en demander plus encore. Elle baissa les yeux sur ce matelas ayant accueilli ses fesses et ses doigts vinrent jouer sur la petite couverture, distraitement. Elle finit par se remuer légèrement pour s’allonger et fixa le plafond, écoutant toujours cette petite radio défonçant les murs du silence.

« C’est cool que tu sois là. T’en repars pas avant d’avoir un peu décuvé dis ? » Fit-elle, tournant un court instant la tête vers lui. « Ca va ta tête ? Ca ne résonne pas trop ? Il te faut plus de glace ? J’en ai plein dans le congel mais faut que je la casse. » Ajouta la gamine soudainement prise d’une logorrhée. Le silence avec son oncle n’était pas chose supportable de toute évidence. Comme beaucoup de silence pour la gamine. « J’ai pas d’appareil à croque-monsieurs aussi. Alors que j’adore ca. Et ça commence à faire chier d’aller à la brasserie du coin pour bouffer un pauvre croque-monsieur quoi… Tu sais où je peux en trouver un pas cher ? C’est vite fait les croque-monsieurs et tu manges pour pas cher avec ça. Tu sais ? Genre là j’aurais pu te faire un croque-monsieur, hop du pain de mie, un peu de beurre, du fromage, du jambon, t’en as quoi ? Pour 4 balles les 20 croque-monsieurs. Et ça cuit vite, ça demande pas de talent en plus. » Les jambes pliées et croisées, genoux en direction du plafond, elle jouait à les balancer de manière enfantine tout en rêvant d’un repas qu’elle n’avait pas à offrir. La cuisine n'était pas son fort, comme beaucoup de choses. La gamine au zéro talent avait bien conscience de ne pas être l'hôtesse la plus accueillante du monde. Et un croque-monsieur l'aurait peut-être sauvée d'un accueil catastrophique. Elle n'avait jamais entendu quelqu'un dire qu'il n'aimait pas les croque-monsieurs. Surement pas ce que ce n'était rien d'autre que du pain, du fromage et du jambon, à peine un sandwich parisien amélioré. Juste chauffé. Il n'y avait que les religions pour ne pas aimer le jambon. Elle sourit à cette pensée saugrenue et se pinça les lèvres pour s'empêcher de déblatérer encore. Son oncle n'avait pas pu en placer une depuis un moment. Et quand bien même il n'avait pas eu l'air de vouloir s'épancher, elle ne voulait pas paraitre irrespectueuse en plus d'être une hôte pitoyable. Elle se tut alors. En espérant obtenir réponse sur ce sujet bien plus léger qu'elle venait de lancer. Un jour ils mangeraient des croque-monsieurs sur la table qu'ils auront construit ensemble. Un jour.
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